Pull Shetland Jamieson’s - Test et Avis

 

Mise à jour le 24/07/2020 : Jamieson’s nous informe qu’ils viennent de lancer leur propre site de vente en ligne. Vous trouverez également une offre très complète et détaillée sur Endclothing ici.

Pull Shetland, pull Shaggy Dog, pull Fair Isle ou tout simplement pull Écossais : autant de dénominateurs qui évoquent les pulls en laine emblématiques de l’Ecosse.
Dans cet article nous nous focaliserons principalement sur les pulls Shaggy Dog de la marque Jamieson’s.

Poneys écossais Crédit Photo : Rob McDougal

Poneys écossais
Crédit Photo : Rob McDougal

Un pull chargé d’Histoire

Les premiers colons nordiques commencent à tricoter ces pulls emblématiques grâce à l’importation de leurs troupeaux de moutons sur les îles britanniques Shetland au cours du IXème siècle. Les pulls Shetland sont fabriqués à partir de la laine des moutons petits et robustes de race Shetland parfaitement adaptés à la vie de ces îles du Nord. Aujourd’hui encore, ces moutons produisent une laine si unique qu’elle est devenue une véritable culture sociale et commerciale pour l’archipel. Les pulls en laine Shetland ne sont pas aussi volumineux que les tricots à motifs câblés Irlandais ou fin que ceux 100% mérinos que l’on trouve chez Uniqlo mais sont souvent un bon intermédiaire. Ils peuvent aussi être très duveteux, comme c’est le cas du Shaggy Dog.

une production ENTIÈREMENT locale

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Jamieson‘s est une entreprise familiale depuis plus de 5 générations. Elle a commencé en 1890 à Sandness grâce à Robert Jamieson’s. L’entreprise y est toujours localisée un siècle plus tard. A ses débuts les fils Shetland étaient considérés comme trop fragiles pour être filés sur des machines industrielles. Ils étaient donc mélangés avec d’autres laines plus grossières. C’est en 1978 que la famille Jamieson’s réussie à filer un fil 100% laine Shetland.

La laine brute dans l’atelier de Jamieson’s

La laine brute dans l’atelier de Jamieson’s

Bobines de fils produite par Jameson’s - Elles sont vendues pour les personnes qui souhaitent tricoter leurs pulls à la main et constituent encore une bonne partie de l’activité de l’entreprise

Bobines de fils produite par Jameson’s - Elles sont vendues pour les personnes qui souhaitent tricoter leurs pulls à la main et constituent encore une bonne partie de l’activité de l’entreprise

Jamieson’s s’approvisionne auprès de plus de 80 exploitants agricoles pour récolter sa matière première essentielle : la laine Shetland. Toutes les opérations suivantes sont réalisées en interne : dégraissage pour enlever la suintine, teinture en bourre ou sur fils, cardage, filage…jusqu’au tricotage final.

Teinture des fibres ou parle aussi de teinture en bourre

Teinture des fibres ou parle aussi de teinture en bourre

Remaillage du col sur le panneau avant

Remaillage du col sur le panneau avant

Auparavant le tricotage était principalement fait à la main et à la maison par des tricoteuses sur tout l’archipel. Mais petit à petit cette main d’oeuvre s’est faite rare. En parallèle, la maison Jamieson’s se développait considérablement : ce fut ainsi une des premières familles à utiliser des machines à tricoter à commandes numériques, totalement pilotables grâce à des ordinateurs. Ce faisant, la famille relève le défi de l’industrialisation tout en conservant ses racines traditionnelles en utilisant des motifs Fair Isle et en proposant même davantage de motifs au sein de son catalogue.

A côté du tricotage, Jamieson’s produit également ses propres tissus. Encore une fois, outre les opérations de finissage (lavage…), tout est réalisé en interne. Du fil au tissage.

Tissage du tweed

Tissage du tweed

Production d’écharpes en laine

Production d’écharpes en laine

Résultat final : un très beau tissu

Résultat final : un très beau tissu

100% pure laine Shetland

100% pure laine Shetland

Métier rectiligne japonais SHIMA SEIKI SES122FF des années 1990 - La machine tricote ici l’un des panneaux avant des pulls

Métier rectiligne japonais SHIMA SEIKI SES122FF des années 1990 - La machine tricote ici l’un des panneaux avant des pulls

Programmation sur odinateur des motifs Fair Isle

Programmation sur odinateur des motifs Fair Isle

Pulls Fair Isle

Pulls Fair Isle

Pulls classiques Jamieson’s

Pulls classiques Jamieson’s

Aujourd’hui, la cinquième génération de la famille Jamieson’s est à pied d’œuvre, Peter et son fils Garry, continuent à promouvoir leurs produits en Shetland.

Toutes les captures d’écran ci-dessus proviennent de cet excellent reportage de Greg McCarron :

Test et avis du pull Jamieson’s

Considéré il y a encore quelques années comme un « pull à Papy », le Shetland sweater connaît une recrudescence depuis quelque temps. Comment expliquer ce phénomène ? Une partie de la réponse se niche dans notre nouvelle façon de consommer – buy less but buy best – et le retour en force des pièces intemporelles avec des matières nobles ou tout simplement bien confectionnées.
Par ailleurs, des eshops ou magazines de mode masculine les mettent souvent à l’honneur. On pense au magazine L’Étiquette, Jinji, J Crew, Drake’s, End Clothing

Note : en faisant des recherches pour cet article, je suis tombé sur la marque Bosie Knitwear/Hartley qui propose la personnalisation du brossage ! Il est donc possible de choisir un pull Shetland « Extra Shaggy ». Et si votre taille n’est pas disponible à un instant T, il est possible de la commander afin qu’on vous la confectionne.

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C’est la marque américaine J. Press qui crée le terme Shaggy Dog dans les années 1950 et des personnalités tels que JFK le portaient fièrement et simplement. Ainsi, une pièce initialement assez populaire et confidentielle géographiquement, est devenue accessible au plus grand nombre.

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Il est par ailleurs devenu la pierre-angulaire du style Preppy/Ivy au même moment durant les années 1950-1960 dans les universités américaines.

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Derrière son esthétique simple et un peu rêche visuellement, il reste étonnamment agréable à porter : il est aussi chaud qu’aéré ce qui en fait une parfaite pièce pour un layering hivernal ou automnal. Shaggy signifie « ébouriffé » ou « velu » : on a l’impression que le pull a reçu une décharge électrique mais c’est le résultat de brossages successifs qui en donne cette apparence. Un œil inexpérimenté vous dira que le pull souffre de bouloches excessives – qui ne sont autres que des excès de laine et en aucun cas signe de mauvaise qualité du pull – et qu’il est donc bon à jeter, vous pourrez lui rétorquer que le pull est en parfait état et qu’il continuera à se bonifier avec le temps.  

Ce modèle a également des manches dites « raglan ». Selon le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), cela signifie : « qui a des emmanchures coupées en biais se prolongeant jusqu’à l’encolure. Manteau de voyage à pèlerine pour hommes, qui fut à la mode au Second Empire ». Cette pratique s’est transposée dans le vêtement, notamment les pulls. Personnellement, je trouve que c’est un plus : un des plus gros avantages est la garantie d’une plus grande ampleur de mouvements du bras et donc de l’épaule. Avec une manche raglan, pas de craquage de tissus ! Ce manque de structure permet aussi tout simplement d’avoir plus de place en dessous afin de le porter avec un OCBD par exemple.

La pièce fonctionne parfaitement avec un OCBD (chemise Oxford Cotton Button-Down) et un chino beige, pour un look très Ivy

La pièce fonctionne parfaitement avec un OCBD (chemise Oxford Cotton Button-Down) et un chino beige, pour un look très Ivy

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Pour ce test, j’ai choisi du S. A noter que je fais habituellement du XS mais la marque s’arrête à cette taille, visuellement et d’un point de vue du confort, le fit est parfait. Il taille normalement, sans être ni trop cintré ni trop ample. Ce pull m’a coûté 145 euros. Inutile de chercher à acheter ce pull sur le site propre de la marque Jamieson’s : il n’y en a pas ! La marque préfère distribuer ses pulls via des eshops spécialisés en la matière, quelques-uns sont cités plus haut comme EndClothing ici.

Ici la technique de brossage de la laine est bien visible. A noter qu’au fur et à mesure des lavages, le pull sera de plus en plus « shaggy »

Ici la technique de brossage de la laine est bien visible. A noter qu’au fur et à mesure des lavages, le pull sera de plus en plus « shaggy »

Le Shaggy Dog est tout simplement – à mon sens – un basique de la garde-robe masculine. C’est un peu une de ces pièces qui sont des « no brainers » comme disent les Américains : pas de prise de tête. Ce qui est intéressant est justement la rugosité du pull, il n’est pas lisse vu qu’il a été brossé donc cela confère texture et allure à son porteur. De par ce brossage qui paraît grossier mais tout de même maîtrisé, ce pull appartient au registre vestimentaire casual. Un pull de tous les jours en somme. Il m’arrive de le porter aussi à même la peau, ce n’est pas le pull le plus doux il faut le dire, mais il ne gratte pas excessivement non plus (sans doute ne suis-je pas ultra-sensible non plus). Les finitions sont au rendez-vous : bords côtes et tissage impeccable. Concernant la laine, le brossage lui confère un aspect spongieux et ultra léger, on a l’impression d’être enveloppé par un nuage : on ne ressent pas de lourdeur sur les épaules comme cela peut-être le cas avec un traditionnel cable knit Irlandais.

Autre point important, à l’instar d’un cuir cordovan qui se patine avec le temps, ce pull deviendra de plus en plus doux après chaque port et chaque lavage (il ne faut pas en abuser pour autant ! Personnellement, je le lave – comme tous mes pulls – en cycle « délicat laine » 20/30 degrés, sans essorage. Ensuite je l’étends à plat sur le tancarville et je laisse mère nature prendre le relais pour le séchage. As simple as that). Le pull vieillit donc avec son maître.

 

SHAGGY DOG J.PRESS et LAURENCE J.SMITH

J’ai personnellement choisi la couleur bleu marine car je voulais un basique de chez basique, mais j’aurais pu choisir une couleur plus « criarde » comme ci-dessous et l’intégrer dans ma garde-robe. Pas sûr en revanche que j’aurais choisi un pull avec une énorme étiquette « Shaggy Dog J. Press » mais libre à tout un chacun ! A la place, j’ai choisi un pull de la marque Laurence J. Smith, en vert. Le début d’une collection chromatique ?

Pulls Shaggy Dog de J.PRESS Source ici (l’occasion de découvrir aussi le lookbook associé)

Pulls Shaggy Dog de J.PRESS
Source ici (l’occasion de découvrir aussi le lookbook associé)

 

CONCLUSION

Vous l’aurez compris, pour moi, le Shaggy Dog est un pull qui permet de s’affirmer, de faire un statement, une pièce de « connoisseur » à l’héritage américain mais dont l’histoire commence en Ecosse.
Comme l’a très bien dit Gauthier Borsarello sur un site confrère  : « c’est un pull qui a du chien ».


Quelques exemples ci-dessous de pull shetland Jamieson’s. Liens en cliquant sur les images.