Prologue Hong Kong

 
 

Mars 2020 : premier confinement. L’occasion pour moi de faire un grand tri dans ma garde-robe. Un constat criant lorsque je l’examinais: mes costumes n’étaient plus vraiment à ma taille. Trop fin et slim à mon goût, héritage d’une époque où je m’habillais (trop) près du corps. C’est là où je me mets à la recherche d’une marque qui puisse me satisfaire. Comme souvent, je me tourne vers Instagram, une grande source d’inspiration. J’épluche divers comptes et tombe sur celui d’un tailleur Hongkongais : Prologue Hong-Kong. Les silhouettes sont simples, intrigantes et belles à la fois. Je décide de contacter la marque via le réseau social. Pour rappel, nous sommes en plein confinement, la situation est donc assez critique en Chine, mais Prologue est à l’écoute : leur idée est de lancer du Remote-Made-To-Measure, à savoir du demi-mesure à distance. Grâce à un guide de prise de mesures efficient, je commande mon premier costume deux-pièces dans un tissus bleu de la maison anglaise Holland & Sherry qui est une véritable réussite. Les mesures ont été prises par ma copine – merci à elle – et perfectionnées par l’équipe de Prologue. A l’arrivée, le costume tombe parfaitement, je suis complètement sous le charme de la coupe et de la qualité de confection, très propre.

Depuis, ma garde-robe s’est étoffée grâce à leur offre imbattable. Voici le review de leur veste emblématique et d’un pantalon un peu spécial.

Décryptage.

L’équipe Prologue Image prologuehk.com

L’équipe Prologue
Image prologuehk.com

Les trois fondateurs de la maison – Jerry Tong, Chris Tang et Maslow So – étaient frustrés lorsqu’ils partaient à la quête de costumes : bien qu’ils auraient adorés pouvoir s’habiller chez Liverano Liverano, Sartoria Panico ou encore Corcos à Florence, la qualité coûtait un certain prix qu’ils ne pouvaient s’accommoder.

Lorsque des amis leur demandait où trouver des costumes pas chers mais de qualité, ils n’avaient jamais de réponse à leur donner.

C’est là où Chris et Jerry commencent à travailler avec des tailleurs hongkongais pour reproduire les silhouettes de leurs maisons favorites. Mais les tailleurs ne souhaitaient pas s’adapter aux goûts des deux hommes : ils n’avaient pas de temps à leur accorder.

Ils trouvent un atelier en Chine disposé à apprendre à couper leurs patrons. Petit à petit, la silhouette se précise et se perfectionne. Leurs costumes sont confectionnés à partir de patrons préexistants, mais réajustés à la main, voici pourquoi Prologue parle d’une offre semi-bespoke.

Une veste et pantalon pour tous les jours

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Le bleu et le gris sont les meilleurs amis de la garde-robe masculine. Mais ils peuvent rapidement prendre le dessus, le résultat de cela étant que l’on ne souhaite pas s’aventurer à outre sa zone de confort.

Mais parfois, cela paye. Faire des erreurs fait partie intégrante du chemin pour construire sa garde-robe (les sites de reventes de vêtements sont là pour rattraper le coup !).

Prologue nous offre à voir une veste deux-boutons (faux trois-boutons) aux revers larges (10 cm), et aux épaules légèrement structurées. Dans un tissu composé en 50% laine et 50% soie de la maison Marling and Evans, cette veste à motif Prince de Galles à rayures discrètes vertes est un véritable coup de jackpot pour une garde-robe.

Prologue ayant déjà mes mesures de ma commande précédente, il était donc simple de les reprendre pour l’appliquer à cette veste. La veste tombe parfaitement !

Dans un monde de moins en moins formel, Prologue voulait proposer de nouvelles pièces hybrides s’intégrant dans notre quotidien chamboulée par la situation sanitaire actuelle. Ainsi,

La maison hongkongaise propose également de découvrir une véritable pépite : un pantalon habillé – sartorial – en denim. Je dois avouer avoir été quelque peu circonspect au début, mais Jerry a su me conseiller et guider efficacement. Grâce à cela, je le porte avec la veste détaillée précédemment, visible sur les photos. Finalement, j’aime beaucoup ce pantalon car il est à la fois habillé et décontracté. Habillé par sa couleur sombre – d’un bleu profond – et décontracté de par le tissus denim.

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Du « Made in China » de qualité

Ce review de Prologue est l’occasion pour nous de redire que, oui, il est possible d’avoir un vêtement fabriqué en Chine dans les règles de l’art. La maison hongkongaise est pleinement dans l’artisanat. La confection est de très bonne facture et le prix imbattable.

Quid des frais de douanes ? Prologue expédie les commandes via Hong-Kong Post ce qui pallie les taxes douanières considérablement : d’expérience, compter environ 30 euros de frais à la réception à régler à Chronopost.

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Une marque qui a su s’adapter

Prologue a lancé son site internet il y a peu, Prologuehk, et a surtout étoffé sa gamme, en proposant des pièces en prêt-à-porter ou made to order. Leur programme de Remote-made-to-measure devrait se lancer d’ici quelques semaines.

Pour retrouver la veste de ce review en ready-to-wear, il suffit de suivre ce lien : Prologues Signature Brown Cream Pow Check Wool Silk Jacket

Prologue est composée d’une équipe exemplaire, Jerry étant d’une gentillesse et bienveillance incroyable, nous ne pouvons que recommander de sauter le pas. Vous pouvez également découvrir leur offre via Instagram, leur page est une véritable source d’inspiration !

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Shirtonomy - Marque suédoise de chemises Made To Measure

 
 
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Pour certains, elle est indissociable du vestiaire masculin ; pour d’autres, un symbole imposé par une hiérarchie : la chemise unit autant qu’elle divise. Peu de pièces permettent de véhiculer un trait de notre personnalité comme la chemise ou à l’inverse, la gommer. Ainsi transparaît la richesse de cette pièce : être à la fois sobre voire lisse, ou criarde et intime. Il existe autant de styles de chemises que de tissus, c’est à s’y perdre lorsque l’on cherche une simple chemise bleu ciel ! Aujourd’hui, la démocratisation du made to measure permet de rendre accessible un produit qui ne l’était pas auparavant. Si la demi-mesure permet des merveilles, la demi-mesure à distance reste un pari risqué.

Décryptage de mon expérience chez Shirtonomy.

Histoire de Shirtonomy

Tobias Skogquist, cofondateur et directeur artistique de Shirtonomy - il porte une chemise de la marque

Tobias Skogquist, cofondateur et directeur artistique de Shirtonomy - il porte une chemise de la marque

Shirtonomy est une marque suédoise cofondée en 2015 à Stockholm par Tobias Skogquist et l’un de ses amis proche. L’aventure débute toutefois en 2012 lorsque Tobias et son équipe voyagent à travers l’Europe à la rencontre de nombreuses manufactures et à la recherche de tissus de qualité. Le chemisier suédois naît de la frustration du manque de chemises qualitatives sur un marché certes énorme, mais dispersé et opaque.

La firme lance le pari de proposer une expérience made-to-measure à distance dès le début de son aventure. Cela signifie que les mesures sont fournies directement par le client, processus que j’étayerai ultérieurement. L’ambition de la maison est donc de créer une chemise personnalisée et personnalisable aux souhaits du client.

Les tissus proviennent tous d’Italie ou de Grande-Bretagne. Sur le site, la marque nous renseigne d’ailleurs sur le dilemme auquel elle a dû faire face en lançant sa production : certains tisserands qui fournissent la firme ne souhaiteraient pas voir accoler leurs noms sur les chemises Shirtonomy. La raison avancée : les prix proposés par le chemisier scandinave seraient trop bas pour assurer le prestige de ces maisons. Certains tisserands prestigieux ont tout de même accepté, tels que Thomas Mason, Albini ou encore Albiate. Pour les autres, qu’importe, Shirtonomy décide tout de même de travailler avec eux sans les mentionner en ligne.

Toutes les chemises sont confectionnées au Portugal, dans une usine près de Porto, un des berceaux de l’industrie du textile européen.Shirtonomy se veut comme le résultat de la rencontre entre la tradition et l’innovation technologique.

L’eshop est décliné en Suédois ainsi qu’en Anglais. La monnaie utilisée est la Couronne Suédoise. A l’heure où je vous écris ces lignes, le taux de change est celui-ci : 1€ = 11 SEK.

« Hard working, good looking »

Le slogan de Shirtonomy n’est certes pas le plus révolutionnaire mais il en dit long sur le travail investi dans la confection des pièces.

Le processus de commande chez Shirtonomy

A l’ère du 100 % digital, Shirtonomy choisit la sobriété et la clarté en présentant un choix intéressant de tissus tout en proposant des finitions intéressantes.

Le processus d’achat s’articule en trois étapes : le choix du tissu, le choix du design et de la personnalisation, enfin la prise des mesures de la chemise.

Le processus d’achat s’articule en trois étapes : le choix du tissu, le choix du design et de la personnalisation, enfin la prise des mesures de la chemise.

Les tissus se déclinent par couleurs, saisons, occasions – formels ou casual – ou encore par propriété. Ainsi, les tissus oxford côtoient le seersucker ou la popeline.

Un aperçu de 6 tissus parmi les 82 qu’offrent la maison. Ceux de saison sont toujours proposés en tête de liste. Du seersucker pour 90 euros environ, frais de ports exclus.Les frais de port s’élèvent à 99 SEK – environ 9 € – pour toute commande infé…

Un aperçu de 6 tissus parmi les 82 qu’offrent la maison. Ceux de saison sont toujours proposés en tête de liste. Du seersucker pour 90 euros environ, frais de ports exclus.

Les frais de port s’élèvent à 99 SEK – environ 9 € – pour toute commande inférieur à 1500 SEK, soit 140 €.

Un vaste choix de styles de cols

Un vaste choix de styles de cols

La dernière étape permet de choisir une chemise slim ou non, avec ou sans poche

La dernière étape permet de choisir une chemise slim ou non, avec ou sans poche

Idem, beaucoup de choix de poignets

Idem, beaucoup de choix de poignets

Le choix des boutons en nacre ou plastique, la possibilité de transformer la chemise en popover ou en surchemise : la sélection n’est pas très étoffée mais reste respectable

Le choix des boutons en nacre ou plastique, la possibilité de transformer la chemise en popover ou en surchemise : la sélection n’est pas très étoffée mais reste respectable

« Guaranteed perfect fit »

Shirtonomy garantit un fit parfait pour toutes ses chemises. Un argument marketing ? Une publicité aguicheuse ? La marque scandinave étaye le processus de prise des mesures et permet aux clients non satisfaits de retourner leur première chemise si le résultat ne convient pas.

Voici les différentes étapes à suivre, toutes très claires :

Le choix entre les mesures d’une chemise ou des tailles standard

Le choix entre les mesures d’une chemise ou des tailles standard

Ci-dessus le tableau des tailles « standard » Shirtonomy. Si aucune ne vous correspond, la demi-mesure remplie évidemment ce manque.

Ci-dessus le tableau des tailles « standard » Shirtonomy. Si aucune ne vous correspond, la demi-mesure remplie évidemment ce manque.

Voici le tableau à remplir pour la prise de mesure. Tout en suivant minutieusement les dessins des différentes prises de mesures ci-dessous

Voici le tableau à remplir pour la prise de mesure. Tout en suivant minutieusement les dessins des différentes prises de mesures ci-dessous

Je trouve que les dessins répondent véritablement à toutes les questions que l’on pourrait se poser lors d’une prise de mesure : faut-il prendre la mesure jusqu’à la boutonnière ? A partir de quelle couture ? Jusqu’à quelle couture ? Mention spécial…

Je trouve que les dessins répondent véritablement à toutes les questions que l’on pourrait se poser lors d’une prise de mesure : faut-il prendre la mesure jusqu’à la boutonnière ? A partir de quelle couture ? Jusqu’à quelle couture ? Mention spéciale au dessinateur : ses croquis sont bien exécutés !

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Je me pose cependant une question : que faire lorsqu’on n’a pas de chemise convenable sur laquelle se baser pour la prise des mesures ? Deux possibilités s’offrent à nous, la première est le choix d’une taille standard comme mentionné plus haut. La seconde possibilité serait d’écrire directement à la marque afin de connaître la meilleure façon de prendre ses mesures. Mais tout de même, je dirais que c’est un bon baptême de feu pour ceux qui souhaitent sauter le pas de la demi-mesure pour la première fois : Shirtonomy peut retoucher la chemise si elle ne convient pas et les frais de retour restent à leur charge !

Test & Avis d’une chemise Shirtonomy

Avant de rentrer dans le vif du test, je souhaiterais au préalable différencier les termes « sur-mesure » – synonyme de « grande mesure » ou bespoke – ainsi que « demi-mesure », made to measure en Anglais.
Le mot sur-mesure est aujourd'hui galvaudé : de la demi-mesure industrielle et du sur-mesure artisanal peuvent être mis sur le même plan alors qu’ils ne jouent pas dans la même catégorie. La différence entre demi-mesure et sur-mesure n’est pas toujours facile à établir mais il est souvent admis pour simplifier :

• Le bespoke est le procédé selon lequel le tailleur prend directement les mesures sur le corps du client en créant ainsi un patron unique, en ne se basant sur aucune autre référence que celle de son mètre ruban.

• Le procédé de la demi-mesure consiste lui en une prise de mesure sur le corps du client mais en se basant sur un patron préexistant et en l’ajustant ainsi aux mesures adéquates du client.

Fondamentalement, quelle différence entre les deux me diriez-vous ? Outre le prix – comptez entre 300-500 euros pour une chemise bespoke – la demi-mesure n’offre souvent pas la possibilité d’effectuer certains détails de puristes, faits main. Je pense notamment aux boutons cousus en zampa di gallina, à l’emmanchure décalée afin d’assurer plus de mouvement au porteur ou encore à la continuité des motifs entre deux coutures sur l’ensemble de la chemise.

Une épaule typiquement italienne dit « spalla camicia » : les rayures bleu et blanches se répondent parfaitement des deux côtés de l’épaule.

Une épaule typiquement italienne dit « spalla camicia » : les rayures bleu et blanches se répondent parfaitement des deux côtés de l’épaule.

Une emmanchure décalée qui permet une meilleure rotation de l’épaule sans que le tissu ne « tire » excessivement.

Une emmanchure décalée qui permet une meilleure rotation de l’épaule sans que le tissu ne « tire » excessivement.

Mais est-ce à dire que le sur-mesure est forcément mieux que la demi-mesure, ou que le Prêt-à-Porter ? Je ne pense pas pour une raison très évidente : aucun physique ne se ressemble. Une chemise en PAP peut parfaitement convenir à certains s’ils y trouvent leur compte. La demi-mesure ainsi que le bespoke permettent souvent un saut indéniable en qualité, mais il ne faut pas oublier l’élément le plus fondamentale d’une pièce : le fit. Certains articles de PAP taillent parfois mieux que ceux confectionnés en demi-mesure ou bespoke. Certains vous diront : « c’est le charme du bespoke, ces petites imperfections ». Sans doute. Mais pour 400 € la chemise, je préfère en endosser une parfaitement bien coupée et qui convienne à ma morphologie, fusse-t-elle du monde du PAP ou de la demi-mesure.

Je ne me fais pas l’avocat du diable. Je souligne simplement certaines nuances qui conduisent à d’éternels nœuds dans le cerveau pour certains d’entre nous. Si j’ai moi-même opté pour la demi-mesure, c’est parce que je ne trouvais pas de chemises correctement coupées dans le commerce qui me conviennent. Soit des manches trop longues, soit des épaules tombantes sur une chemise formelle – un sartorial faux pas –, ou encore des cols riquiquis.

Shirtonomy parle ainsi de « made to measure ». Toutefois, si les mesures renseignées sont celles d’une chemise bespoke, la chemise finie n’est-elle pas elle-même une véritable chemise sur-mesure ? La nomenclature du bespoke est bien plus complexe : elle comprend non seulement les mesures mais également les finitions. Pour cette raison, une chemise en made to measure ne pourra jamais être qualifiée de véritable bespoke. Selon moi, Shirtonomy utilise le bon vocable pour ses services en parlant de « made-to-measure ».

J’ai découvert Shirtonomy au détour d’un compte Instagram, celui d’Andreas Weinas. Ce n’est pas ma première expérience en « remote made to measure », la demi-mesure à distance. J’ai déjà pu tester Luxire, véritable temple des possibles : beaucoup de choses à dire sur cette marque, du bon comme du moins bon. Je voulais simplement changer pour essayer un chemisier de confection européenne (Luxire produisant en Inde). Les délais chez Luxire sont parfois assez longs, là où ceux de Shirtonomy sont de 20 jours ouvrés maximum. L’expédition est d’ailleurs rapide avec un service soignée.

Je cherchais un tissu pour une chemise formelle. Quelque chose de simple, d’efficace et surtout pas de popeline ! Ceux qui ont déjà essayé ce tissu savent qu’au moindre signe de transpiration, la chemise se transforme en ce que j’appelle « région Grands Lacs ». J’ai donc trouvé un twill de coton bleu ciel tissé en Italie. Pour moi, une chemise formelle n’est pas forcément blanche. Je trouve d’ailleurs une chemise bleu ciel plus essentielle qu’une chemise blanche : essentielle car plus polyvalente, là où une chemise blanche pourra faire tâche dans un cadre plus décontracté, mais nécessitant tout de même le port d’une chemise. Ce twill de coton bleu ciel est donc parfait : robuste, ne brille pas – je ne suis pas un S. A. P. E. U. R – avec surtout une jolie teinte de bleu.

 
Un beau twill de coton proposé à 1049 SEK, soit 98 euros.

Un beau twill de coton proposé à 1049 SEK, soit 98 euros.

 

Shirtonomy propose dix cols différents, du plus casual au plus formel. Mes préférés sont le « Turndown » ainsi que le « Formal BD – button down ». Ce dernier est parfait pour une pièce casual, le col forme un magnifique « S » ou « rollino » en Italien, avec une pointe à 9,3 cm !

 
Juste pour le plaisir des yeux, admirez ce « rollino »…

Juste pour le plaisir des yeux, admirez ce « rollino »…

 

Voici les différents détails de ma chemise : boutons en nacre, sans poche, sans gorge et surtout, un col très généreux. Je suis tombé amoureux des cols proposés par Shirtonomy – outre les nombreux button down que je possède – je suis partisan des cols bien proportionnés. A bas les petits cols ! Le mien se nomme « turndown collar » et voici ses caractéristiques : une longueur des pans de 9,3 cm, une hauteur de col de 4,2 cm et une distance entre les deux pointes de 12,5 cm, le tout moyennement rigide. Pour moi, le col parfait.

 
C’est un col qui se prête au port de la cravate : les pointes tombent harmonieusement sur le torse. Rien ne vous empêche de porter ce type de chemise ouverte sans cravate mais je déconseille fortement la pratique du « air-tie » comme sur la photo de…

C’est un col qui se prête au port de la cravate : les pointes tombent harmonieusement sur le torse. Rien ne vous empêche de porter ce type de chemise ouverte sans cravate mais je déconseille fortement la pratique du « air-tie » comme sur la photo de gauche.

 

C’est un col assez généreux peu courant en France mais très apprécié en Italie. C’est précisément ce que je recherchais : un col souple et assez long – qui ne fasse pas Seventies pour autant – afin que les pointes se logent harmonieusement sous la veste. Je ne mets plus de baleine dans mes cols depuis de nombreuses années. Une baleine est un petit bout en métal, plastique ou nacre, que l’on place à l’intérieur des cols afin de les maintenir en place. Shirtonomy propose cette option gratuitement.

Une baleine amovible se loge ici à l’intérieur du col. Il existe aussi des baleines incorporées directement dans le col, fuyez-les s’il vous plaît. Crédit photo ici

Une baleine amovible se loge ici à l’intérieur du col. Il existe aussi des baleines incorporées directement dans le col, fuyez-les s’il vous plaît.
Crédit photo ici

Je trouve les baleines peu esthétiques et peu pratiques : le col est en général déjà bien maintenu et le rajout de cet accessoire ne fait qu’en doubler la rigidité. Pour se débarrasser des baleines, le secret est de porter des cols généreux – je dirai qu’à partir de 8 cm cela devient intéressant – afin que les pointes puissent se loger sous la veste et ne soient plus visibles. C’est un avis personnel, mais le confort ainsi que le rendu visuel sont du plus bel effet.

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Je trouve que l’effet du col est très beau visuellement. J’ai volontairement incurvé les pointes du col pour obtenir cet effet « toboggan ».

Je trouve que l’effet du col est très beau visuellement. J’ai volontairement incurvé les pointes du col pour obtenir cet effet « toboggan ».

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Voici comment j’intègre la chemise en portant tout simplement un blazer bleu.

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Quels points regarder pour savoir si une chemise est qualitative ou non ?

En plus du tissu, je regarde les finitions suivantes. Pour ma chemise :

• Poignets : les coutures sont nettes et le bouton est bien aligné au niveau de la boutonnière. Par ailleurs, les poignets sont « dégarnis » : le superflu de tissu est enlevé à l’intérieur, signe de qualité.

• Col : lui aussi est dégarni, il a une très bonne tenue.

• Quantité de fils qui dépassent : je n’en vois pas ! Signe de soin et de bonne finition.

• L’emmanchure est-elle bien alignée ? Oui tout de même, les coutures sont propres.

• L’épaule : les coutures sont très nettes et robustes, un vrai plus.

• Finesse et régularité de l’ourlet du bas de la chemise : lui aussi est net.

• Montage des boutons : il n’est pas à queue, mais résistant tout de même.

• Boutonnière : elle n’est pas faite main mais elle est très bien exécutée.

• Hirondelle de renfort sur le bas de la chemise : inexistante, Shirtonomy ne la propose pas en option malheureusement. L’hirondelle de renfort est un empiècement de tissu venant joindre le bas des pans avant et arrière de la chemise sur la couture du côté ayant pour objectif de renforcer ce point éventuel de tension.

• Présence de couture anglaise : oui ! Un super point pour cette chemise. La couture anglaise donne un aspect moins brut aux bords et permet de les rendre très nets. La couture anglaise a comme avantage de rendre la couture plus solide : avec une double couture, le tissu sera moins susceptible de s’effilocher avec le temps. Les Anglais appellent d’ailleurs paradoxalement ce type de finition « french seam », soit « couture française ».

• Boutons : en nacre. C’est une option payante chez Shirtonomy, mais quitte à en poser, autant que cela soit sur un beau tissu comme celui-ci.

Un poignet bien exécuté

Un poignet bien exécuté

Une épaule nette

Une épaule nette

Une boutonnière très propre

Une boutonnière très propre

Les finitions de ma chemise Shirtonomy sont dans l’ensemble très satisfaisantes.

Shirtonomy propose également le rajout possible d’un monogramme sur l’extérieur de votre chemise, mais ne le faites pas : à moins de souffrir d’Alzheimer, vous savez que c’est la vôtre ! Cette pratique remonte à la moitié du XIXème siècle lorsqu’on envoyait son linge dans les lavoirs collectifs publics et permettait ainsi de retrouver ses vêtements plus facilement.

Conclusion

Une chemise fabriquée en Europe avec de très belles finitions pour un prix raisonnable ? Oui, tout à fait. J’aime cette chemise. Les prix chez Shirtonomy sont justes, les délais de livraison sont respectés et le service client toujours disponible. Sans doute une efficacité suédoise qui nous échappe.

Je dirais tout de même que le chemisier scandinave doit encore se développer pour proposer encore plus de tissus et plus de personnalisation dans le design de la chemise. Je pense notamment au rajout de poches poitrines à rabats ou de forme « saw-tooth » sur une belle toile denim.

Qu’est-ce qui différencie Shirtonomy des autres marques « made-to-measure » qui fleurissent sur Internet ? Selon moi, les tissus sont tous très beaux et proposés à des prix justes. La fabrication européenne avec le savoir-faire qui l’accompagne est également un réel atout. Enfin, la livraison assez rapide de la pièce est un réel point positif, là où il faut parfois patienter (trop) longtemps pour recevoir sa chemise ailleurs : à vous le lin et le seersucker pour cet été !

Texte et photos : Marcos Eliades

Instagram : lord_byron1

 

Trunk Tailors - Italie, Asie et Australie + Interview exclusive

 
 

L'univers du menswear en Australie est en pleine effervescence depuis quelques années. De très belles marques se créent. Comme P.Johnson*, Christian Kimber et...Trunk Tailors dont on va vous parler aujourd'hui.
Vous vous demandez peut être pourquoi nous prêtons autant d'attention à ce qui se passe à 15 000 km de chez nous ? La raison est simple, le continent australien n'a pas le même historique que le Royaume-Uni ou l'Italie en matière de vêtements. Un état d'esprit différent peut donc y naître plus facilement.

*pour ceux qui voudraient en savoir plus on avait déjà écrit un article ici ou encore

 

HISTOIRE

La marque est née en septembre 2014, fondée par Jack Liang et Homie Yang. Pourquoi choisir nom de Trunk Tailors ? Tout simplement parce qu'ils voyagent à proximité de Melbourne pour leurs rendez-vous de prise de mesure, d'essayages...Ce qu'on appelle communément un trunk show. Sous-entendu, un showroom itinérant.

Jack Liang et Homie Yang / Photo de Theversatilegent.com

Jack Liang et Homie Yang / Photo de Theversatilegent.com

Une aventure qui a commencé avec très peu de moyens. Juste de l'envie et une passion pour le vêtement masculin. Il est inspiré dans un premier temps par le style workwear avec des marques comme Visim ou Red Wing. Mais c'est en ayant besoin d'un costume pour un travail l'été qu'il en vient à s'intéresser de plus près au tailoring. S'en suivra quelques voyages en Italie, la Mecque en matière de menswear. A Naples, Florence ou encore Milan. Jack y achètera quelques vestes, surpris par la qualité du travail effectué par les différents ateliers visités. De retour en Australie, ses fluctuations de poids le dissuaderont de commander à distance. Après un an et demi de recherche, il finiront par trouver un tailleur à Hong Kong qui travaille avec une vingtaine d'employé.

 

We started with almost no capital, two return flight tickets and some vintage fabrics that we had saved. We are not models by profession, have very little knowledge in art and are not trained in sales.
— Jack Liang / Theversatilegent.com - Octobre 2017

INTERVIEW EXCLUSIVE

L’équipe de Trunk Tailors a gentiment accepté de répondre à nos questions.

What is your background before starting this adventure?

My partner Homie Yang used to work in Harrolds, a high-end menswear retail shop in Melbourne prior to Trunk Tailors. I am admitted as a lawyer but quit my job at PricewaterhouseCoopers after working in corporate for 5 and half years to pursue this full time. Over the years, we have traveled and commissioned bespoke garments all around Italy, Japan and other regions. For us, it is the raw nature of tailoring, the lack of marketing that you would find in high end retail that attracted us. What most don't realise when they come in for an appointment is that it is truly one of the last remaining experiences where one can choose any fabric from around the world, have us source a deadstock fabric from Paris, request a particular lapel shape or have anything made from scratch. Yes, most tailors focus on colour of lining, buttonhole and monograms to get a client and their partner excited. However, for us, we are constructing a real hand made product intelligently. The idea of a blank canvas excites us. 

Photo de Jamie Ferguson alias Jkf_man

Photo de Jamie Ferguson alias Jkf_man

Your suits are fully canvassed while the Australian climate might suggest that you would opt for something lighter. What do you think?

As all our suits are made by hand from scratch, we are versatile with every commission and tend to use the thinnest layer of canvas for our spring summer commissions. For a normal business suit, we recommend full canvas or light canvas (still full but thinner). For a tweed or casual suit, we tend to go without any canvas. The reason is that most tweed are bouncy and heavy with their own characteristics, you simply don't need to add anything more to shape the garment. For something like linen, wool silk linen mix etc, we find that the garment should mold with the wearer and gets better with every crease. 


Your brand is very influenced by the Italian style. It's been a few years since this style is very popular on the Internet. Are you not you afraid that this trend will run out of steam?

I'd say our style is simply born out of necessity. It may be somewhat Italian, but i'd like to think in Australia it is more universal and we simply adapt to our every day life. For instance, I think the days of layers of canvas and sculpturing a man's body is over. Whether it is Italian or not, I think it is simply because it is 2018, we are much more aware of our own skin, and half the guys in Australia bench press way more than they need to in the gym. Therefore, there is no need to accentuate their physique like older days as the English would. Soft shoulders, lighter construction are here to stay, but that doesn't mean wearing a suit should be sloppy. 

There is a trend to dress as if you just put it on without thought, you shouldn't. I think one should still stay well groomed, learn to press your suit, iron your shirt, shine your shoes and dress proud. 

Photo de Jamie Ferguson alias Jkf_man

Photo de Jamie Ferguson alias Jkf_man


Have you planned to do trunkshows abroad?

We currently travel 3-4 times a year to other major cities in Australia and China. There is no 'ambition' to do beyond that in the short term. We are a very small team and our workshop simply cannot facilitate a much larger increase in volume. It is one of our great luxuries to be able to work with a small workshop and be able to hone in on every single garment design and to facilitate the design process with each individual client, something a factory cannot do. If we were to increase our volumes, our fundamental customer experience will deteriorate and we simply won't be as focused on our customers. 

 

OFFRE


La prise de commande est légèrement différente d'une offre MTM (Made to Measure) classique. Toutes le mesures sont prises par Jacket et Homie puis envoyées à leur tailleur. Celui-ci réalise le patron en partant de zéro. Ils insistent là-dessus. Car dans une offre de MTMT standard, il n'est pas possible de faire beaucoup d'ajustements sans déséquilibrer le patron. En reprenant tout à zéro, la marge de manœuvre est beaucoup plus grande. En pratique il est donc possible de retoucher le placement de ce qu'on appelle en anglais la "gorge" par exemple. Ce ne sont donc pas moins de trois essayages qui sont nécessaires.

trunk tailors

Cylistes amateurs tous le deux, ils comprennent bien l'importance d'une bonne prise de mesure. Dans leurs cas c'est d'avoir un pantalon qui puisse gommer visuellement leurs cuisses un peu trop volumineuses.

It’s all handmade ; You may not realise it now, but after wearing it for a while you’ll start to feel the difference
— Jack Liang / Thehounds.com.au Août 2016
Photo Trunk Tailors - Ici à Paris chez Lafayette Saltiel Drapiers

Photo Trunk Tailors - Ici à Paris chez Lafayette Saltiel Drapiers

 

DISTRIBUTION

Ils ont un showroom situé à Melbourne. Petit comme peuvent l'être certaines boutiques italiennes. Jack se rappelle par exemple que la boutique du fabricant de cravate Marinella à Naples est toute petite. Il ne s'y attendait pas.

La marque distribue également des cravates de chez Drake's, des lunettes de Nackymade, des parapluies Francesco Maglia et bientôt leurs propres polos de chez Luca Avitabile.

 

LOOKBOOK

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Photo Trunk Tailors

Photo Trunk Tailors

Photo Trunk Tailors - Tenue casuale

Photo Trunk Tailors - Tenue casuale