La Botte Gardiane, une entreprise française familiale au savoir-faire exceptionnel depuis 1958

La Botte Gardiane

 

Note : nous avons demandé à la Botte Gardiane de nous envoyer les chaussures que vous allez découvrir dans cet article.

Le 28 mars 2019 National Geographic consacrait un article sur la Camargue, cette région française réputée pour sa faune et flore sauvage et ses étendues d’eau infinies formant des marais aux mille et une couleurs. On y découvre la région des chevaux et gardians, ces protecteurs de manades de taureaux libres aux allures de cow-boy. Dans ce climat rude et aux terres incultes, le gardian se doit d’être vêtu adéquatement.  A l’inverse de leurs homologues américains, une charte sur la tenue vestimentaire des gardians a été dressé le 20 avril 2008 par la Nacioun Gardiano, une association fondée en 1904 ayant pour but de “maintenir et de glorifier le costume, les us et les traditions du pays d’Arles, de la Camargue et des pays taurins”. On y apprend que la “diversité des couleurs est à rechercher (...) les chemises à manches longues et des couleurs vives recommandées” et que le “col de chemise (est) fermé”. Quant aux chaussures, elles doivent être “montantes (avec ou sans lacets) ou bottes de cuir (toute autre chaussure est à proscrire y compris les santiags et bottes pointues américaines ou mexicaines”. Voilà qui est clair ! 

C’est dans cette veine que la marque camarguaise La Botte Gardiane fabrique depuis 1958, la botte authentique des gardians. Nous souhaitons par ce biais mettre en valeur une paire qui nous tient à cœur, une “botte gardiane” différente et classique à la fois.

Gardian surveillant son troupeau « à bâton planté » vers 1910.

Phot. Naudot, Carle, coll. Musée de la Camargue, PNR de Camargue. Num. David Huguenin (8301795). © Musée de la Camargue, PNR de Camargue.

La Botte Gardiane où le phénix renaissant de ses cendres

1958 marque la création de l’entreprise dans l’arrière-pays gardois qui se spécialise dans la fabrication des chaussures et articles en cuir. La société s'épanouit et se développe considérablement pendant plus de deux décennies mais dépose le bilan en 1995, date à laquelle l'actuel propriétaire, Michel Agulhon, la reprend et la redynamise. 

Sous l’impulsion des enfants du repreneur - Antoine, Julien et Fanny - l’entreprise s’exporte aux Etat-Unis et même au Japon, un des marchés les plus porteurs. En 2007, puis à nouveau en 2019, La Botte Gardiane obtient le prestigieux label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), marque de reconnaissance de l’Etat distinguant les entreprises aux savoir-faire industriels et artisanaux d’excellence. Un véritable gage de  qualité. L’entreprise est même une des premières à obtenir cette distinction en Occitanie. Ce label est décerné pour cinq années et peut être renouvelé, à condition que l’entreprise continue de mettre en œuvre son savoir-faire industriel et artisanal d’excellence.

Pour ses 60 ans, en 2018, l’entreprise se dote d’un nouvel atelier de confection selon la norme “RT2012” visant à limiter les consommations d’énergie. Une décision avant-gardiste et nécessaire lorsque l’on sait l’urgence à ce sujet.

La Botte Gardiane exporte environ 25% de sa production à l’international, le public Japonais étant particulièrement friand de ce savoir-faire français et l’esthétique de ces bottes si particulières. La maison confectionne 12 000 paires chaque année, chacune nécessitant au minimum 60 opérations par paire. Avec les années, la maison a étoffé son offre et diversifié les modèles proposés. Il est même possible de personnaliser une commande et de réaliser une paire sur-mesure ! 

Chez La Botte Gardiane, vous pourrez choisir votre cuir. En voici une sélection non exhaustive entre le veau velours, l’hydrocalf, le suportlo, le cuir de mouton ou encore du tannage végétal.

Dans la continuité d’une fabrication plus juste et éthique, La Botte Gardiane réutilise ses chutes de cuir pour confectionner les lanières des boîtes à chaussures dans lesquelles leurs créations sont proposées. Autre point important, la maison camarguaise propose un service de soin et de réparation pour redonner une seconde vie à ses chaussures. Une paire bien construite qui dure - presque - une vie, voilà l’objectif de La Botte Gardiane.

Le modèle “Boots”: l’autre botte gardiane

Pour cet article, nous avions souhaité mettre en avant une paire de bottines montantes en cuir noir, classiques et faciles à porter. Si nous affectionnons particulièrement le modèle emblématique de la maison - qui jouit d’une notoriété internationale - nous voulions montrer que l’entreprise camarguaise pouvait aussi produire des souliers plus classiques.

Comme vous vous en doutez, La Botte Gardiane n’a pas inventé ce modèle précis, tellement est-il décliné dans l’art bottier. En revanche, l’entreprise peut se vanter de le produire à la main dans leur atelier du Sud de la France, sans intervention de sous-traitants aucune. 

Gage de qualité, le cuir pleine fleur utilisé est souple et résistant à l’eau issu de la tannerie française Degermann, située en Alsace. La tannerie vous est sans doute familière car c’est aussi auprès d’elle que se fournit Paraboot, dont nous avions visité l’usine en mai dernier.

Pourquoi choisir ce modèle de boots en particulier chez La Botte Gardiane plutôt qu’ailleurs ? Plusieurs raisons à cela. 

Tout d’abord d’un point de vue esthétique. Vous connaissez sans doute notre amour pour les chaussures à bout rond - relisez nos reviews de Tricker’s, Crown Northampton ou encore Solovair si ce n’est pas le cas - alors face à ce modèle de La Botte Gardiane, comment pouvions-nous rester insensible ? La cambrure du plateau de la bottine est douce et pas trop prononcée, ce qui lui confère un rendu solide et épuré à la fois. Nous adorons l’élastique sur les côtés ainsi que la languette cachée, à l’arrière de la paire, sur laquelle tirer pour enfiler les bottines plus facilement. La Botte Gardiane est fière de son savoir-faire et héritage, à juste titre, l’emblème de la marque est apposé discrètement sur le talon de la bottine, en ton sur ton. Nous sommes partisan de design plus épuré sur les souliers de manière générale, mais nous devons concéder que l’emblème de la marque a du cachet.

Le gardian camarguais sur son cheval cabré tenant son ficheiroun, cette longue gaule en bois se terminant par des petits tridents à pointes courtes lui servant à se faire obéir du troupeau. La Botte Gardiane en a fait son emblème.

Le gardian camarguais sur son cheval cabré tenant son ficheiroun, cette longue gaule en bois se terminant par des petits tridents à pointes courtes lui servant à se faire obéir du troupeau. La Botte Gardiane en a fait son emblème.

Ensuite la confection, produites dans un cuir de veau gras pleine fleur nommé Suportlo - littéralement “qui supporte l’eau” - ces bottes sont vos meilleurs amis par temps humide. L’épaisseur du cuir utilisé chez La Botte Gardiane est souvent plus importante que la moyenne des autres bottiers - entre 2,4 et 2,6 mm - ayant pour conséquence une forte résistance à l’épreuve du temps qui pose sa patine naturelle sur la paire. La semelle en caoutchouc crantée extrêmement légère confère à ce modèle une allure de chaussure tout-terrain palliant toutefois au risque de paraître massive visuellement. Quant au montage, il est soudé. Bien que plus fragile, ce dernier offre beaucoup plus de légèreté et de souplesse, d’ailleurs, le confort est immédiat ! 

Pour finir, le confort justement. La maison camarguaise a réussi le pari fou de rendre les bottines confortables dès le premier port ! Voilà plusieurs mois que nous les portons, aucune ampoule ou mal de pieds à signaler. Précisons que nous avons opté pour notre taille habituelle car le chaussant est normal. Bien qu’une boutique en ligne soit disponible, il est toujours préférable d’essayer directement en magasin le modèle souhaité. Si vous n’avez pas une boutique La Botte Gardiane dans votre ville, il y a de grande chance qu’elle soit distribuée dans un des nombreux magasins partenaires de la marque


Comment porter ces boots camarguaises ?

Le gros atout des bottines, c’est qu’elles se portent avec tout. Nous aimons les pantalons cinq poches blanc, ici nous portons le jeans de notre ami Arthur, chez SuperStitch. Une chemise western sawtooth en jeans de Via Piana et un t-shirt blanc Uniqlo U. En toute simplicité.


La botte finale

En poussant la porte de la boutique parisienne de la Rue du Bourg-Tibourg - la seconde se trouve rue de Charonne - nous avions tout de suite compris où nous mettions les pieds. Fanny Agulhon, fille de Michel, nous accueillait dans cet écrin où la chaussure est reine. Les modèles sont exposés avec goût sur les étagères, le mobilier est sobre, la boutique respire le confort et la familiarité sans basculer dans l’intime.

Nous aimons les marques qui proposent des produits bien manufacturés, qui plus est en France. Pour 320 €, vous pouvez avoir ces bottes à vos pieds. Des bottes camarguaises qui se portent facilement, en toute décontraction, par beau temps ou par pluie. Elles sont à l’épreuve de tout terrain, après tout, ces bottes sont faites pour marcher.