Interview de Thom H. Boehm, technicien sur machines circulaires et influenceur Linkedin

 
 

Thom H. Boehm est un technicien spécialiste des machines circulaires. Suivi par plusieurs milliers d’abonnés, il écrit régulièrement sur Linkedin des articles touchant à la fois à son travail mais aussi à la vie en général. Il prévoit à terme d'écrire un livre sur ses expériences dans la maille.

Nous lui avons posé quelques questions afin de mieux comprendre l’univers des machines à tricoter circulaires.

Thom H. Boehm au milieu des machines à tricoter circulaires Photo @Thom H. Boehm

Thom H. Boehm au milieu des machines à tricoter circulaires
Photo @Thom H. Boehm

Eh bien, pour la qualité, je ne la connais que du point de vue du tricoteur. Je sais que des points de tricot moins denses sont souvent utilisés pour économiser du fil, mais en général je préfère tricoter avec un point beaucoup plus serré. J’ai aussi l’impression que cela aide à réduire le rétrécissement du produit fini.
— Thom H. Boehm

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Thom H. Boehm, et je vis actuellement à Truro, en Nouvelle-Écosse au Canada avec ma femme et mon fils qui révise pour son master au sous-sol en raison des restrictions dues au covid.

Comment êtes-vous tombé dans le monde du textile ?

Je me suis marié et j'ai déménagé au Japon à l'âge de 20 ans. Une fois là-bas, j'ai repris le métier que la plupart des étrangers au Japon ont, c'est-à-dire l'enseignement de l'anglais. Je n'avais pas de diplôme universitaire, mais j'avais un visa conjoint, alors mon patron au Japon m’a inventé un diplôme universitaire et l'a transmis aux services de la préfecture. J'ai enseigné dans la même école pendant près de 10 ans. À l'âge de 30 ans, nous sommes revenus au Canada en famille. Comme je n'avais pas de diplôme universitaire, le travail en usine était le travail le plus facile à trouver. Je suis entré à l'usine - où je travaille actuellement - en août 2001 en tant que tricoteur à la pièce* avec l’équipe de nuit. Plus tard, j'ai fait un apprentissage en tant que réparateur, et maintenant je fais un peu de tout, ou tout ce qui doit être fait.

Dans quelle entreprise travaillez-vous actuellement ?

Je travaille pour Stanfield’s Limited à Truro, en Nouvelle-Écosse. Elle a été fondée en 1856 à Tryon, Prince Edward Island, puis a déménagé en Nouvelle-Écosse.

L’usine Stanfield’s au Canada Photo @Thom H. Boehm

L’usine Stanfield’s au Canada
Photo @Thom H. Boehm

Sur quelles machines travaillez-vous ? Quels types de vêtements produisent-ils ?

Selon les jours, je travaille sur des machines qui produisent des tricots jersey, polaire, interlock, double-face, côtelé ou encore sur des machines d’impression. Stanfield fabrique une grande variété de produits, mais beaucoup d’entre eux sont encore des sous-vêtements ou des tricots pour l’hiver. Nous produisons également de nombreux vêtements ignifugés pour les travailleurs dans le domaine pétrolier, les pompiers ou toute autre personne ayant besoin de vêtements ignifugés.

Quelles sont vos tâches quotidiennes ?

Au quotidien, je couvre beaucoup de terrain. Dernièrement, mes statistiques affichent en moyenne plus de 10 km parcourus en une journée. La salle de tricot est grande et souvent les machines dont je m'occupe se trouvent de part et d'autre de la pièce. J'utilise ces machines, je les entretiens, je jette les déchets de production et je tiens mon responsable au courant de ce qui se passe et de l'entretien en général. En somme, je fais tout ce qui doit être fait pour que les machines continuent de fonctionner.

Quelle est votre machine préférée et pourquoi ?

Ma machine préférée ? C'est difficile, car la plupart d'entre elles me plaisent d'une manière ou d'une autre. Ma préférée serait probablement la MC # 62. Une vieille machine Mayer de 30 pouces qui produit du tissu à côtes avec lycra. C'était une machine terrible à faire fonctionner lorsque j'étais tricoteur à la pièce, mais elle fonctionne beaucoup mieux ces jours-ci, et c'est une machine intéressante avec une personnalité attrayante et affable.

Souhaitez-vous apprendre à utiliser des machines à tricoter rectilignes? (Comme ceux de Shima Seiki par exemple)

J'adorerais apprendre à utiliser des machines à tricoter rectilignes, mais je ne pense pas que cela se produira un jour. J'aimerai beaucoup voir une machine Shima Seiki en action, afin de pouvoir comprendre comment elles fonctionnent.

Avez-vous des marques de mode préférées ? Ou des marques que vous pensez que leurs t-shirts et sweatshirts sont vraiment bons ?

La majorité de mes vêtements, je les achète en brocante. Allez dans les magasins de seconde main et vous pourrez voir quelles marques produisent des vêtements de qualité. Si des vêtements ont toujours l'air bien après tant d’années, alors généralement ils sont plutôt bien fabriqués. Pour mes t-shirts, je suis souvent attiré par American Eagle, car ils tiennent bien et j'aime leur coupe. Lorsque j'achète quelque chose de nouveau, ces derniers temps, je vais chez Puma et Diesel, mais honnêtement je n'achète pas de nouveaux vêtements très souvent.

La mode masculine est très attachée à la notion de qualité. En tricot circulaire, que signifie «bonne qualité» ? Est-ce nécessairement un tricot plus épais ?

Eh bien, pour la qualité, je ne la connais que du point de vue du tricoteur. Je sais que des points de tricot moins denses sont souvent utilisés pour économiser du fil, mais en général je préfère tricoter avec un point beaucoup plus serré, et j'ai aussi l'impression que cela aide à réduire le rétrécissement du produit fini. Malheureusement mes connaissances se limitent principalement à mon périmètre. Mais j'aime autant que possible produire un tissu de qualité sans défauts avec les ressources limitées dont je dispose.

Les t-shirts tubulaires ont souvent une très bonne presse. Cependant, aucun article n'explique pourquoi un t-shirt tubulaire serait meilleur qu'un t-shirt coupé et cousu.
Avez-vous un avis sur la question ?

C’est en dehors de mon domaine d’expertise, mais je ne pense pas qu’il y ait une différence. Et en tricot circulaire, la plupart des vêtements sont coupés et cousus. Je serais plus préoccupé par la qualité des matières et de la fabrication.

Machines à tricoter circulaires Photo @Thom H. Boehm

Machines à tricoter circulaires
Photo @Thom H. Boehm

Machine à tricoter circulaire Monarch Photo @Thom H. Boehm

Machine à tricoter circulaire Monarch
Photo @Thom H. Boehm

*Le travail à la pièce fait référence à un système où le salaire est calculé sur la quantité produite.