Le Crépin, une espèce en voie d’extinction 

 
 

C’est à la lecture d’un journal régional que la nouvelle est tombée. Le dernier Crépin lyonnais a fermé ses portes faute de repreneurs. 

Mais que signifie cet acronyme ? 

Selon le Larousse, la définition est la suivante :  

Commerçant fournisseur des cordonniers, vendant du cuir au détail, de la clouterie, du fil, du  petit outillage, etc. (commerce dit de cuirs et crépins). 

Il fait également référence à Saint Crépin et son frère Saint Crépinien qui étaient deux frères cordonniers, venus de Rome et cordonniers dans la ville de Soissons. Ils sont vénérés par les catholiques, les orthodoxes orientaux ainsi que dans la tradition anglicane également. Les deux frères sont toujours mentionnés ensemble et souvent représentés à leur établi à réparer des  souliers. Considéré comme les patrons des cordonniers et des tailleurs, grâce à leur savoir-faire en  matière de confection de chaussures qu’ils fabriquaient pour les pauvres à titre gratuit, le lien était  donc tout trouvé avec le métier de Crépin. 

C’est donc une des échoppes les plus vieilles de la ville de Lyon, créée en 1865 par le grand père  (également inventeur du talon tournant) de Mr Jacques Baudière dans le 2ème arrondissement qui a définitivement baisser le rideau. Après son père, Jacques Baudière reprend le flambeau de la petite affaire familiale sans altérer la façade en bois et ses rayonnages où l’altération et les stigmates du temps ont fini par créer une patine inimitable. Une belle histoire qui aura durée 127 ans tout de  même. 

Ce repère pour habitués a définitivement fermer ses portes par manque de repreneur et d’attrait pour cette profession méconnue. Il faut dire qu’au fil du temps, avec l’évolution de notre société et de nos différents modes de consommation, acheter des cuirs rares, des clous de chaussures, des  rivets ou encore des œillets pour lacets ne fait plus recette. On est loin des commandes de l’armée pour des chaussures cloutées lors de la guerre de 1914. Le savoir-faire a également disparu. Il y a encore quelques années, un cordonnier n’était pas uniquement un réparateur de chaussure (comme c’est en grande majorité le cas désormais) mais il était en mesure de vous en fabriquer une dans son  intégralité. L’utilisation d’outils spéciaux ainsi que des peaux au choix du client pouvait donc se justifier. 

L’essor de la chaussure de sport a également fait beaucoup de tort à la profession et à la boutique  de Mr Baudière: 

“Aujourd'hui, on est tous en baskets, donc les cuirs à semelle, c'est du passé !

Après des années à avoir tenue son commerce en l’honneur de ses ancêtres et de l’amour pour son  métier, Mr Baudière a définitivement tirer sa révérence et quitter la scène de son petit commerce de  proximité situé au 15 de la rue Tupin. Le dernier des Crépins lyonnais a fermé boutique mais il en  reste encore quelques-uns ici et là à travers la France. Si on ne veut pas que ce type de commerces  disparaissent définitivement, supportons-les, car ils font partie de notre patrimoine industriel.

Jacques Baudière et les lacets KIN’KAS’PAH - lire “qui ne s’cassent pas”
Capture écran, Le crépin de Lyon, une belle histoire de 127 ans, TF1 | Reportage C. Charnay, A. Cerrone

Le grand père de Jacques Baudière a déposé un brevet pour ses talons tournants : ce procédé évite d’user toujours le même coin de la chaussure, de mieux répartir l’usure et donc d’augmenter la durabilité
Capture écran, Le crépin de Lyon, une belle histoire de 127 ans, TF1 | Reportage C. Charnay, A. Cerrone