Seconde Main - Un Cuir Joe McCoy

 

Texte et photos : Mathieu R.

La Rubrique “Seconde Main”

Avec l’équipe, nous voulions créer une nouvelle rubrique référençant nos différentes pièces de seconde main ainsi que leur histoire. Et puis en tant qu’amoureux du vêtement masculin il y a toujours une certaine compétition, bien que très saine, à celui qui trouvera la pièce la plus intéressante.

Pour ce premier opus, laissez-moi vous comptez l’histoire de mon cuir Joe McCoy.

Vous connaissez cette effervescence qui vous traverse, si comme nous, vous êtes un adepte des sites de revente comme Ebay, Etsy, Vinted ou autres friperies lorsque vous tombez nez à nez avec une pièce qui vous procure de l’émotion. Et ceci arrive souvent lorsque vous ne cherchez rien de particulier.

Ce fut le cas du blouson que vous avez sous les yeux. C’est au détour d’une friperie Parisienne, après avoir jeté un œil sur les différents portants que je tombe sur les cuirs.

Bien entendu et comme souvent, beaucoup de pièces sans grand intérêt. Mais à l’œil je repère quelque chose qui brille plus que toutes les autres pièces. Je décide de l’extraire et je suis saisi par le poids de la veste. Elle est lourde, très lourde. Je me dis de suite que c’est un signe de qualité.

Puis vient l’inspection :

  • Étiquette : Joe McCoy (Whaouuuu mais calme toi) avec l’inscription “Styled and Tailored in Chicago, Ill”

  • Type de cuir : HorseHide bicolore, peau de cheval comme le celèbre Cordovan de mes Alden

  • Zip: Talon. Pour rappel la Talon Zipper Company a été la première manufacture de zip au monde lors de sa création en 1893 à Chicago (USA), sous le nom de Universal Fastener Company

Ni une ni deux, je l’enfile, et bien entendu, elle me va. Je ne peux donc passer à côté. Une fois de retour à la maison je poursuis mon inspection.

Dans mon esprit Joe McCoy est la marque de blousons en cuir appartenant à The Real McCoy’s qui produit des vêtements d’inspiration militaire/workwear/sportswear . C’est donc gage de grande qualité. Je me dis immédiatement que le blouson a dû être produit aux États Unis ou au Japon dans le “pire des cas”. D’autant plus que je retrouve une étiquette de la marque Sugar Cane d’une Hawaiian Original Sun Surf dans la poche avant. Bref elle provient sans aucun doute d’un amoureux de belles pièces.

Mais une étiquette dans la doublure va remettre en cause mes certitudes. Il est indiqué “Made In New Zealand”. Ah bon...

Ni une ni deux, je me lance à la recherche d’informations. Je retrouve facilement un modèle équivalent sur le site officiel de la marque sous le nom : 30S SPORTS JACKET / COOPER. Ceci me permet également d’en apprendre davantage sur l’histoire de ce type de blousons.

Avant les blousons de moto, les blousons en cuir à double boutonnage étaient communément appelés "aviator style" en raison des caractéristiques similaires que les blousons d'aviation partageaient avec eux. La peau de cheval ou de chèvre était le plus souvent utilisée. Certains cuirs présentaient une superposition de différentes peaux, ce qui était fréquemment le cas des vestes en cuir fabriquées sur la côte ouest des États-Unis.

J’en connais un plus sur ce blouson, la fabrication des blousons en cuirs Joe McCoy actuellement vendus est faite au Japon et non en Nouvelle Zélande. Je continue.

C’est finalement sur des forums (StyleForum et FedoraLounge) que j’ai trouvé la réponse la plus plausible.

Pour rappel, la marque Real McCoy a été fondée au Japon au début des années 90 par Hiroshi Okamoto. À ses débuts, la marque offrait un service de vente par correspondance de répliques haut de gamme de blousons en cuir A2. Pendant une période, elle a été en partenariat avec Harley Davidson et a produit des blousons de moto. La société a connu de graves difficultés financières, l'acquisition par Okamoto, d'un bombardier B-17 privé aurait contribué à l'effondrement des résultats de l'entreprise. Selon certaines sources, l’entreprise Real McCoy se serait acoquiné avec les yakuzas pour régler ses dettes. Ce qui est plus largement reconnu, c'est que Tsujimoto - importateur et distributeur de longue date d'Americana au Japon (sous sa société NYLON) a sorti Real McCoy de la faillite en 2001.

Il s'en est suivi un remaniement au sein du partenariat Real McCoy, plusieurs personnes impliquées se séparant pour créer leurs propres marques. Okamoto a créé Toys McCoy. Atsushi Yasui, qui avait dirigé la sous-marque Joe McCoy (créée en 1997) alors qu'il était chez RMC, est parti pour créer Freewheelers. Masahide Ishizuka dirigeait l'usine de production néo-zélandaise où étaient fabriqués la plupart des bombardiers B3 et B6 Real McCoy. Après leur séparation, cette usine est devenue une marque à part entière, appelée Real McCoy's New Zealand dans le pays et The Few au Japon (en raison des accords de licence).

RMCNZ/The Few a fermé ses portes en 2015.

Voici donc l’histoire de cette veste. Elle provient de l’usine Real McCoy Nouvelle Zélande qui a malheureusement fermé définitivement ses portes. De l’avis de tous, la qualité n’a rien à envié aux productions Japonaises, et pour avoir désormais cette pièce dans mon placard, je vous le confirme. Bref je suis très content de posséder cette pièce emblématique venant d’un fabricant, malheureusement disparu.

Si vous souhaitez vous procurer ce type de pièces aujourd'hui, je vous conseille de regarder du côté de chez Fransboone, Standard & Strange, The Armoury, Lost & Found, Clutch ou encore directement sur le site de la marque The Real McCoy’s.

Attention, le prix pique.

Zip Talon

Sugar Cane