AVIATIC – La marque des années 1980 ressuscitée

AVIATIC

Notre avis sur cette marque française des années 1980

 

Note : nous avons demandé à Aviatic de nous envoyer les pièces que vous allez découvrir dans cet article
Texte : Mathieu R. et Marcos E.
Photos : Thomas M.

Vous connaissez notre passion pour les maisons historiques du vestiaire masculin. Nous aimons particulièrement mettre en avant ceux et celles qui font vivre des savoir-faire conservés au fil des générations. Mais cela doit-il nous contraindre à ne pas apprécier la nouveauté ou le retour de marques ayant eu un passé glorieux ?

Bien sûr que non. La marque AVIATIC en est l’exemple même. Quand le respect des traditions et un œil créatif nouveau s’associent, cela donne souvent des projets intéressants.

Avant d’en dire plus, retournons aux origines de cette marque. 

 
 

L’histoire de cette marque française 

Le Japon a le fameux Osaka 5 (Studio d’Artisan, Denime, Evisu, Fullcount et Warehouse) qui sont les 5 marques majeures ayant permis l’essor et le développement du jeans sur le marché Nippon mais également au niveau mondial. À l’époque où le denim américain commençait son lent déclin, ce quintette permis de relancer l’engouement autour de ce vêtement de travail.

Mais la France n’a pas à rougir. Elle a également un rôle dans l’histoire de la toile de Nîmes - qui deviendra Denim. Au XVIIe siècle, Nîmes et sa région sont un centre de production et de commercialisation textile reconnues. Les bergers cévenols inventent une toile de coton et de serge tissée avec des fils de trame blancs et les fils de chaîne teintés en bleu. La première toile de Nîmes fut tissée en 1669.
Le terme Jeans vient quant à lui, selon la légende, de la ville de Gênes en Italie où Levi Strauss avait pour habitude d’acheter ses lots de denim. La plupart des marchandises nîmoises transitait par le port de la ville italienne. La teinture bleu indigo de Gênes sera renommé “Blu-Jeans” par les américains. La suite, vous la connaissez. 

C’est fort de cette culture et de l’engouement autour de cette toile si particulière que Monsieur  Michel Faraut va créer Aviatic Jeans en 1982. 

Le Denim à la sauce Française 

Après des années de monopole, Levi’s se voit rattrapé par des milliers de marque à travers le monde. En France, au début des années 1980, de nombreux amoureux de jeans et d’americana vont créer des marques emblématiques comme Jean-Michel Signoles avec Chipie, Charles Chevignon et Guy Azoulay avec Chevignon ou encore Michel Faraut avec Aviatic Jeans. Ces “jeanners” ont réussi à montrer au reste du monde que la France avait son rôle à jouer sur l’échiquier international.

Mr Faraut a été l’un des premiers à proposer des jeans de qualité supérieure en mixant des toiles  tissées au Japon mais en gardant une confection Italienne ou Française. Le logo de la marque en  1982 appuyait cette ambition “The Nation’s Finest – AVIATIC". 

Très vite la marque acquiert une renommée internationale qui ira bien au-delà de nos frontières et qui lui permettra d’être distribué dans des pays comme le Japon, les Etats-Unis ou encore  l’Angleterre. Pendant une vingtaine d’année, la marque est prolifique, mais elle commencera à  s’essouffler dès les années 2000 avec le départ de son fondateur.  

La renaissance 

Après quelques années difficiles c’est finalement en 2010 que le renouveau arrive. Cette année est  marquée par le rachat de Mr Alain Knafo. Son expertise et son expérience de plus de 40 ans dans l’univers textile en fond un repreneur de choix pour la marque.  

Lui-même baigné dans l’univers du jeans après avoir créé la marque Big Star en 1979, il souhaite en effet relancer AVIATIC en gardant l’esprit originel de son fondateur tout en cherchant la meilleure qualité pour les futures pièces de la collection.  Pour rappel, Big Star a aussi fait partit des pionniers français de la toile denim à être reconnus sur la scène internationale. Ce label a été un des précurseurs dans la commercialisation de jeans dit premium (avec un sourcing matière de bien meilleure qualité que la majeure partie des marques de cette époque) en Amérique avec des prix compris entre 150 et 300$, ce qui était un pari osé. Donc, notre homme connait son sujet et le parallèle ainsi que les similitudes avec la marque Aviatic sonnaient comme une évidence. 

AVIATIC propose aujourd’hui des pièces majoritairement confectionnées dans des ateliers en région parisienne et au Portugal. Ils travaillent uniquement avec des partenaires partageant la même vision qu’eux, aussi bien en terme de fabrication que d’engagement social et environnemental.  

Maintenant que vous en savez davantage sur cette marque française, passons aux pièces.

 
 

Le Pardessus en Laine Mérinos Jules Tournier 

Avec l’arrivée du froid, c’est le moment de ressortir son plus beau pardessus pour affronter sereinement les températures négatives. Une veste de ski ferait sans doute l’affaire, mais n’étant pas moniteur de ski et passant le plus clair de mon temps en ville et à la campagne, je préfère plutôt porter un pardessus à manches raglan.

Et tel est le cas de celui de la marque AVIATIC. Confectionné en Ile de France avec une laine mérinos de la maison Jules Tournier, il regroupe l’ensemble des qualités que nous affectionnons sur un pardessus. La laine tout d’abord. Outre une tenue et une main soyeuse, c’est surtout sa fonction coupe-vent qui m’a le plus impressionné. C’est simple, vous êtes au chaud, c’est doux, naturel et rien ne passe.

Pour rappel la manufacture Jules Tournier a été créée en 1865 et possède le label “Entreprise du patrimoine vivant” qui distingue les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence. Travaillant la laine depuis plusieurs générations et notamment pour des  corps de métier exposés aux rudes conditions climatiques comme les marins ou les militaires  (dont les manteaux des gradés de l’armée française depuis l’époque Napoléon III), leur savoir-faire lainier est une référence en France. La filature Jules Tournier située à Mazamet utilise toujours des machines des années 1970 à carder la laine .

 
 

Petit rappel des nombreux avantages de la laine par Jules Tournier :  

“Grâce à sa texture ondulée et sa structure en écaille, la fibre de laine emmagasine une grande  quantité d’air, gage d’une bonne isolation thermique. 

Matière naturellement hydrophobe, elle permet de produire des tissus peu perméables  à l’eau et déperlants après feutrage.” 

Donc que ce soit en termes de douceur, de résistance au froid et de durabilité, ce tissu à base de  Mérinos d’Arles - l’une des races de mouton les plus anciennes d’Europe, la laine est récoltée grâce à un partenariat avec des éleveurs de la plaine de Crau - sera votre parfait allié. 

Enfin au niveau de sa construction générale, quoi de mieux que des manches raglans pour être à  l’aise et avoir de l’aisance au niveau de ses mouvements de bras ? Deux poches en biais extérieur  viennent compléter le tout et lui conférer un aspect classique. Niveau longueur, il tombe à hauteur  des genoux. à l’intérieur, vous avez la possibilité d’y glisser vos clefs, portefeuille et autres objets du quotidien grâce à ses deux poches. J’aurais simplement aimé qu’elle puisse se fermer par  l’intermédiaire d’un bouton. Malgré tout, elles restent suffisamment profondes. 

 
 

Autres détails que j’apprécie sont le dessous du col en velours ton sur ton et ses boutons en Corrozo ajoute à l’ensemble une certaine élégance. 

Ce pardessus AVIATIC taille normalement et il est disponible dans d’autres coloris comme le marron  ou l’écru. Vous avez également la possibilité d’opter pour un Chevron Noir ou Pied de Poule du plus bel effet. Enfin pour un prix de 695€, il reste une option très intéressante au vu de sa confection Made in France.

Vous l’aurez compris ce pardessus a désormais une place de choix dans mon vestiaire et va m’accompagner durant de nombreux hivers. 

Disponible ici.

 
 

Le pull col roulé laine et cachemire 

Le monde se divise en deux camps. Ceux qui n’aiment pas le col roulé et ceux qui l’adoubent. Je me range dans cette dernière catégorie. Je ne compte pas vous retracer l’histoire du col roulé mais je vais vous dire pourquoi le col roulé de la marque AVIATIC est si spécial. 

 
 

La couleur tout d’abord. L’écru est une couleur que j’apprécie particulièrement car c’est une teinte lumineuse, quoi de mieux que d’ajouter un peu de lumière dans une tenue hivernale ? Si vous n’aimez pas cette couleur, AVIATIC propose 4 autres couleurs de ce pull mythique : noir, gris chiné, camel et  l’éternel bleu marine.

La matière ensuite. Ce col roulé est tricoté en Italie par Roberto Collina, des experts en maille depuis plus de 60 ans qui fabriquent également en marque blanche pour d’autres grandes marques, une référence dans le milieu.
Il est tricoté avec un mélange 90% laine et 10% cachemire. La main est moelleuse et agréable, et pour l’avoir porté par – 5°C lors de ce shooting photo, je vous confirme qu’il tient bien chaud. Pas au point de remplacer ma doudoune Crescent Down Works mais quand même. Le pull a également une belle tenue, tout comme son col.  

 
 

L’engagement écologique et animal enfin. Tout d’abord, la marque soutien le « SustainaWOOL Integrity Program », un programme qui vise à plus de traçabilité et de transparence dans la production de produits à base de  laine. À noter que les producteurs de laine se soumettent volontairement à un audit chaque année afin de renouveler cette étiquette. Ensuite, la laine de ce pull est garantie à 100% « museling-free ». 

Le col roulé AVIATIC est une pièce qui paraît banale, mais en réalité ne l’est pas. Il est ainsi devenu un de mes indispensables de l’hiver grâce à sa maille duveteuse, son col à la tenue parfaite et à son prix raisonnable. Prenez votre taille habituelle !

Le pull col roulé est  disponible ici.

En conclusion 

Nous avons été agréablement surpris de la qualité des pièces de la marque. Vous retrouverez l’ensemble des  pièces sur leur site Internet ainsi que dans la boutique tenue par Stan (le fils d’Alain Knafo) chez  Elevation Store à Paris situé au 135 Rue Vieille du Temple.

 

Quelle est la différence entre Jean, Jeans et Denim ?

 
 

Jeans, jean, denim…synonymes ?

Pas vraiment. Le nom de pantalon vient de l’américain a pair of jeans, terme fixé dans les années 1950. En France, on a dit « des jeans », puis « un jean ».

Jean et denim sont des tissus. Ces mots ont une histoire. Ils ont voyagé d’Europe en Amérique, tissant la légende des étoffes qu’ils désignent. il s’agit d’étoffes de coton, avec un mode de tissage qui donne des tissus épais et résistants : le sergé.

La différence ? Pour le jean, les fils de chaîne et de trame sont de même couleur. Pour le denim, la trame est écrue, ni blanchie ni teinte, tandis que les fils de chaîne sont bleu indigo, mais non teints à coeur.

Photo prise à l’Exposition jean à la cité des sciences et de l’industrie

Du 8 décembre 2020 au 8 mai 2022, la cité des sciences et de l’industrie à Paris accueille une exposition consacrée au jean.

Introduction de l’exposition.

Le jean est le vêtement le plus porté de la planète, il s’en vend 73 par seconde ! La légende fait naître le jean en Californie, chez les colporteurs et les chercheurs d’or. En moins d’un siècle, il se répand dans le monde, accompagnant l’essor de l’industrie textile et de sa mondialisation. Signe de rébellion ou d’anticonformisme, vêtement de travail ou de loisir, il défile depuis plusieurs années sur les podiums de haute couture. Mais à l’heure où le jean est devenu un classique de nos garde-robes, la question de sa production devient cruciale. Pointée du doigt pour son impact écologique, symbole de la surconsommation et d’une industrie polluante, cette pièce mythique est victime de son succès. Quelles sont les alternatives et les recherches actuelles pour obtenir un « jean propre »? Aujourd’hui, des solutions existent pour une fabrication de qualité, plus respectueuse de l’environnement comme des conditions de travail.

On vous conseille d’aller y jeter un oeil.
On a particulièrement aimé les quelques pièces de la collection d’Eric Maggiori, le fondateur du magazine Avant.

Des jeans de collection de la fin du XIXe siècle à 1945 sont exposés : la tenue de travail d’un mineur ou l’uniforme d’un soldat de l’US Navy attestent ainsi que le jean est utilisé depuis longtemps comme habit de travail, réputé pour sa robustesse. Le public découvre des pièces appartenant à Eric Maggiori, journaliste passionné de vintage, qui possède l’une des plus grandes collections de denim au monde. Sa collection de workwear (pantalons, chemises, salopettes, accessoires…) comporte des pièces uniques et authentiques.

Veste de la marque Underhill de la fin du 19ème siècle provenant du Nevada

Chemise Our Wheeler US Army, la première de ce type dans l’armée US. Elle date de 1918.

Salopette et surchemise de la marque Howard

Chemise chambray US Navy des années 1940

2 Chore jackets, littéralement des vestes de corvées. l’une avec boutons laurels et l’autre produite par Blue Bell Inc. qui deviendra plus tard Wrangler

Veste col châle de l’armée américaine des années 1930

 

Faut-il repasser ses jeans ?

 

Cette question, nous l’avions posée il y a quelques mois à nos lecteurs via Instagram. Vous étiez plus de 70% à répondre non. Arthur, expert en denim et fondateur de SuperStitch nous a tout de suite répondu que bien au contraire, il repassait systématiquement ses jeans.

On est donc aller le voir pour qu’il nous donne ses astuces.

Avant de nous donner quelques astuces, peux-tu nous expliquer pourquoi tu adores repasser tes jeans ?

J’adore repasser mes jeans car ça donne a la toile un aspect plus net et un touché plus soyeux.
J’ai également remarqué qu’en le repassant le délavage était plus régulier.
Et pour finir quoi de plus agréable que d’enfiler le matin un jeans propre et repassé :)

Peux-tu nous donner quelques-unes de tes astuces ?
1. Repassez votre jean à l'envers puis à l'endroit
Oui oui, je repasse des deux côtés afin de bien écraser la matière des deux côtés. Le repassage est plus net et uniforme.


2. N’hésitez pas à décalez la couture coté sur le milieu pour bien le repasser


3. Étirez vos jeans si vous voulez regagner quelques centimètres


Vous remarquerez qu’Arthur utilise une “chaudière” professionnelle qui produit beaucoup de vapeur.
Le top pour pour bien écraser les coutures et aplatir la matière. A noter également qu’une table à repasser n’est pas forcément nécessaire. Ici la surface plane du comptoir en bois est parfaite.

En conclusion, à la question, faut-il repasser ses jeans, nous aurions envie de répondre oui ! C’est plus agréable, plus propre et plus joli.

 
repassage superstitch
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Denim Japonais - L'expertise de Shinsaku Sugiyama

[Article non sponsorisé]

On vous recommande un reportage (en anglais) intéressant sur le denim Japonais réalisé par la chaîne de télévision Japonaise NHK.

Personnes interviewées qui ont retenu notre attention :

  • Le designer de la marque Kapital : Kazuhiro Hirata

  • Un fabricant de jean : Takenori Mizutama - qui intervient également dans le documentaire américain BLUE GOLD - American Jeans

Là où tout commence : les métiers à tisser

Là où tout commence : les métiers à tisser

Cliquez sur l’image pour accéder au reportage

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Délavage laser - Technologie issue de l’entreprise Espagnole Jeanologia

Délavage laser - Technologie issue de l’entreprise Espagnole Jeanologia

Pour en savoir plus sur Jeanologia, 1083 a rédigé un article intéressant.

Cliquez sur l’image pour accéder à l’article - 1083 - Jeanologia

Cliquez sur l’image pour accéder à l’article - 1083 - Jeanologia

Tout au long du reportage Shinsaku Sugiyama apporte son expertise. Il est l’auteur du livre The Story of Japanese Jeans. Uniquement disponible en Japonais malheureusement.

The Story of Japanese Jeans de Shinsaku Sugiyama's

The Story of Japanese Jeans de Shinsaku Sugiyama's

Le livre est disponible ici.

On conseille également la lecture de cet article de David Marx, l’auteur de Ametora: How Japan Saved American Style dont on avait déjà parlé ici.