Saphir - Visite de l’entreprise qui produit les meilleurs cirages au monde

Spahir

Le champion du cirage Made in France

Saphir, l’héritage du cuir français

L’histoire du cirage est indissociable de celle du cuir. Dès le Moyen Âge, les artisans tanneurs et cordonniers préparent des mélanges à base de cire pour nourrir, protéger et faire briller les chaussures. Les saints Crépin et Crépinien, patrons des cordonniers, symbolisent ce lien ancien entre le travail de la main et la matière.

Au XVIIIᵉ siècle, les premières recettes de cirage apparaissent : suif, huile, noir de fumée et térébenthine. Ces mélanges, encore instables et odorants, deviennent plus raffinés au siècle suivant. Les progrès chimiques permettent d’obtenir des pâtes plus homogènes, tandis que les guerres accélèrent leur diffusion : les armées entretiennent leurs bottes, les industriels perfectionnent la formule. En France, Alexis Godillot équipe les soldats de Napoléon et son nom deviendra synonyme de chaussure solide — les fameux « godillots ».

Avec l’industrialisation, la fabrication du cirage prend une autre dimension. L’apparition de la boîte en fer-blanc à la fin du XIXᵉ siècle change tout : plus pratique, plus résistante et mieux conservée que les pots en verre, elle permet la production à grande échelle. En 1889, près de trente millions de kilos de cirage sont fabriqués en Europe, dont les deux tiers en France. De Faverges à Lyon, des ateliers comme Jacquand ou Berthoud expédient leurs boîtes dans le monde entier.

C’est dans ce contexte que naît Saphir, en 1920. Fondée par la famille Desstagnol, la marque s’impose rapidement comme la référence du soin du cuir. Récompensée à l’Exposition universelle de Paris en 1925, elle exporte jusqu’à New York dès les années 1950. Sa célèbre Pâte de Luxe se distingue par sa composition à base de cire d’abeille et d’essence de térébenthine, qui nourrit le cuir sans l’étouffer et lui donne une brillance profonde.

Dans les années 1970, Saphir est reprise par Avel, fondée peu avant par Alexandre Moura. L’entreprise familiale, installée à Magnac-Lavalette, redonne vie à la marque et perpétue une fabrication 100 % française. Aujourd’hui dirigée par Marc Moura, la société produit l’ensemble des gammes Saphir — dont la prestigieuse Médaille d’Or, plébiscitée par les bottiers, les cordonniers et les amateurs de beaux souliers.

 
 

Les produits Saphir Médaille d’Or conviennent particulièrement bien aux cuirs peu couverts, c’est-à-dire ceux dont la finition laisse encore respirer la fleur (aniline, semi-aniline, box-calf, veau pleine fleur…). Ces cuirs absorbent mieux les cires et les huiles naturelles, et bénéficient pleinement de la richesse des formules.

La gamme Saphir Beauté du Cuir propose quant à elle une palette de couleurs beaucoup plus large et une offre de produits plus étendue, notamment pour l’entretien de la maroquinerie.

 

1925 - Saphir reçoit la Médaille d’Or (à gauche)

 

À Magnac-Lavalette, dans les ateliers Saphir

J’ai eu la chance de visiter l’usine Avel, où la plupart des recettes historiques sont encore utilisées pour la préparation des formules.

La visite commence par le showroom, espace calme où sont présentées les différentes marques du groupe. On y mesure l’étendue de leurs collaborations : plusieurs produits d’entretien ont été développés pour des maisons comme J.M. Weston, Crockett & Jones, Cheaney, Le Soulor ou Longchamp. Chaque marque dispose de ses teintes ou finitions propres, conçues dans le laboratoire voisin.

Sur les étagères, entre les pots de cirage et les présentoirs de brosses, j’ai aussi remarqué plusieurs paires d’embauchoirs en bois clair. Ils proviennent de Perfecta, l’entreprise du groupe Avel installée près de Limoges, spécialisée dans la fabrication d’embauchoirs et de formes en hêtre ou en cèdre. Leur présence rappelle que le soin du cuir ne s’arrête pas aux produits d’entretien : il prolonge jusqu’à la conservation de la forme du soulier.

L’entrepôt

Juste à côté du showroom, l’entrepôt abrite les produits finis prêts à être expédiés. Des palettes de boîtes de cirage, de crèmes, de lotions et d’aérosols y sont rangées par gammes et par couleurs. L’espace, récent et lumineux, répond aux normes de sécurité les plus strictes, nécessaires à une activité qui utilise des solvants et des gaz propulseurs. L’organisation est rigoureuse : chaque lot est identifié, contrôlé, puis préparé pour les commandes des boutiques et des distributeurs en France comme à l’international.

L’atelier de production (LA CUISINE)

Un autre bâtiment, à quelques mètres de l’entrepôt, concentre l’activité la plus vivante de la visite. C’est là que les cires, les pigments et les solvants sont assemblés pour donner naissance aux crèmes et pâtes Saphir. L’atmosphère y est dense, rythmée par les mouvements des cuves et le bruit sourd des mélangeurs. Les odeurs sont caractéristiques : à la fois agréables par leur côté résineux et cireux, mais parfois fortes, rappelant que l’on travaille ici des matières volatiles.

J’ai pu observer la préparation de la Crème de cirage Saphir Médaille d’Or 1925. Les cires d’abeille, de carnauba et de montan y sont fondues puis mélangées à des solvants et des pigments colorants. La formule ne contient pas d’eau ; elle reste dense et stable, pensée pour nourrir le cuir tout en assurant une brillance durable.

C’est sans doute la partie la plus fascinante de la visite : on y voit la matière devenir produit.

Ci-dessus, de la cire d’abeille à gauche (la plus claire possible pour les cirages incolores) et de la cire de carnauba à droite. Cette dernière est souvent associée à la cire de montan : c’est elle qui favorise la brillance et rend possible le glaçage des chaussures.

 

Le laboratoire

Le laboratoire se trouve également à l’étage du bâtiment principal. Le lieu, calme et lumineux, contraste avec l’agitation de l’atelier.

C’est ici que les formules sont mises au point et ajustées. Les techniciens y testent la texture, la brillance et la tenue des produits, en fonction des cuirs et des pigments. On y travaille à la fois sur la reproduction des recettes historiques et sur des développements plus récents, comme des formules sans PFAS, conçues pour offrir des performances comparables aux compositions traditionnelles.

C’est aussi dans ce même espace que sont définies les teintes sur mesure destinées aux clients : certaines exigent une nuance de marron ou de bordeaux très précise, adaptée à un modèle particulier.

Chaque nouveau lot de production est prélevé et conservé sur place, afin de pouvoir être analysé en cas de contrôle ou de réclamation.

Dernière étape : la mise en pot. Les mélanges de cires et de pigments, chauffés et homogénéisés dans de grandes cuves, sont versés encore chauds dans les pots de verre destinés à la gamme Médaille d’Or.

Vient ensuite une phase de refroidissement contrôlé, qui permet à la cire de se figer lentement et d’obtenir la texture finale. Une fois refroidie, chaque boîte est fermée, étiquetée et triée avant d’être acheminée vers l’entrepôt.

Cette phase est peut-être la plus visuelle durant la visite : on suit l’évolution de la matière, de liquide chaud à solide stable, puis vers le produit fini.

Quelques mots pour finir. On oublie souvent que le leader mondial des produits d’entretien pour chaussures haut de gamme se trouve en France. Les plus grandes maisons de chaussures et de maroquinerie utilisent ces produits, élaborés ici, à seulement quelques heures de Paris. Un siècle après sa création, Saphir continue de faire briller les souliers comme un morceau de patrimoine.

Ce fut un plaisir de visiter cette entreprise et de pouvoir en raconter les coulisses.

WAR DENIM - Les jeans pendant la seconde guerre mondiale

En passant chez Junku l’autre jour, je suis tombé sur le livre WAR DENIM 神格化された「大戦モデル」を解読する. Le titre m’a tout de suite fait penser au dernier jean d’Arthur, de Superstitch, dont on parlait dans notre précédent article.

 
 

Le livre, signé Mitsuhiro Aota, s’intéresse aux “modèles de guerre” produits pendant la Seconde Guerre mondiale — ces jeans et vêtements de travail simplifiés à cause du rationnement. Rivets supprimés, poches redessinées, coutures réduites : tout est pensé pour économiser la matière. Ce qui, ironiquement, a donné naissance à des pièces devenues aujourd’hui mythiques.

Aota replace ces modèles dans leur contexte industriel et politique. Il s’appuie sur des archives et des documents d’époque pour montrer comment une contrainte logistique a fini par définir une esthétique. Même sans lire le japonais, le livre se feuillette facilement : les photos sont nombreuses et détaillées, montrant tissus, étiquettes et coutures avec un niveau de précision rare.

Dommage tout de même qu’il n’existe pas encore de version anglaise (ou française) — le contenu mériterait d’être lu au-delà du Japon.

 
 

À ce jour, aucun média denim anglophone n’en a parlé en détail (on a longuement cherché) — seuls quelques membres du forum Superfuture partagent des extraits traduits et souligne la qualité du contenu.

Pour ceux qui aiment fouiller dans les origines du workwear, WAR DENIM est un très bel objet, à la fois visuel et documenté. Une référence utile pour mieux comprendre ce que Superstitch, ou d’autres marques japonaises, cherchent à réinterpréter aujourd’hui.

Le livre WAR DENIM est disponible sur Amazon Disponible ici.

Why Bespoke Savile Row Suits Are So Expensive

Après avoir évoqué dans un précédent article le documentaire de la BBC consacré à Savile Row ici, on revient aujourd’hui sur la célèbre rue londonienne à travers un format plus récent : Why Bespoke Savile Row Suits Are So Expensive, produit par Insider Business dans sa série So Expensive.

Le court reportage suit Kathryn Sargent, première femme maître-tailleur de Savile Row, dans son atelier éponyme. En une douzaine de minutes (oui la vidéo est courte), il détaille la fabrication complète d’un costume deux pièces sur mesure — de la première consultation au repassage final.

Bespoke Shoes in Europe & Japan – le regard de Daisuke Yamashita sur la cordonnerie contemporaine

J’étais déjà tombé sur le compte Instagram de Daisuke Yamashita lors de mes recherches pour un article consacré à l’une des tricoteuses britanniques les plus reconnues, Máirín Thomáis Uí Dhomhnaill (voir l’article ici). Il l’avait rencontrée en Irlande et l’avait filmée quelques secondes en train de travailler. Une belle illustration de l’attention qu’il porte aux savoir-faire exceptionnels et à celles et ceux qui les perpétuent.

Un observateur des ateliers

Daisuke Yamashita est l’un des rares à avoir visité autant d’ateliers de cordonnerie et de bottiers, en Europe comme au Japon.

Journaliste et photographe, il documente depuis plusieurs années ces métiers à travers ses voyages et son blog, suivi par un public restreint mais passionné d’artisanat et de chaussures sur mesure.

Je n’ai pas encore lu son nouveau livre numérique, Bespoke Shoes in Europe & Japan – Study Report, mais son approche et les retours qu’il suscite donnent envie de s’y plonger. Publié en anglais, il est disponible sur Amazon au format e-book pour environ 9 €.

L’auteur y propose une lecture accessible, dans un anglais simple (qu’il décrit lui-même comme approximatif), accompagnée de nombreuses photographies prises au fil de ses visites.

Un tour d’horizon des écoles et des gestes

Le livre présente d’abord les principales écoles européennes de cordonnerie – britanniques, françaises, italiennes ou allemandes – et leurs approches respectives du soulier sur mesure. Yamashita décrit ensuite les étapes de fabrication : le dessin des formes, les types de coutures, les montages, ou encore les choix de matériaux. L’ensemble est ponctué d’essais et de notes plus personnelles sur les artisans rencontrés.

Les images, prises sans mise en scène et probablement avec son téléphone, montrent les gestes au travail : formes en bois, coutures Goodyear, ateliers aux outils patinés. Loin d’un livre de luxe, Bespoke Shoes in Europe & Japan ressemble davantage à un carnet de terrain, précis et sincère, où l’auteur cherche à comprendre plutôt qu’à célébrer.

Un pont entre deux traditions

Yamashita poursuit ici ce qu’il a entrepris depuis plus d’une décennie : relier les savoir-faire européens et japonais, et témoigner de leur vitalité. Ce rapport d’étude, modeste dans sa forme, prolonge ce travail d’observation, avec un regard attentif sur la diversité des pratiques et ce qu’elles s’apportent les unes aux autres.

Bespoke Shoes in Europe & Japan – Study Report est disponible sur Amazon Kindle.

Une lecture à découvrir pour ceux qui s’intéressent à la fabrication du soulier et aux gestes qui la façonnent.


Goral x Garmsville Deck Shoe

Note : À notre demande, Goral ont accepté de nous envoyer la paire que vous allez découvrir dans cet article

GORAL x GARMSVILLE

L’essai d’une Deck Shoe renforcée

Comme beaucoup de monde ces dernières années, on adore les baskets en toile que l’on appelle les Deck Shoes. Leur forme, leur légèreté, cette manière de se glisser dans presque toutes les tenues sans effort. Officine Générale les utilise d’ailleurs souvent dans ses lookbooks — des modèles signés Asahi — tant leur ligne incarne une idée simple et juste de la basket en toile.

On aime cette esthétique, mais leur toile fine en coton et leur construction par vulcanisation montre vite ses limites. Ces paires ne survivent que rarement au-delà de trois étés, et deviennent vite inutilisables dès que la météo se dégrade. Sous la pluie, dans le froid, ou pire, quand il neige, elles sont inadaptées.

C’est là que les Goral x Garmsville peuvent être intéressantes.

Nées d’une collaboration entre le chausseur anglais Goral et Jason Jules (Garmsville), elles reprennent cette silhouette basse et discrète, mais avec une conception pensée pour durer bien plus longtemps.

 
 

Une fabrication anglaise soignée

Chaque paire est fabriquée à Sheffield, dans l’atelier Goral, selon un processus entièrement réalisé sur place : découpe, couture, montage et finitions.
Le modèle est conçu sur commande, et passe par plus de 100 étapes avant d’être expédié.

La Garmsville se distingue par sa construction Blake Stitch, une méthode où la semelle est cousue directement à la tige. L’avantage : solidité, souplesse et possibilité de ressemelage. Goral propose d’ailleurs un service Rebuild+ pour restaurer les paires usées — un point rare sur une sneaker.

Plutôt qu’une toile classique, la Garmsville utilise un waxed canvas de chez Halley Stevensons, fabricant écossais connu pour ses cotons cirés. Ce tissu résiste mieux à l’eau, se patine joliment, et conserve une bonne tenue dans le temps.

La toile présente par ailleurs un joli petit motif chevron, discret mais visible de près, qui renforce l’impression de qualité et donne un peu de relief à la surface.

 
 

Autre détail marquant : la bande latérale, souvent en caoutchouc sur ce type de chaussures, est ici en cuir végétal. Elle prendra une patine naturelle, ce qui donne à la paire une allure plus subtile, plus vivante qu’une sneaker standard.

La silhouette repose sur le last G1, un patron légèrement arrondi à l’avant, avec un profil bas et un équilibre entre sport et habillé. C’est une forme simple, bien proportionnée, sans effet de mode.

 
 

Premières impressions

C’est une paire qu’on teste actuellement. La première impression est bonne : confort immédiat, belle tenue du pied, finitions très propres.

Mathieu porte ici un 8,5 UK en Fit Regular, elles lui vont parfaitement. Habituellement il porte du 9 UK donc on dirait qu’elles taillent un peu grand — disons une demi-pointure en plus.

À noter qu’on peut la porter sans lacets — la forme le permet — mais on préfère, de notre côté, la version classique avec lacets, plus ajustée et mieux équilibrée visuellement.

Reste à voir comment la toile cirée évolue avec le temps, si la couture Blake tient bien après plusieurs mois, et si la promesse de durabilité se confirme dans la pratique. Mais on ne se fait pas trop de soucis.

En attendant

Les Goral Garmsville sont proposées autour de £245, faites à la commande et livrées depuis l’Angleterre. Ce n’est pas une paire d’été à user vite, mais plutôt une basket qu’on garde et qu’on entretient.

Pour ceux qui aiment la ligne des Doek mais cherchent quelque chose de plus solide, c’est une piste sérieuse. Le style reste sobre, l’esprit fidèle, mais la construction change tout.


 

Sélection de la semaine

UNIQLO U

Contrairement à ce que j’affirmais dans ce précédent article Les Indispensables Paris, Uniqlo U propose bien cette saison des t-shirts à manches longues 100 % coton.
Tout comme ceux de Allevol, ils présentent une triple piqûre au niveau du col pour plus de solidité. Ils sont disponibles ici.

Prix : 29,90€ ici

MERCHANT FOX

J’avais déjà évoqué la marque Le Tricoteur dans cet article, connue pour ses pulls Guernesey.
Ce Guernsey Woollens × Fox roll neck s’inscrit dans la même tradition, avec une laine 100 % britannique très rustique.

Fabriqué directement sur l’île de Guernesey, il reprend les codes des pulls Guernsey : les deux colonnes en point mousse et le point 2x2 au niveau des emmanchures qui évoque une corde. On aime beaucoup le col roulé à la place du classique col bateau.

Prix : £185 ici


CABAN TACS

Connu avant tout pour ses tissus en laine Casentino, évoqués dans cet article, TACS est sans doute moins connu pour proposer directement des vêtements réalisés dans cette matière.
Une pièce nous plaît beaucoup : ce caban disponible dans la plupart des coloris.

Prix : 230€ ici

CHARLES PLUME

Voilà ce qui semble une bonne entrée dans le monde des vestes waxées : la Charles Plume Wax Cotton Executive Jacket, fabriquée en Angleterre. Elle est uniquement disponible en vert.

La veste est proposée au prix de £92 sur le site Bennevis Clothing. Avec sa coupe droite et ses poches fonctionnelles, elle reste simple et fonctionnelle.

Prix : £92 ici

SUPERSTITCH

Nouveau projet excitant proposé par Arthur, le fondateur de Superstitch qui pousse le concept encore plus loin. Le LR44 '40s WW2 Five Pocket Denim reproduit volontairement les imperfections des jeans militaires des années 1940 : coutures irrégulières, fils qui dépassent et rivets manquants, fidèles aux modèles d’époque. Il est confectionné en denim 13,2 oz, tissé sur un métier à navette Toyoda G3.

Prix : 380 € ici

Les chaussures que j’ai le plus porté ces 4 derniers mois

Si je devais ne retenir qu’une seule paire de chaussures que j’ai le plus portée ces derniers temps, ce seraient sans hésitation les Woodford Desert Boots de Crown Northampton.

En termes de forme, confort, résistance, style et polyvalence, c’est vraiment une paire que l’on recommande à 200 %. Clairement, elle mérite l’investissement : pour ceux qui se demandent, oui elle coûte deux fois le prix d’une paire de Clarks. Mais honnêtement, elle les vaut.

Elles sont disponibles ici.

L’autre jour, on est tombé par hasard sur des photos de cette même paire en cuir Chromexcel Horween marron sur le substrack Vacations On. Surprise : le cuir est beaucoup plus foncé que sur les photos du site Crown, et le rendu est vraiment séduisant.Avec l’hiver qui approche, cette version cuir semble parfaitement adaptée.

Le cuir suede de ma paire ci-dessus est superbe, très souple et agréable à porter, mais il est sans doute moins pratique pour la saison hivernale. Pour ceux qui veulent une paire durable et élégante, le cuir Chromexcel pourrait être un choix plus judicieux.

En résumé : si vous cherchez des desert boots qui combinent élégance, confort et robustesse, ne cherchez plus. Ces Woodford Desert Boots sont un vrai coup de cœur.

Elles sont disponibles ici.

Un t-shirt manches longues en coton qui coche toutes les cases

Note : À notre demande, Allevol ont accepté de nous envoyer le t-shirt que vous allez découvrir dans cet article

 
 

Il y a encore quelques temps, quand je cherchais un t-shirt à manches longues en coton, je regardais du côté de la collection Uniqlo U ou alors parmi les pièces vintage. Oui, mais voilà, les t-shirts U à manches longues en 100 % coton ont disparu, et la pêche aux t-shirts vintage reste souvent hasardeuse : tailles introuvables, pièces usées ou prix élevés.

Allevol propose une alternative qui comble ce vide en offrant un modèle à la fois simple mais qui coche toutes les cases.

Ce Heavy Duty Crew Neck d’Allevol s’adresse autant aux amateurs de vintage qu’aux autres. Pour les passionnés, il capture l’esprit des meilleurs t-shirts d’avant les années 70 — notamment la densité du coton — sans les contraintes de taille ou d’état. Et pour cause sa matière est tricotée sur une machine loopwheel, ces machines japonaises qui donne aux tissus une texture dense et souple, une caractéristique assez recherchée. Pour en savoir plus sur le fonctionnement des machines loopwheel, tu peux consulter cet article détaillé : Qu'est-ce qu'une machine loopwheel ?

Le coton utilisé est aussi de premier choix. Un coton brut américain filé au Japon - un 14 fil précise Allevol. La plupart des t-shirts utilisent des fibres moins nobles, des fils moins denses et surtout un tricotage sur des machines circulaires plus classiques. Pas des loopwheel, et le tissu a donc une main différente.

 
 

Ce t-shirt reprend aussi certains détails chers aux amateurs de vintage. On pense au single stitch à l’ourlet, caractéristique des t-shirts d’avant les années 80. Mais aussi à la triple couture au col, qui renforce l’encolure et lui permet de conserver sa tenue lavage après lavage. C’est un signe global de soin apporté à la confection, en général le reste ne déçoit pas.

Mais il faut le rappeler : dans un t-shirt, la matière et la coupe restent l’essentiel. C’est souvent la qualité du coton qui vieillit le plus mal, bien plus que le montage en lui-même.

En regardant attivement on distingue les 3 lignes de coutures - dont une juste au bord du col

Pour ceux qui ne cherchent pas forcément le charme du vintage, ce t-shirt reste une pièce solide et agréable à porter. La coupe est ni trop ajustée ni trop ample, et le coton choisi offre à la fois confort et bonne tenue au fil des lavages. On aime aussi beaucoup l’encolure du t-shirt qui est assez proche du cou, un détail subtil mais déterminant pour ceux comme nous n’aiment pas les cols trop lâches ou les coupes bateau trop échancrées.

La couleur grise de ce modèle s’inscrit dans les classiques de la garde-robe, facile à porter et à associer, et ajoute à la polyvalence de ce t-shirt.

Mathieu le porte ici avec un pantalon cargo militaire vintage de type P43. Il complète son ensemble avec un sac Niwaki en toile épaisse, déjà présenté ici, et aux pieds des baskets en toile Goral x Garmsville, (découvrir les modèles ici).

Pour ceux qui souhaitent le découvrir ou l’acheter, le t-shirt est disponible ici.

 
 

Unmarked - Bottes zippées

Note : À notre demande, Unmarked ont accepté de nous envoyer les chaussures que vous allez découvrir dans cet article.

Unmarked est une marque de chaussures mexicaine, fondée en 2011 par le designer Hugo Fonce.

Elle est basée à León au Mexique, dans l’état de Guanajuato qui a une longue tradition dans le cuir et la fabrication de chaussures. León est souvent appelé la capitale de la chaussure au Mexique.

La marque possède d’ailleurs son propre atelier. Une trentaine de personnes y travaille. Hugo Fonce explique d’ailleurs dans une interview pour Stitchdown que cette usine avait été créée parce que personne d’autre ne voulait produire leurs modèles les plus compliqués, la fabrication demandant beaucoup plus de temps que la norme.

Globalement, les avis publiés sur la toile qu’on a pu lire convergent souvent pour dire qu’Unmarked propose un rapport qualité prix convaincant. Les matériaux utilisés, la qualité du montage et le soin apporté au design placent la marque dans une position intéressante, surtout face à des acteurs haut de gamme beaucoup plus chers (Viberg pour ne pas les citer).

Plusieurs observateurs insistent également sur l’équilibre esthétique : les boots reprennent les codes héritage, qu’il s’agisse du workwear, des modèles militaires ou même de certaines influences western, mais sans en faire trop. L’approche reste sobre, avec des coutures solides et des semelles choisies pour leur efficacité.

 
 

La Zip Boot Dark Sand ci-dessus incarne cette approche. Le choix d’un cuir suédé issu des tanneries de CF Steak (UK) garantie un cuir robuste et souple. Même exigence pour les semelles mondialement connues de chez Itshide (UK).

Par rapport à une chelsea boot classique, le zip latéral apporte une touche plus contemporaine, presque rock.

Elle conserve en outre l’atout d’une construction ressemelable, pensée pour durer au-delà de l’usure de la semelle, ce qui replace l’achat dans une logique durable. Cette boot illustre bien la philosophie d’Unmarked : produire en petite série des chaussures fonctionnelles et solides.

 
 

Concernant le chaussant, on trouve que les bottes taillent normalement, mais les pieds plus larges peuvent ressentir une certaine rigidité au départ, le cuir s’assouplissant néanmoins après quelques ports.

Concernants les défauts, certains utilisateurs sur Reddit relèvent de petites imperfections esthétiques, comme des coutures parfois légèrement décalées ou des variations dans le collage et la teinte du cuir. De notre côté nous n’avons rien remarqué de particulier. Il faut aussi rappeler que la production est réalisée dans un petit atelier de moins de quinze personnes, où chaque paire est handcrafted. Cette dimension artisanale peut expliquer l’apparition de légères irrégularités, qui restent mineures et inhérentes à ce type de fabrication.

Un autre aspect à garder en tête est la disponibilité. La Zip Boot Dark Sand est proposée en précommande, ce qui implique un délai de plusieurs semaines entre l’achat et la réception, le temps que la paire soit fabriquée dans l’atelier d’Unmarked.

Pour ceux qui préfèrent éviter l’attente, il reste la possibilité de passer par certains revendeurs spécialisés. À Paris, les boutiques Royal Cheese et Jinji Store proposent une sélection de modèles de la marque, ce qui permet de découvrir les boots en personne, d’essayer sa taille et de repartir directement avec la paire.

 

Faire des chemises Made in USA, mission (presque) impossible ?

« Ce n'est pas forcément une belle histoire, mais elle mérite d'être racontée. Je ne veux surtout pas que cela ressemble à une tragédie. Ce n'en est pas une. C'est un processus évolutif. »

C’est par ces mots que s’ouvre le récit sur l’entreprise de fabrication de chemise américaine New England Shirt Company publié par Someone Else. Et dès les premières lignes, on comprend que produire des vêtements aux États-Unis relève moins de la success story que d’une lutte quotidienne.

Produire localement, c’est chérir le savoir-faire… mais aussi supporter des coûts élevés, une stabilité fragile — surtout quand on dépend de gros clients — et une complexité logistique immense.

Comme le souligne Bob Kidder, propriétaire de la marque :

« Tout le monde aime l’idée du Made in USA, mais peu de gens comprennent ce que cela implique vraiment. »

C’est toute la tension de cette histoire : vouloir offrir de l’authenticité, tout en maintenant la viabilité économique.


Cet article très complet est à lire ici. On recommande vivement.

Berliner Trip

Je savais d’entrée de jeu que Berlin n’était pas la Mecque du menswear. Avant le départ, j’avais pris le temps de regarder quelles étaient les adresses les plus connues, celles qui reviennent souvent dans les recommandations — notamment sur le site Permanent Style.

Mon voyage a pourtant commencé d’une manière agréable : dès la première gare allemande, je suis tombé sur la revue The Heritage Post. Un magazine consacré au style heritage, rarement disponible en France. Mais j’ai été surpris de voir que le magazine ne parle pas uniquement de denim et de vestes en cuir, mais aussi de voyages, de beauté…en d’autres mots, du lifestyle. Moins pointu que je ne l’imaginais.

 
 

Les friperies sont sans doute les magasins de vêtements les plus courants à Berlin, c’est donc par là que j’ai commencé mes visites. La plus connue est Humana. Des boutiques de toutes les tailles sont disséminées un peu partout dans la ville, bien rangées, mais les prix m’ont paru assez élevés pour de la seconde main. L’offre, en dehors de quelques exceptions, n’est pas forcément passionnante.

On peut toutefois y faire de vraies découvertes, notamment si on recherche des vêtements traditionnels allemands. J’y ai croisé par exemple un lederhose. Avec un peu de chance, il est aussi possible de tomber sur des articles bien connus des aficionados du vintage comme ce cardigan Cowichan de Canadian Sweater.

Outre les friperies, trois adresses m’ont particulièrement marqué à Berlin : Burg & Schild, 14 oz. et Fein und Ripp. En effet, ces magasins, très orientés heritage, reflètent bien l’esprit et le style de la ville.

Il existe bien sûr aussi une offre plus classique et élégante. Par exemple, Campe & Ohff propose de belles chemises sur mesure, fabriquées en Allemagne. Je pense aussi à Maximilian Mogg pour les costumes. Mais ces deux boutiques sont assez éloignées du centre-ville, ou tout du moins tel que je le défini, à savoir les environs de la porte de Brandebourg.

Burg & Schild

Située rue Rosa-Luxemburg à Berlin-Mitte, Burg & Schild est un lieu incontrounable pour les passionnés de denim et de style heritage. La boutique propose une bonne sélection de marques japonaises et américaines : Iron Heart, The Real McCoy’s, Warehouse, Momotaro, Indigofera, Edwin, Buzz Rickson’s, Gitman Bros., Resolute, Orslow, Alden…et même Anatomica. On y trouve aussi des références plus classiques comme Levi’s Vintage, Baracuta ou Pendleton.L’ambiance du magasin, alliant bois brut et acier, crée une atmosphère qui reflète l’esprit des marques qu’il abrite.

Ce qui distingue également Burg & Schild, c’est aussi sa petite sélection de magazines spécialisés. On y trouve des publications comme The Heritage Post (sans surprise) mais aussi AVANT Magazine et quelques magazines japonais classiques.

14 oz.

À quelques rues de là, on trouve 14 oz., en réalité deux boutiques : l’une rue Rochstraße, l’autre rue Münzstraße. La sélection se veut plus urbaine et élégante. On y croise des marques comme Resolute, Orslow, Ten C, Alden, Tricker’s, Merz b. Schwanen ou encore Gitman Bros..
C’est un bon complément à Burg & Schild, avec une vision moins workwear et plus contemporaine.

La boutique propose également une très bonne sélection de chaussures, avec notamment plusieurs modèles d’Alden. Pour qui cherche une paire, c’est vraiment une adresse à ne pas manquer.

Fein und Ripp

Autre adresse intéressante à Berlin, Fein und Ripp est une boutique familiale située dans le quartier de Prenzlauer Berg. Elle se concentre sur les vêtements vintage et le workwear authentique, avec une sélection allant des années 1920 aux années 1950 : chemises, pantalons de travail, vestes et accessoires rares.

Le magasin distribue aussi quelques marques contemporaines comme Pike Brothers, Red Wing Shoes, Schiesser Revival ou Cano Shoes, mêlant vintage authentique et créations actuelles.

Merz B. Schwanen

J’ai également visité la boutique berlinoise de Merz b. Schwanen, la seule marque européenne à posséder des machines à tricoter Loopwheel. C’est l’endroit idéal pour découvrir l’offre complète de leurs tee-shirts et sweatshirts fabriqués en Allemagne.

Musées berlinois

Quelques mots sur les musées. En plus plus des musées classiques de l’Île aux Musées, il est possible de visiter le Kunstgewerbemuseum, le Musée des Arts Décoratifs, qui propose une petite collection de mode sur 150 ans. On y découvre des créations de couturiers comme Paul Poiret, Elsa Schiaparelli, Coco Chanel ou Christian Dior. Le musée est situé juste à côté de la Gemäldegalerie, le musée de peinture, ce qui permet de combiner facilement les deux visites.

KaDeWe

Enfin, difficile de parler de Berlin sans mentionner le KaDeWe. Ce grand magasin, fondé en 1907, est une institution. Les étages supérieurs sont consacrés à la mode masculine, avec une offre très large de marques internationales.

On était agréablement surpris d’y voir Johnstons of Elgin.

Borchardt

Pour finir, terminons sur une note culinaire. On a fait une halte chez Borchardt, un restaurant très réputé en centre-ville. La spécialité ici, c’est la Wiener Schnitzel : fine, panée à la perfection et servie avec une cuisson juste, elle est devenue un incontournable pour qui veut goûter une version berlinoise de ce classique viennois.

L’ambiance du lieu est élégante mais décontractée, idéale pour une pause déjeuner ou un dîner après une journée de visites. Si vous êtes dans les environs de la porte de Brandebourg, c’est une adresse que je recommande.

Petit bonus : un homme élégant croisé en sortant du KaDeWe.

Allevol 'Roku Roku' 66 Denim Jean – Kinari

Note : À notre demande, Allevol ont accepté de nous envoyer le Jean que vous allez découvrir dans cet article

Nous vous avions déjà parlé d’Allevol sur Les Indispensables Paris, une marque née en 2005 à Londres sous l’impulsion de Taka Okabe et de son épouse. Pour mémoire leur ambition est de créer des vêtements inspirés de pièces du workwear et du military wear, fabriqués avec sérieux entre le Japon, l’Écosse et le Royaume-Uni.

 
 

Le jean “Roku Roku” 66 Denim en Kinari s’inscrit dans cette logique. Il reprend l’esprit du 501 Type 66 de Levi’s tout en en y insufflant sa vision. Pour rappel le Type 66 a été produit à partir de 1966 jusqu’au début des années 1980. Ce modèle est considéré comme le premier 501 “moderne”. Sa coupe est droite, légèrement fuselée sur la jambe, avec une taille moyenne à haute. Allevol reprend ces codes pour créer un jean très droit, légèrement large, qui tombe naturellement sur la chaussure et combine élégance et confort.

Fabriqué au Japon avec un denim selvedge de 12 oz, il est livré en version one wash, ce qui permet de profiter immédiatement de sa toile dense et déjà assouplie.

 
 

Les détails ont aussi été soignés. Ils ne reprennent d’ailleurs pas directement les codes historiques de Levi’s. Le patch en papier, placé à l’arrière, remplace le traditionnel patch en cuir des Levi’s 501 vintage. Il indique la taille et la coupe, tout en apportant une touche artisanale - il est estampé à la main.

De même, les boutons dits “donut” - nommés ainsi en raison du trou au centre- avec motif de laurier sur la braguette avant ne sont pas inspirés de Levi’s. Ces boutons métalliques ronds et gravés sont une signature Allevol - issue du vintage.

On aime également beaucoup la couleur crème de ce jean. Il est n’est pas blanc. Pour le décrire Allevol utilise le terme “Kinari”. Il s’agit d’un mot japonais qui désigne une couleur naturelle, non teinte, crème ou écrue. Le denim est resté dans sa teinte brute après tissage, sans teinture indigo ni autre colorant. Cela donne une couleur claire, légèrement beige, qui évolue et se patine avec le temps et les lavages, créant un rendu très naturel et authentique.

 
 

Mais ce qu’on aime vraiment avec ce modèle, c’est sa coupe. Comme évoqué précédemment, elle est légèrement large tout en offrant un beau tombé. Le jean casse proprement sur les chaussures de Jean.

Vous l’avez sans doute remarqué, depuis plusieurs années les coupes plus amples se sont progressivement imposées. Nous aussi, nous sentons cette vague : nous portons régulièrement des vêtements un peu plus larges, mais toujours avec mesure afin de conserver des silhouettes nettes - dans la mesure du possible.

Sur les photos, Jean porte une taille 33, associée à une paire de Weston, précisément les chaussons Wakey. Ces souliers, également évoqués dans nos pages, incarnent une élégance feutrée et fluide : fabriqués à Limoges dans un veau souple noir, ils combinent confort et sobriété. Le tombé droit du jean épouse élégamment la forme fine du Wakey.

 
 

Proposé aux alentours de 340€ chez Clutch Café, ce jean Allevol est disponible dans une large gamme de tailles, bien que certaines soient régulièrement en rupture de stock.

 
 
 

A.PRESSE - Une marque que l’on suit de près

A.PRESSE est une marque japonaise fondée en 2021 par Kazuma Shigematsu, également connu pour son travail chez Daiwa Pier39 - une marque japonaise qui détourne l’héritage technique de la pêche pour créer des vêtements urbains oversize, fonctionnels et inspirés de l’outdoor.

A.PRESSE possède sa boutique phare à Jingūmae, Shibuya, en plein cœur de Tokyo.

Le style de la marque s’appuie sur des inspirations vintage et workwear américaines, mais retravaillées avec subtilité. Comme beaucoup de marques japonaises, plutôt que de reproduire à l’identique des pièces anciennes, A.PRESSE cherche à en capturer l’esprit tout en y apportant une finition moderne et sophistiquée. On retrouve par exemple des vestes en denim inspirées des premières Levi’s, des chinos militaires repensés ou par exemple une veste qui détourne le style Carhartt en la croisant avec la douceur d’un tissu en mélange de soie.


J’ai vraiment commencé à faire attention à A.PRESSE en 2024, quand Tyler Brûlé l’a évoquée dans une de ses newsletters, en la présentant comme une marque japonaise digne d’intérêt et à suivre de près.

Rapidement, la marque s’est imposée dans le milieu du menswear comme une référence. Cette exigence se reflète aussi dans les prix, qui atteignent parfois des niveaux très élevés, avec certaines pièces proposées à plus de 3 000 €.

Nous n’avons pas encore eu l’occasion de voir les pièces en vrai, mais cela ne saurait tarder.

Sa distribution reste limitée, ce qui contribue à renforcer son image exclusive. Les pièces sont désormais disponibles en ligne, par exemple chez Mr Porter et Haven Shop.

Dominique Lelys (Arnys), Yukio Akamine et Yasuto Kamoshita par For The Discerning Few

Un peu de lecture pour cet été.

Ci-dessous, vous trouverez trois interviews réalisées dans les années 2010 par For The Discerning Few. Elles sont aujourd’hui difficiles à retrouver ; je les ai dénichées via le site WebArchive et les partage ici comme archive à mon tour.


Interview de Dominique Lelys, designer de la Maison Arnys

Aujourd’hui, For The Discerning Few vous propose un entretien exclusif avec Dominique Lelys, designer de la Maison Arnys depuis 24 ans.

Interview in English.

 
 
 

Le propos de M.Lelys est évidemment personnel et n’engage pas la Maison Arnys.

For The Discerning Few : Pourriez-vous nous parler de votre parcours personnel ?

Dominique Lelys : C’est une longue et belle histoire. Après avoir passé mon bac, j’ai effectué une formation à l’Académie Charpentier et je suis rentré ensuite à l’Ecole Camondo dont je suis sorti diplômé en 1982 en tant que designer et architecte d’intérieur. On peut dire que je suis arrivé dans le monde du vêtement par hasard.

A l’époque mon idole était Philippe Noiret. Un jour, dans un journal qui s’appelait Officiel Hommes, j’ai vu une présentation de sa garde-robe et le nom Arnys revenait très souvent. J’ai donc découvert cette maison et j’ai commencé à me procurer quelques pièces magnifiques avec mes maigres économies. Suite à cela, M. Grimbert a remarqué que je dessinais et m’a demandé de dessiner des motifs textiles. Je ne l’avais jamais fait mais j’ai trouvé l’idée passionnante. J’ai commencé à travailler en free-lance pour Arnys en 1983.

Entre temps, j’ai fait un stage chez Hermès à la fin de mes études et j’avais travaillé pendant un an pour Ralph Lauren ; j’ai aussi réalisé plusieurs projets en mobilier et architecture intérieure. Je me suis donc fait une clientèle de plus en plus étendue dans le monde du vêtement. J’ai notamment réalisé des foulards pour l’Opéra de Paris et j’ai travaillé pour Daniel Crémieux toujours en free-lance. Ces quelques expériences m’ont permis de me faire une petite notoriété dans le dessin textile. Arnys m’a alors proposé de m’occuper de son bureau de création. Depuis lors, c’est-à-dire la fin des années 80, je travaille à temps plein pour Arnys.

FTDF : Comment définiriez-vous votre style personnel ?

D. Lelys : Complètement emprunt de fantaisie dans le classique et à mi-chemin entre le style français et le style anglais. Je m’habille d’une manière très traditionnelle. J’aime le vêtement pour le vêtement. C’est-à-dire que j’aime porter un vêtement adéquat à la fonction. Je vais peut être paraître difficile mais je trouve que cela n’a pas de sens de porter un vêtement de chasse quand on ne chasse pas ou de porter des bottes d’équitation quand on ne monte pas à cheval. De même, je ne porte plus que très rarement du tweed ou du velours côtelé en ville. De plus, en ville, je privilégie les chemises à poignets mousquetaires alors qu’à la campagne je porte des poignets simples.

FTDF : A ce propos, l’univers de la chasse est très présent chez Arnys.

D. Lelys : Oui, je m’y cramponne un peu mais c’est un univers en voie de disparition. On a encore une clientèle pour ça. Donc cela existe encore à travers quelques motifs mais les vêtements dits « de chasse » n’existe pour ainsi dire plus chez Arnys.

FTDF : Quel est le style véhiculé par Arnys ?

D. Lelys : Selon moi, Arnys propose un vêtement très “rive gauche” pour un homme qui sait s’affranchir de certains codes et qui a la culture pour le faire.

FTDF : Peut on dire qu’Arnys est le dernier bastion de l’élégance à la française ?

D. Lelys : Sincèrement je le pense. C’est un style que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.

FTDF : Quels sont vos domaines de compétence chez Arnys ?

D. Lelys : Je m’occupe principalement de tout le dessin textile et de la soierie. Je travaille sur l’ensemble de la collection Arnys, même si j’ai des domaines de prédilections comme le sportswear. Il faut tout de même savoir que M. Grimbert se charge de 70% des modèles sportswear. Je m’occupe aussi de la maroquinerie.

FTDF : Cela fait 24 ans que vous travaillez chez Arnys. N’est-ce pas difficile d’évoluer, en termes de création, au sein d’une maison de tradition ?

D. Lelys : Non, c’est une nécessité. La vie est un mouvement. Pour marcher, vous faites un pas devant l’autre. Quand on est dans un milieu très traditionnel, on se sert de ses bases pour pouvoir avancer. Mais on ne peut pas pour autant s’extraire du monde. Donc même malgré soi, on se laisse influencer. Et la mouvance prend sa place naturellement. Je ne crois pas au « génie créatif » ; ce n’est pas en faisant n’importe quoi, à partir de rien, qu’on est génial. Au contraire, c’est en ayant une grande culture qui ne s’arrête pas à un domaine en particulier. Et c’est grâce à cette culture que l’on devient beaucoup plus perméable à tout ce qui se passe autour de soi.

FTDF : On note effectivement qu’Arnys a de plus en plus tendance à s’ouvrir, à communiquer, notamment par les défilés, et  à s’adresser à une clientèle plus jeune.

D. Lelys : Tout à fait et cela me semble nécessaire. Nous avions encore cette image d’une maison qui habille les messieurs âgés. Socialement c’était jadis logique car les personnes de 50 ans ou plus avaient le pouvoir d’achat nécessaire pour s’habiller chez Arnys. Mais désormais, la société a complètement évolué et on voit de plus en plus de jeunes hommes fortunés souhaitant acquérir des produits de qualité. Nous devons donc nous adapter à cette clientèle plus jeune, tout en conservant notre « label » de qualité.

FTDF : D’où tirez-vous vos inspirations ?

D. Lelys : Elles peuvent venir de très petites choses. Un jour, j’ai créé un motif de cravate en regardant par la fenêtre et en voyant un fer forgé de balcon. Il n’y a pas de règles. Encore une fois, c’est l’ouverture d’esprit qui conditionne la création. Je suis comme un capteur en permanence et tout peut être source d’inspiration.

FTDF : Quelles sont les pièces emblématiques que vous retiendriez chez Arnys ?

D. Lelys : Evidemment, la veste Forestière qui est extraordinaire et très pratique. Elle a été créée en 1947 pour un architecte français très célèbre. Je crois que c’est le vêtement dont découle tout le reste, avec cette volonté d’affranchissement et de souplesse.

FTDF : A choisir, quelle serait pour vous la période marquante en termes d’élégance ?

D. Lelys : Si vraiment je devais choisir, cela serait l’Angleterre des années 20 à 30. Toute l’ambiance des films de James Ivory comme Chambre avec vue ou Maurice.

FTDF : Quelles sont vos icônes de style ?

D. Lelys : Philippe Noiret était la référence. Désormais, je trouve que le Prince Charles s’habille avec une classe folle et que, contrairement à ce qu’on peut dire, il s’améliore avec le temps. Sinon, il y a l’acteur Leslie Howard, moins connu que d’autres mais que je trouve particulièrement élégant.

FTDF : Quelle est votre définition de l’élégance ?

D. Lelys : C’est un état d’esprit. Je suis à contre-courant par rapport à ce qui se fait maintenant. Il ne faut pas se montrer pour se montrer ; ou alors le faire avec un léger décalage, et toujours avec discrétion.

FTDF : Justement, lorsque l’on est un adepte de l’élégance classique, on ne peut plus être véritablement discret en 2012…

D. Lelys : Vous avez raison. Mais je ne vais pas non plus me travestir par rapport à ce que je suis. Donc je m’habille d’abord parce que cela me fait plaisir ; ensuite, parce que c’est une question de respect dû aux personnes que je fréquente.

La discrétion est plutôt dans le comportement. Après, la question d’assumer telle ou telle couleur, tel ou tel motif, c’est un autre débat.

Chez Arnys, il y a une inspiration des habits du 18ème siècle où l’on pouvait porter de la couleur sans honte. Aujourd’hui, tout le monde s’habille en gris ou en noir… Par ailleurs, beaucoup de gens pensent vivre à travers leurs vêtements. Or, je crois que c’est une erreur terrible. Il faut savoir très bien s’habiller pour finir par oublier le vêtement.

A propos de la discrétion, j’ai un exemple très précis : lorsque Karen Blixen est partie faire ses safaris en Afrique, elle savait qu’elle partait pour longtemps. Elle est allée chez Hermès pour se faire faire une trousse de voyage. Elle l’a fait pour elle, pas pour la montrer ostensiblement dans des pays où d’ailleurs personne n’avait idée de ce que ca pouvait représenter.

 
 

FTDF : Quelles sont les maisons ou les marques qui retiennent encore votre attention ?

D. Lelys : En maroquinerie, il y a Hermès, assurément. En termes de style je dirais Ralph Lauren. La maison Kiton fait également de belles choses ; ce n’est pas mon style mais je dois dire qu’ils réalisent un travail de grande qualité. J’apprécie aussi les souliers Berluti en tradition mesure.

FTDF : Nous savons que vous êtes un fin connaisseur du rasoir « coupe chou ». Pourriez-vous nous parler de l’art de se raser et plus généralement de s’entretenir ?

D. Lelys : Je passe une demi heure le matin dans la salle de bain, dans la mesure du possible ; de la brosse à dents, à la sortie de la douche en passant par le rasage. Une fois que je suis sorti de la salle de bains, je m’habille, je m’arrange devant un miroir et je ne me regarde plus de la journée. C’est une histoire qui appartient à la préparation.

Je me suis intéressé au coupe chou assez récemment. Mais après quelques coupures, on apprend très vite. C’est devenu une passion, qui me correspond puisque je suis très attaché aux usages et à ce qui est traditionnel. Et c’est grâce au coupe chou que je suis passé à l’Eau de Cologne. Je ne porte plus d’eau de toilette. L’Eau de Cologne, c’est très masculin, il n’y a pas de vaporisateur ; on  frotte, on garde quelques gouttes pour le mouchoir et c’est terminé.

Je change de sujet mais cela rejoint la même idée : je ne glace plus mes souliers. C’est devenu presque « à la mode ». Personnellement je ne le fais plus. Bien sûr, je l’ai fait longtemps lorsque j’étais jeune et heureusement ! Mais pour moi, le glaçage c’est la superficialité. On utilise une technique artificielle pour faire briller un cuir qui ne brille pas de lui-même. Désormais, je préfère ne plus les glacer et laisser faire la patine du temps ; bien sûr je les cire régulièrement et c’est au bout de quelques années que les chaussures vont se mettre à briller comme des miroirs.

Tout cela est très personnel et ne constitue pas un jugement supérieur de ma part.

FTDF : Quelles sont les règles auxquelles vous ne dérogez jamais ?

D. Lelys : Je ne porte jamais de chaussures marron avec un blazer ni avec un costume sombre. Après, il faut évoluer ; les règles du type « no brown in town » sont sans doute superflues désormais. Par contre, je ne mettrai jamais de veste en tweed ou dépareillée, ou encore mes Derby chasse si je suis convié à un diner en ville. Je l’ai déjà fait, mais je ne le fais plus désormais.

FTDF : Et, à l’inverse, y a-t-il des règles que vous ne respectez jamais ?

D. Lelys : Non, car je n’ai pas envie d’exister que par mes vêtements. La transgression est ailleurs.

Ah si… Aujourd’hui par exemple, ma transgression c’est que je suis en bleu marine et en vert et j’ai pourtant mis un mouchoir rouge (rire).

FTDF : Pourriez-vous expliquer pourquoi vous portez des souliers noirs avec un blazer ?

D. Lelys : C’est une question de morphologie. Lorsque je porte un blazer avec un pantalon de flanelle, je n’ai pas envie d’attirer l’attention sur mes souliers. Cela contribuerait à tasser ma silhouette.

FTDF : A ce propos, certains considèrent, contrairement à nous, que les bas revers ne vont qu’aux personnes de grandes tailles. Quel est votre avis sur le sujet ?

D. Lelys : Pour les bas revers, c’est une autre histoire. Cela dépend en fait de la largeur du pantalon. Je porte mes pantalons à 17 cm ou 18 cm dans le bas. Dès lors, ça ne rapetisse pas la silhouette. Tout est une question d’équilibre et d’harmonie.

FTDF : Quels sont vos goûts en matière de souliers ?

D. Lelys : Mes goûts sont là encore très classiques et très anglais. J’aime beaucoup les derby chasse et demi-chasse, les mocassins type « 180 » et les oxford (ou richelieu), que je porte exclusivement avec des costumes.

FTDF : Peut-on dire que vous êtes un gentleman « à la française » ?

D. Lelys : Je laisse aux autres le soin de juger. Ce n’est certainement pas à moi de me juger moi-même sur ce point.

Pour moi, un gentleman est avant tout quelqu’un de bien élevé, qui connait les codes. C’est un homme galant, qui a du respect pour les femmes. Il connait la valeur des choses et surtout des gens. On ne peut se revendiquer comme tel, surtout si l’on n’a pas le respect des personnes, aussi bien vêtu soit-on. Et la culture est aussi très importante même si on n’est pas obligé de connaitre tout Flaubert pour être quelqu’un de cultivé. L’important, c’est l’éducation. D’ailleurs, il y a des gentlemen dans les milieux populaires, j’en suis intimement convaincu.

FTDF : Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes hommes qui souhaitent s’habiller correctement et qui recherchent cette élégance intemporelle que vous incarnez, à l’instar de la Maison Arnys ?

D. Lelys : Je leur recommanderais d’abord de regarder des vieux films et de bien comprendre qu’il n’y a pas de décalage entre la silhouette de la personne, son vêtement et son âge. Porter un chapeau ou se balader avec une canne lorsque l’on est jeune, je trouve cela mal à propos. Je parle en connaissance de cause, je l’ai fait (rires) ! Plus l’âge avance, plus on peut se permettre de choses.

Le plus grand conseil que je pourrais donner aux gens, c’est de bien comprendre que ce qui fera leur personnalité, ce n’est surtout pas le vêtement. C’est ce qu’ils vont développer par ailleurs : leur charme, leur élégance, leur prévenance vis-à-vis des femmes, leur ouverture d’esprit. Si en plus on est bien habillé, c’est parfait. Mais, faire le chemin en sens inverse me semble compliqué.

Nous remercions Dominique Lelys pour sa disponibilité, sa gentillesse et son savoir.

Interview réalisée par Virgile MERCIER et Pierre-Antoine LEVY pour For The Discerning Few. Paris, mars 2012.


 
 

Nous avons le plaisir de vous présenter une interview de Yukio Akamine, consultant renommé, créateur du Japan Gentleman’s Lounge et spécialiste du Bespoke.

Interview in English.

For The Discerning Few : Pourriez-vous nous présenter votre parcours ?

Yukio Akamine : Je suis japonais et j’ai toujours beaucoup apprécié le vêtement classique qui n’est malheureusement pas ancré dans la culture japonaise. J’ai concentré mes études sur la manière dont s’habillaient les gentlemen anglais. C’est ainsi que tout a commencé.

Je suis fasciné par Savile Row qui pendant deux cents ans, sur un espace très restreint, a été le temple de l’élégance masculine.

Il est possible de faire un parallèle entre la manière dont un gentleman s’habille et le mode de vie des samouraïs. La tenue du samouraï est fonction des évènements de sa vie.

J’ai été consultant pour United Arrows pendant plusieurs années et je donne maintenant des conférences sur le style. J’expose ma philosophie de l’habillement mais je traite également de tous les aspects de la vie. Je définis le style globalement. Le style est l’essence même de notre existence.

FTDF : Qu’est ce qui constitue le style ?

Yukio Akamine : Le style émane de l’intérieur. L’intelligence, le caractère et la personnalité sont ses éléments moteurs. Les vêtements sont bien sûr importants mais ils ne peuvent pas donner du style à quelqu’un qui n’en possède pas au fond de lui-même.

Se vêtir, c’est comme écrire. En effet, lorsque l’on écrit en sinogrammes, il y a trois styles possibles. Je peux donc écrire mon nom de trois manières différentes. Le premier style est très classique à l’instar du style anglais traditionnel. Le deuxième style est un peu moins classique, on peut le comparer au style napolitain qui s’inspire du style anglais mais qui est bien moins formel. Le troisième est encore moins formel, il fait penser aux tendances et la mode.

La première manière d’écrire me correspond. Je m’identifie au style anglais traditionnel. Je suis classique.

FTDF : Pourriez-vous nous présenter votre style personnel ?

Yukio Akamine : Mon style est un amalgame entre ce que j’apprécie, le style anglais traditionnel, et ce que je suis, un Japonais.

La manière dont je m’habille est intimement liée à mes sentiments et mes humeurs. Il faut s’habiller selon son état d’esprit du moment. Afin de développer son style, il est fondamental d’accorder son humeur et sa manière de s’habiller. En effet, s’habiller revient à s’exprimer.

Si je mets mes mains dans mes poches ou que je me tiens d’une certaine manière cela changera l’aspect de mon costume. Il y a du style dans tous nos actes. Par conséquent, même la manière dont je place ma serviette lorsque je suis à table définit mon style.

L’élégance peut être trouvée dans les gestes des gens les plus simples. Au Japon, par exemple, il y a des manières de tenir ses baguettes qui sont très élégantes. L’élégance et le style ne sont pas une question de débordant de chemise ou de largeur de revers, ce qui compte c’est que votre manière de vous habiller soit en harmonie avec votre personnalité et vos sentiments.

Avant la seconde guerre mondiale, le style traditionnel anglais était notamment mis en avant par l’Empereur Hirohito qui était un client de Savile Row. Mais après la guerre, la culture américaine symbolisée par le jean et beaucoup moins formelle que la culture anglaise s’est propagée au Japon. Cette culture américaine continue de prospérer aujourd’hui au Japon. On la retrouve aussi en France et en Italie, par exemple. Mais elle est dominante au Japon et elle impacte la vie des Japonais, des vêtements qu’ils portent, la musique qu’ils écoutent, la nourriture qu’ils mangent, etc. Tout doit être simple et rapide de nos jours.

J’essaie de préconiser et d’enseigner un retour aux sources de l’élégance masculine qui prenait ses racines dans le style traditionnel anglais. En ayant cette base, on peut ensuite développer son propre style, car si on se contente de suivre la mode et les tendances on ne fait que passer d’une chose ridicule à une autre. En revanche, en ayant des bases solides on peut ensuite ajouter sa créativité et sa propre identité. C’est ainsi qu’on crée son style.

FTDF : Existe-t-il un style japonais ?

Yukio Akamine : En tant que tel, je ne crois pas. Néanmoins, les Japonais sont depuis toujours très intéressés par les finitions et le travail à la main, car il existe une véritable culture du détail au Japon.

Dès lors, si je devais définir le style japonais, je dirais qu’il est avant tout caractérisé par ce qui est fait à la main, par le travail des hommes. À ce titre, beaucoup de grandes Maisons ont été inspirées et s’inspirent de ce qui se fait au Japon.

FTDF : Que pensez-vous du Bespoke, aujourd’hui ?

Yukio Akamine : Il y a un intérêt grandissant sur le sujet. Malheureusement, il est de plus en plus délicat de trouver des artisans compétents et capables.

On parle de vêtements qui sont en grande partie faits à la main, or chaque main est différente. Il faut beaucoup de temps pour acquérir la technique permettant d’être tailleur, mais il faut encore plus de temps pour devenir tailleur une fois que l’on a acquis cette technique. En effet, chaque grand maître tailleur a son identité et sa signature.

Lorsque je regarde un costume en grande mesure, je peux savoir qui l’a fait car je reconnais la main qui a travaillé, je reconnais sa signature.

Le défi aujourd’hui est de permettre à des jeunes gens d’acquérir la technique. Comment va-t-on le faire ? C’est la vraie interrogation.

Certains jeunes ont les qualités et la technique nécessaires, mais souvent ils essaient de se faire un nom en faisant de la mode, ils ne connaissent pas l’élégance masculine et ses traditions. Leur savoir faire est mal utilisé.

Je pense qu’ils devraient d’abord essayer de s’inspirer de la manière dont les acteurs étaient habillés dans les films des années quarante. Après avoir maîtrisé cela, ils pourraient ensuite, éventuellement, essayer de faire de la mode.

La mode et la Grande Mesure sont deux mondes très différents. À l’instar de l’huile et du vinaigre, on ne peut les mélanger.

FTDF : Que pensez-vous des grands tailleurs français ?

Yukio Akamine : Il en reste très peu aujourd’hui. J’appréciais beaucoup Smalto dans les années soixante-dix, au début. La coupe était très raffinée, très élégante, très près du corps peut-être même un peu trop, mais je trouvais que c’était réussi. Maintenant, c’est une marque, c’est de l’industriel… Ça ne m’intéresse plus.

J’aimais aussi beaucoup Cifonelli qui avait un style très masculin et une vraie identité qui provenait de ses racines italiennes. Aujourd’hui, je ne retrouve plus cette identité, ce que je vois est trop féminin. Cela manque d’âme.

FTDF : N’est-ce pas au client d’avoir un peu de goût et de culture ? Il y a des gens qui s’habillent en grande mesure et qui demandent des choses de mauvais goût. Le tailleur ne fait qu’exécuter. On ne peut pas le blâmer.

Yukio Akamine : Je suis d’accord. La responsabilité revient au client, mais il n’y a plus beaucoup de « bons » clients aujourd’hui.

Il y a très peu de mauvais tailleurs et beaucoup de mauvais clients. À ce titre, Brummel disait : « C’est le client qui fait le tailleur. L’inverse est impossible. C’est le client qui permet de tirer la quintessence du tailleur. ». Mais comme je le disais, il y a de moins en moins de clients ayant du goût.

 
 

FTDF : Où peut-on encore trouver ce style très masculin dont vous parlez ?

Yukio Akamine : Il est encore possible de trouver ce style dans de petites maisons telles que Sartoria Crimi à Palerme, Caraceni à Milan ou encore Liverano à Florence.

C’est le résultat d’un travail de longue haleine, il est donc limité à des productions très petites. Il n’y a pas de secret, le résultat ne peut pas être bon si le travail a été bâclé.

Beaucoup de jeunes tailleurs veulent se montrer, montrer ce qu’ils sont capables de faire et tombent dans l’extravagance. C’est regrettable car je pense que le goût et l’élégance sont caractérisés par une certaine discrétion. L’excès est l’ennemi du bien.

FTDF : Quel a été selon vous l’impact d’internet sur le Bespoke ?

Yukio Akamine : Le regain d’intérêt pour la Grande Mesure que j’évoquais tout à l’heure est en partie dû à internet. Malheureusement, il y a des gens qui ont des goûts aussi pauvres que leurs finances sont riches. Dès lors, quoi qu’ils fassent ou qu’ils achètent c’est souvent raté ou de mauvais goût. Internet est en partie responsable de ce phénomène. Les gens sont dans le moment, ils ne prennent pas le temps d’acquérir une culture, des connaissances ; ils veulent que tout arrive en un claquement de doigts.

Je pense que le bon ou le mauvais goût d’une personne s’exprime dans tous les aspects de sa vie : sa manière de se comporter, de parler, de choisir sa voiture ou ses meubles de maison.

Pour apprécier les belles choses, il faut de la patience. Les chaussures que j’ai aux pieds aujourd’hui ont 25 ans. Ce sont des mesures John Lobb. Au départ, elles n’étaient pas très confortables mais après 25 ans je suis incroyablement à l’aise dedans. Avec les belles choses, il faut prendre son temps et savoir attendre. Aujourd’hui, les gens ne tolèrent plus d’attendre. Mais pour toutes les choses de la vie auxquelles nous aspirons et que nous admirons : l’amour, l’amitié, la culture, il faut laisser du temps. Tout ce qui arrive dans la seconde manque de valeur.

En utilisant internet, certains tailleurs essaient de devenir des marques, mais les marques n’ont aucun intérêt. L’artisan, la qualité de son travail, voilà ce qui compte. Est-ce beau ? Est-ce laid ? C’est la question qu’on doit se poser ; la marque, la maison qui l’a fait, peu importe. Le produit, ce qu’il représente, ça c’est important. Soit il a une âme soit il n’en a pas.

FTDF : Que pensez-vous du prêt-à-porter au Japon aujourd’hui ?

Yukio Akamine : Il y a trente ans l’économie japonaise était à son zénith. Mais depuis une dizaine d’années, la situation est beaucoup plus délicate. Par conséquent, les consommateurs japonais ont été poussés à acheter des produits moins chers. Il y a eu un essor de la production de masse avec des vêtements de qualité très médiocre pour la plupart fabriqués en Chine. Mais depuis quelques temps, on se remet à fabriquer des choses au Japon. Une plus grande attention est portée aux détails et aux finitions. Les produits mis sur le marché sont donc dans l’ensemble de bien meilleure qualité. La qualité de la façon et des matières est mise en exergue ; c’est positif.

FTDF : Pourriez-vous nous citer quelques hommes dont, étant jeune, vous admiriez le style ?

Yukio Akamine : La liste serait longue. Mais les premiers qui me viennent en tête sont Jean Cocteau et Visconti.

Quand je me promène dans Paris, il m’arrive parfois de voir des vieux messieurs qui ont beaucoup de style. Malheureusement, je ne vois que très rarement des jeunes gens qui ont du style. Mais cela a toujours été une constante chez moi ; lorsque j’avais vingt ans, j’étais toujours admiratif de la manière dont les personnes plus âgées s’habillaient.

FTDF : Quelle est votre définition de l’élégance ?

Yukio Akamine : L’élégance prend sa source dans le cœur des gens. C’est quelque chose de très personnelle c’est pourquoi on ne peut pas la répliquer ou l’inculquer à la masse.

Le travail de Scott Schuman illustre bien mon propos. Quand je regarde ses photos, la plupart du temps, je ne vois pas les vêtements, je vois que Scott a réussi à saisir le cœur du sujet en photo.

Si on regarde The Sartorialist uniquement pour les vêtements, on passe à côté de quelque chose. Scott photographie des âmes.

Nous remercions Yukio Akamine pour sa disponibilité, sa gentillesse et son savoir.

Nous remercions également Michael Alden pour son aide précieuse.

Interview réalisée par Pierre-Antoine LEVY et Virgile MERCIER pour For The Discerning Few. Paris, février 2012.


 
 

For The Discerning Few a le plaisir de présenter une interview de Yasuto Kamoshita, directeur artistique d’United Arrows et designer de Camoshita United Arrows.

English version

For The Discerning Few : Pourriez-vous nous présenter votre parcours personnel ?

Yasuto Kamoshita : Je viens de Tokyo. Je suis diplômé de l’université des Beaux-Arts de Tama. J’ai travaillé pour Beams dans la vente dans un premier temps, puis je me suis occupé des achats et de la planification. J’ai ensuite participé à la création d’United Arrows en 1989 pour qui j’ai tout d’abord été responsable des achats pour l’homme et des visuels. Je suis aujourd’hui directeur artistique de la société.

FTDF : Quand avez-vous commencé à prêter attention à la manière dont vous vous habilliez ?

Yasuto Kamoshita : J’ai vraiment commencé à y prêter attention quand j’étais au lycée car c’est à cette période que j’ai développé un intérêt pour la mode. Cela s’est confirmé à l’université car alors même j’étudiais l’architecture d’intérieur, je me suis finalement tourné vers la mode et l’habillement.

FTDF : Pourriez-vous décrire votre style personnel ?

Yasuto Kamoshita : Je suis né en 1958 donc, de fait, j’ai été très imprégné par la culture américaine et notamment tout ce qui tournait autour du style Ivy League qui était très populaire durant ma jeunesse. Je dirais donc que mon style est avant tout d’inspiration américaine. Sinon, mon style est assez « classique ». J’aime bien être assez « habillé » mais sans que cela se traduise par une apparence rigide ou autoritaire. Il faut être sérieux, mais pas trop.

FTDF : Quand est-ce que votre marque Camoshita United Arrows a-t-elle été créée ? Quelle était votre ambition au moment de son lancement ?

Yasuto Kamoshita : Camoshita United Arrows a été lancée en 2007. L’ambition était tout simplement de créer une marque incarnant une certaine vision du style japonais.

FTDF : Pourriez-vous justement nous parler de la dernière collection que vous avez présentée au dernier Pitti Uomo ?

Yasuto Kamoshita : Cette collection qui est celle de l’hiver prochain est assez habillée et formelle. Elle tend à représenter ce que j’appellerais le « dandysme japonais » en présentant le savoir-faire japonais en matière de costumes et de vestes qui sont à l’origine des vêtements occidentaux. En effet, les Américains et les Européens ont de fait une grande culture et un énorme savoir-faire concernant le vestiaire masculin. Mais je pense qu’il existe aussi une interprétation et un savoir-faire japonais  en la matière que les gens auront, je l’espère, la possibilité de découvrir au travers de cette collection.

FTDF : Le Japon est désormais le marché numéro 1 pour tout ce qui touche à l’habillement masculin avec des consommateurs très sensibles et très pointus. Est-ce un état de fait que vous êtes en mesure d’expliquer ?

Yasuto Kamoshita : Je n’ai pas vraiment d’explication précise à donner. Je dirais tout simplement qu’il est dans la culture japonaise d’apprendre les choses assez vite. Nous sommes d’une manière générale assez minutieux. Une fois que nous avons assimilé les bases, nous aimons bien essayer d’améliorer et de développer les choses.

Concernant l’habillement masculin, il y a beaucoup de Japonais qui sont passionnés par le style américain et la culture tailleur européenne ; et qui ont beaucoup appris en s’en inspirant. Enfin, c’est vrai qu’il y a au Japon une culture du détail qui aide forcément à être précis aussi bien pour acheter que pour créer.

FTDF : Vous êtes spécialiste de la culture américaine et notamment de la période Ivy League. Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs la différence entre les styles Ivy et Preppy ?

Yasuto Kamoshita : Il y a tout d’abord une différence d’époque. Le style Ivy League s’est développé dans les années 1960 avant la guerre du Vietnam alors que le mouvement Preppy n’est apparu qu’à la fin de la guerre.

En fait, le style Ivy était avant tout basé sur la provenance des produits et il reposait donc sur des marques américaines telles que J. Press, Gant ou Brooks Brothers. Mais avec le développement du mouvement Hippy, le style Ivy s’est trouvé mélangé à des marques européennes. C’est cet amalgame qui a fait émerger le style Preppy au début des années 1980.

Pour ce qui est des différences pures, le style Ivy est beaucoup plus codifié ; il fallait s’habiller selon une heure, un lieu, une occasion. De plus les couleurs dominantes étaient assez sobres : bleu marine, gris, marron. Le style Preppy est beaucoup plus débridé et beaucoup plus coloré.

FTDF : Que pensez-vous de la manière dont s’habillent les hommes français aujourd’hui ?

Yasuto Kamoshita : Aujourd’hui, ce que j’en pense ? Rien. Même si je ne l’ai pas vu de mes propres yeux, je pense que les années 1960 étaient la période à laquelle les hommes français s’habillaient le mieux. On peut s’en apercevoir en regardant des films tels que Le Samouraï avec Alain Delon.

FTDF: Avez-vous des icônes de style ?

Yasuto Kamoshita : Je vais sans doute citer les mêmes que beaucoup d’autres : Fred Astaire, Steve McQueen, Jean-Paul Belmondo ou encore Serge Gainsbourg.

Je pense qu’il est bon de tirer ses inspirations de différentes périodes et de différents horizons. Il faut prendre ce qu’on apprécie chez les autres et essayer de l’adapter à sa personne. C’est ainsi qu’on crée son style. Il ne faut pas s’inspirer d’une seule personne et essayer de la répliquer, on ne deviendra jamais élégant en procédant ainsi. Il faut au contraire s’ouvrir et puiser dans plusieurs sources.

FTDF : Quels sont les endroits et les magasins que vous aimez visiter lorsque vous êtes à Paris ?

Yasuto Kamoshita : J’aime aussi bien aller aux Puces qu’aller chez Hermès, Charvet et Arnys. J’aime aussi visiter les musées et me promener rue de Seine.

FTDF : Quel conseil donneriez-vous à un jeune homme essayant créer son propre style ?

Yasuto Kamoshita : Ne te contente pas de la mode et de l’habillement. Sois curieux. Prend le temps d’apprécier les belles choses de la vie. Instruis-toi.

For The Discerning Few remercie Yasuto Kamoshita pour sa disponibilité, son savoir et sa gentillesse.

Remerciements également à Béatrice Kim.

Interview réalisée par Pierre-Antoine LEVY et Virgile MERCIER pour le compte de For The Discerning Few avec l’aide précieuse de Yumiko Kaneko. Paris, janvier 2012.

Looks Printemps - Été 2025

Quelques looks de ce printemps-été 2025 qui nous ont tapé dans l’œil.

Vous pouvez voir toutes les photos ici :

Du bas de pantalon⎜ Un détail élégant qui améliore la ligne du vêtement

Christophe, de chez Chato Lufsen, nous avait montré il y a quelques années une chemisette vintage signée Arnys. Un détail avait retenu notre attention : le bas de manche n’était pas coupé droit, mais en forme “d’ovale” si l’on peut dire.
Autrement dit l’avant était plus court que l’arrière. Une finition discrète qui permet un meilleur tombé.

 
 

Cette idée de finition asymétrique se retrouve aussi chez Kinji Teramoto, acteur clé du développement d’Anatomica Japon et artisan de la renaissance de Rocky Mountain Featherbed.

Dans le dernier numéro spécial Japon du magazine L’Étiquette, il explique que son pantalon est volontairement plus court sur l’avant que sur l’arrière. Un moyen d’assurer un tombé parfait.

De mon côté, certains de mes pantalons sont également retouchés de cette manière.

Je demande au retoucheur de creuser un peu l’avant - jusqu’à 1cm. C’est subtil, mais ça change tout quand on y prête attention - presque invisible, mais plus on regarde, plus ça saute aux yeux. L’arrière du pantalon repose mieux sur la chaussure, la coupe s’en trouve légèrement améliorée.

Lunettes de soleil : ce que les grandes marques ne vous disent pas 

Note : le résumé ci-dessous a été généré automatiquement

Sujet de la vidéo

La RTS (télévision suisse romande) a enquêté sur la qualité réelle des lunettes de soleil vendues par de grandes marques. Le reportage remet en question le rapport entre prix, prestige de marque et performance technique, notamment en matière de protection UV.

Beaucoup de lunettes dites "made in Italy" sont fabriquées dans les Dolomites. Plusieurs marques partagent les mêmes usines, ce qui rend les différences entre modèles parfois minimes, en dehors du design et du logo.

Tests réalisés
Des modèles, dont les Ray-Ban Justin Classic, ont été testés pour vérifier leur conformité à la norme européenne ISO 12312-1. Résultat : certains produits vendus cher offrent une protection UV insuffisante ou inadaptée.

Constats

  • Le prix élevé ne garantit pas une meilleure protection.

  • Les mentions "UV400" ou "catégorie 3" sont parfois absentes ou mal expliquées.

  • Le marketing joue un rôle central dans la perception de qualité.

  • Des lunettes moins connues, voire vendues en supermarché, peuvent offrir une meilleure protection.

Recommandations

  • Vérifier la présence de la certification CE et la catégorie du verre.

  • Demander un test en magasin si possible.

  • Ne pas se fier uniquement à la marque ou au prix.

Crown Northampton - Notre retour d'expérience de leurs Desert Boots

Note : Crown Northampton a accepté de nous envoyer les Desert Boots que vous pourrez découvrir dans cet article.

Si les Desert Boots sont aussi présentes chez des marques comme Drake’s ou même Anglo-Italian, ce n’est pas un hasard. Faciles à associer — avec un jean brut ou un costume en flanelle — elles s’imposent comme une alternative naturelle aux souliers plus formels. Contrairement à certaines chaussures en cuir qui demandent une période de rodage (il faut les “casser”), les Desert Boots se portent tout de suite. Leur suède, souple et mat, accentue leur côté décontracté sans tomber dans le négligé.

C’est exactement pour ça que j’adore ce type de chaussures : elles ne posent jamais de problème. Ni aux pieds, ni devant la glace.

Et il est vrai qu’on porte régulièrement des chemises OCBD, des jeans bruts, des pulls Shetland, des Harrington — bref, tout ce qui tourne autour du vestiaire Ivy League — les Desert Boots s’imposent naturellement. Elles s’intègrent sans effort dans ce genre de silhouette.

Vous pouvez voir les looks d’Andy Spade à ce sujet - via par exemple le tumblr qui lui est dédié ici.

 

ANDY SPADE en couverture de popeye magazine

 

Si Andy Spade porte des Clarks, nous avons de notre côté une préférence pour celles de Crown Northampton.
Pour une simple raison : elles tiennent plus longtemps dans le temps. Enfin, c’est notre expérience. Marcos possède les siennes depuis maintenant plus de 4 ans. Il en est toujours aussi satisfait.

On aime également beaucoup leur sélection de cuir — le Kudu Revserse de CF Stead, le Janus de CF Stead également, du Chromexcel de Horween. De très beaux cuirs.

La marque propose 2 modèles :

  • Woodford Desert Boot (version haute) : silhouette 1950’s, 2 œillets, semelle crêpe, disponible en cuir Kudu Reverse, Janus ou Chromexcel - la paire est non doublée

  • Grove Desert Shoe (version basse) : derby 4 œillets, semelle crêpe naturelle, disponible en cuir Kudu Reverse, Janus ou Chromexcel - la paire est non doublée

Ci-dessous le modèle Grove en Janus (cuir de veau velours Janus) coloris sable. À noter qu’il est à présent uniquement disponible en cuir Kudu, un cuir d’antilope sauvage particulièrement souple et ce dès le premier port.

Étant donné que le koudou est un animal sauvage, sa peau témoigne du terrain qu'il a traversé : marques, griffures et irrégularitées. La plupart des peaux sont trop marquées pour être utilisées. Sur 200 à 300 peaux, une ou deux sont retenues. Parmi celles-ci, seules les plus belles sont réservées aux teintes plus claires comme le sable où l’on voit d’autant plus les défauts.

La paire est disponible ici.

 
 
 

Vous l’aurez compris, le modèle ci-dessous est Woodford Desert Boot (version haute).

On adore particulièrement le fait de pouvoir choisir la couleur de la semelle sur le côté (ici en noir).

Cette personnalisation est rendue possible parce que chaque paire est fabriquée à la commande : pas de stock, les délais de production sint compris entre 12 et 15 semaines pour cette collection Stitchdown.

Elles sont disponibles ici.

Sébastien Espargilhé, tailleur homme Meilleur Ouvrier de France

Rares sont les personnes à avoir obtenu le titre de Meilleur Ouvrier de France (MOF) dans la catégorie tailleur homme. Le métier porté à son plus haut niveau. On peut citer Hélène Serdeczny (2000), Claude Tranchant (1982) et plus récemment Sébastien Espargilhé (2023).

Le comité d'organisation des expositions du travail (COET) qui organise l'examen Un des Meilleurs Ouvriers de France a publié il y a quelques mois une vidéo d’une quinzaine de minutes qui suit Sébastien Espargilhé dans son quotidien de tailleur homme à la Comédie-Française.

Car oui, les MOF tailleur homme ne travaillent pas toujours là où on pourrait les attendre. On imagine spontanément les retrouver chez Cifonelli, Camps de Luca ou dans d’autres maisons emblématiques du sur-mesure parisien. Mais beaucoup exercent (ou ont exercé) ailleurs : dans des ateliers institutionnels comme ceux de la Comédie-Française (Sébastien Espargilhé) ou encore au sein de l’atelier de confection de l’Armée (Claude Tranchant).

À voir.

Baird McNutt Irish Linen

Baird McNutt Irish Linen : histoire et collaborations dans la chemiserie

Vous avez peut-être déjà croisé ces étiquettes Baird McNutt Irish Linen sur une chemise en lin.

La culture du lin en Irlande est relativement ancienne. Elle remonte à l’époque des Phéniciens.

C’est surtout à partir du 17ème siècles que les choses s’accélèrent. L’industrie du lin est promue par deux anglais - Lord Thomas Wentworth, comte de Strafford et James Butler, duc d'Ormonde - pour notamment éviter de trop concurrencer l’industrie textile anglaise de la laine.

C’est un français d’origine, Louis Cromelin qui sera véritablement perçut commme le père du lin irlandais en aidant à moderniser les processus de production. Au 18ème siècle Belfast deviendra même le plus gros producteur de lin au monde. L’apparition des matières synthétiques entraînera par la suite une diminution de la production du lin.

Si autrefois les fils de lin étaient majoritairement filés en Irlande à partir de fibres de lin provenant d’Europe (France, Belgique, Pays-Bas…), aujourd’hui les fils sont achetés - en Chine notamment - pour être tissé en Irlande.

Pour pouvoir garantir l’origine et promouvoir les tissus irlandais en lin, un label a été créé. Il est réglementé par l’Irish Linen Guild. Pour bénéficier de ce label, le tissu doit être être tissé en Irlande (comme expliqué précédemment, les fils peuvent quand à eux provenir de l’étranger) par l’un des membres du Irish Linen Guild. Seules quelques entreprises irlandaises sont labellisés :

  • William Clark

  • Magee

  • Emblem

  • John England

  • Spence Bryson Linen

  • Thomas Ferguson Irish Linen

  • Samuel L’amont

  • Baird McNutt

Baird McNutt est une entreprise textile irlandaise fondée en 1912, issue d’une longue tradition familiale dans le tissage remontant au XVIIIᵉ siècle. L’entreprise revendique 220 ans d’héritage et se présente comme productrice du « lin irlandais le plus fin du monde ».

Ce lin équipe depuis longtemps différentes marques de chemises. On le voit apparaître régulièrement depuis au moins les années 2000. Par exemple, en 2017 la marque de chemises britannique Thomas Pink a lancé une collection spéciale en partenariat avec Baird McNutt. De même, la chaîne américaine J.Crew propose chaque été des chemises « 100% Irish Linen » issues de Baird McNutt.

Aujourd’hui, d’autres acteurs du prêt-à-porter utilisent explicitement ce tissu : Todd Snyder (marque américaine) met en avant sur son site des chemises en « lin irlandais » tissé par Baird McNutt, Suitsupply (marque néerlandaise) propose des chemises en « Pure Linen by Baird McNutt », et des enseignes comme Next (Royaume‑Uni) vendent des modèles nommés « Signature Baird McNutt Irish Linen Shirt ». Sur le marché américain, Dillard’s (sous ses marques exclusives Murano et autres) affiche plusieurs chemises « Baird McNutt Linen » (manches courtes ou longues) dans sa collection printemps/été.

En somme, depuis les années 2010–2020 on trouve du lin Baird McNutt dans les chemises de J.Crew, Brooks Brothers (historique), Murano (Dillard’s), Next, Suitsupply, Todd Snyder, Thomas Pink, etc.

D’autres marques de chemises (par exemple Charles Tyrwhitt) utilisent possiblement ce lin sans toujours le mentionner publiquement.