Machine à tricoter manuelle - Dubied

 
 

Side Project sur Les Indispensables Paris : restaurer et utiliser deux machines à tricoter industrielles et manuelles.

Quand on y réfléchi, tout ou presque a déjà été écrit sur le tailoring. Il est désormais relativement facile de savoir quels sont les meilleurs tisserands, les différents types de montage d'un costume, les meilleures marques...Un univers qui vous est sans doute déjà familier.
Pouvez-vous en dire autant pour la maille - le knitwear chez les anglosaxons ?
Les informations se font plus rares. Ou tout du moins en ce qui concerne la production industrielle, soit tout de même environ 99% de la production mondiale de tricots.
C'est dans cette optique que nous allons multiplier les articles pour approfondir la question. 

Vous pouvez trouver l’ensemble de nos articles dédiés en tapant “maille” dans la barre de recherche haut à droite.

Pourquoi la maille ?

En tant que consommateur l’intérêt de la maille se situe principalement dans son confort. Par opposition au tissu, elle est plus élastique. Autre fait intéressant, la maille ne se limite pas seulement aux pulls et aux accessoires type bonnets, chaussettes ou gants. On la retrouve aussi dans les costumes, les blousons, les pantalons, les chemises et même les chaussures. Elle comporte cependant une faiblesse majeur par rapport aux tissus : elle est fragile, se déforme facilement et en cas de trou, cela peut vite tourner à la catastrophe - elle se démaille.

En tant qu’industriel, l’intérêt de la maille, notamment par rapport aux tissus est multiple : on pense par exemple à la mise en œuvre assez rapide, là où il faudrait des heures pour préparer le tissage d’une étoffe - notamment l’étape d’ourdissage -.
Avec une machine à tricoter on peut être prêt en 5 minutes. Autre avantage non négligeable : le temps de tricotage est plus rapide que le temps de tissage. La productivité est meilleure.

L’intérêt de ces machines veillent de plus de 60 ans ?

On a acheté deux machines à tricoter manuelles d’occasion qui étaient autrefois largement répandues chez les meilleurs ateliers de tricotage. Si elles ne sont plus fabriquées, elles n’ont pas encore disparues en Europe. Plusieurs raisons à cela. Avant tout et surtout parce qu’elles permettent de mieux comprendre la production des tricots. D’un point de vue pédagogique ces machines sont donc très intéressantes, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elles sont encore très souvent utilisées dans les écoles de formation sur l’univers de la maille. Les processus de base sur des machines plus modernes sont sensiblement les mêmes à la différence prêt qu’ils sont automatisés et gérés par ordinateur. L’autre différence se situe également au niveau des cadences de production : les nouvelles tricoteuses travaillent beaucoup, mais beaucoup plus vite.

Elles n’ont également pas totalement disparues des usines de tricotages. Elles sont utiles pour faire des essais et il existe même des ateliers qui ont gardé une spécialité dans le tricotage manuel. On pense par exemple à Corgi en Angleterre qui utilise encore ce type de machines - hand operated knitting machine - à côté de machines plus récentes.

LA MAISON Dubied

Quelques mots sur l’histoire de la maison Dubied. Elle fut fondée en 1867 à Couvet en Suisse, sur la rive droite de l'Areuse, par Henri-Edouard Dubied, descendant d'une famille de distillateurs d'absinthe. L’entreprise concevait principalement des machines à tricoter reconnues globalement comme étant très fiables. Jusqu’à 2000 salariés ont travaillé dans ses usines au meilleur de son activité dans les années 60.
Les ventes de machines ne cesseront de diminuer par la suite, et la maison Dubied cessera finalement toute activité en 1987. Un reportage de la télévision Suisse, RTS, explique très bien la chute de la maison Dubied, le passage tardif des machines rectilignes commandées par cartes à celles commandées par ordinateur, la mauvaise organisation en interne, le retard pris sur ses concurrents Stoll et Shima Seiki (leurs machines permettaient de répondre plus rapidement et facilement aux demandes des marques de mode), les problèmes techniques de leurs dernières machines (la JET-3 notamment)….Un documentaire intéressant qui met en lumière les causes multiples qui ont provoqué la chute du géant Dubied.

Mais revenons sur notre Dubied.
Comme vous le pouvez le constater ci-dessous, elle est quelque peu rouillée. Mais a priori rien d’irréversible et c’est sur quoi on travaille en ce moment. Il s’agit d’une NHF2, une machine double fonture c’est à dire composée de deux plaques métalliques qui forme un V et qui comportent une centaine de rainures dans lesquelles coulissent des aiguilles. Le chariot, qui se met en mouvement manuellement, passe au-dessus de ces deux fontures et actionne les aiguillent pour les faire travailler.

Autre point important, c’est une Jauge 5, c’est à dire qu’elle est prévue pour tricoter des mailles assez épaisses.
Comme expliqué dans notre article sur la différence entre la maille et le jersey, la jauge désigne le nombre d’aiguilles au cm, c’est à dire si l’on grossit le trait, la finesse ou non d’un tricot.

Plus le numéro de la jauge est élevé, plus les mailles seront fines.

  • Jauge 3 : tricots avec de très grosses mailles -ils sont épais et ressemblent à ce qui est tricoté à la main

    …..

  • Jauge 16 : Jauge fine

    …..

  • Jauge 40 : maille ultra fine, l’aspect visuel est proche d’un tissu

On réexpliquera ce point lors de la présentation de notre seconde machine. Vous comprendrez alors facilement et intuitivement la différence entre 2 jauges.

La machine avant restauration

La machine avant restauration

Le chariot DUBIED

Le chariot DUBIED

Fin de notre article d’introduction.
On vous parlera d’ici peu de temps de notre seconde machine, de conception italienne cette fois-ci.