Fedeli - L'un des rois des pulls en cachemire

 
 

Il y a quelques jours nous écrivions un article sur la très belle marque de pulls italienne Fedeli.
Pour le compléter, voici 4 citations de Nino Fedeli que vous pouvez trouver dans le livre “In principio era un cappello” qui retrace l’histoire de l’entreprise entre 1934 et 1999.
Nino Fedeli y évoque ses voyages très formateurs, les Cotton Machines, les machines Dubied, le savoir-faire écossais dans le cachemire, les pulls à torsades…

C’était un véritable désert, personne ne savait rien. Il fallait explorer, comprendre, foncer. Ma mise sur orbite eut lieu en mai 1946. Un voyage, un déplacement. Quatre mois. Ce fut, peut-être, la chance de ma vie. Je partis de Monza à destination de Neuchâtel, Suisse. Maintenant on dit “stage”. […] Bref, il s’agissait de passer quatre mois chez Dubied. C’était l’entreprise la plus importante dans la fabrication de machines à tricoter.
— Nino Fedeli
Le fait est qu’il ne faut pas simplement être dans un atelier, y aller tous les jours et être toujours présent. Dans un secteur tel que celui-ci, il faut connaître chaque élement, chaque phase de la production. Et puis, il faut observer ce qui se passe ailleurs. A Neuchâtel j’avais vu les torsades. Oui, les pulls à torsades. On a pensé : “pourquoi ne pas les faire ici ?”. Début des années 50. On a été les premiers à les produire en Italie. Ce fût un succès immédiat.
— Nino Fedeli
La bonneterie est un secteur êtrement complexe. Nous avions par exemple un problème : le finissage et donc la phase servant à contrôler la qualité du travail après l’assemblage des différentes parties d’un vêtement. [...] Un point noir dans toutes les bonneteries italiennes. Il fallait faire un autre voyage.
— Nino Fedeli
Départ le 11 février. Londres. Puis, Édimbourg. J’avais contacté le plus grand producteur de fil de cachemire parce que je voulais voir, observer le traitement.[...] D’Édimbourg je me rends à Hawick, ensuite à Birmingham. Je vois, pour la première fois, un métier Cotton machine. Le nom dérive de son inventeur, William Cotton. Révolutionnaire : une seule personne peut contrôler la production de douze tricots simultanément. Je l’achète puis je vais en Suisse [...] pour voir une autre machine pour la fabrication des bords-côtes
— Nino Fedeli
Machine à tricoter rectiligne Shima Seiki Image tirée du livre “In principio era un cappello”

Machine à tricoter rectiligne Shima Seiki
Image tirée du livre “In principio era un cappello”

Les tables de coupe pour les pièces en coupé-cousu Image tirée du livre “In principio era un cappello”

Les tables de coupe pour les pièces en coupé-cousu
Image tirée du livre “In principio era un cappello”

Remailleuses - 1947 Image tirée du livre “In principio era un cappello”

Remailleuses - 1947
Image tirée du livre “In principio era un cappello”

Surjeteuse Rimoldi  Image tirée du livre “In principio era un cappello”

Surjeteuse Rimoldi
Image tirée du livre “In principio era un cappello”

 

Interview d’un ancien directeur technique d’une usine de tricotage française

 
 

Ci-dessous une interview intéressante d’un ancien directeur technique, Gaëtan Douez, d’une usine de tricotage située à Vierzon qui fonctionnera jusque dans les années 1980.
Gaëtan Douez revient sur le développement de la société depuis son arrivée dans les années 50 jusqu’à la fermeture. Une discussion technique (à partir de la 20ième minute) qui permet de mieux comprendre les dessous des usines des tricotages.

  • L’usine de tricotage - Tricotages du Verdin - est initialement spécialisée dans la layette, c’est à dire les vêtements en maille destinés aux nouveau-nés. La layette est obtenue - à cette époque - à l’aide de machines dites à mailles retournées à cartes perforées. Les aiguilles de ces machines possèdent un double crochet qui permet d’obtenir des points particuliers très caractéristiques de la layette : point de mousse, point de riz…

  • Dans un deuxième temps, l’entreprise Tricotages du Verdin va s’équiper de machines rectilignes pour faire des vêtements Enfant.

  • Afin de lancer une ligne Femme, Tricotages du Verdin va également s’équiper de machines circulaires pour produire des tricots uni et jacquards au mètre. On parle généralement de maille au mètre, puisque de manière similaire aux tissus, cette matière est produite au mètre puis transformée en vêtements grâce au coupé-cousu.

  • Dernier ajout dans les années 70, un atelier de fully-fashioned. Tricotages du Verdin achète une machine anglaise Monk similaire aux machines Bentley Cotton dont on a déjà parlé ici. Elles permettent de produire simultanément plusieurs panneaux de tricot en fully-fashionned, c’est à dire déjà en forme via des diminutions/augmentations. Une machine qui est tellement massive que c’est un atelier qui est construit autour d’elle et non l’inverse.

Gaëtan Douez revient également sur ses tâches quotidiennes et notamment sur une notion qui est sans doute assez difficile à percevoir lorsque l’on ne travaille pas dans le milieu de la mode : la différence entre la production et la collection. En effet, Gaëtan Douez passe une bonne partie de ses journées à développer les nouveaux points de tricots des prochaines collections. Ce travail très technique est effectué en parallèle de la production des collections à livrer aux magasins et détaillants. Le directeur technique doit donc sans cesse jongler entre les collections futures et celles en cours de production.
L’atelier ne passera cependant pas le cap des machines électroniques, ne pouvant ainsi rivaliser avec la concurrence sur la rythme de création de nouveaux échantillons et donc de nouvelles collections.

Pour en savoir plus : Memoirevierzon
Image d’illustration : Photo d’archive Tricots Gégé

 

Aiguilles - Machine à tricoter

 
 

Sur une machine à tricoter manuelle ce sont des centaines d’aiguilles qui peuvent être actionnées pour tricoter en quelques minutes ce qui prendrait plusieurs heures à faire entièrement à la main.
Mais à quoi ressemblent-elles ? On peut distinguer deux types d’aiguilles : celles à talon haut de celles à talon bas. - low butt / high butt en anglais.
C’est grâce à cette solution qu’il est par exemple possible de tricoter des mailles en côtes perlées ou anglaises : toutes les aiguilles ne travaillent pas au même moment.

Aiguilles Dubied è Jauge 5 A droite : talon haut A gauche : talon bas

Aiguilles Dubied Jauge 5
A droite : talon haut
A gauche : talon bas

Les aiguilles de ces machines anciennes se cassent assez fréquemment. De ce qu’on a pu remarquer, les deux éléments les plus fragiles sont le talon et le clapet de fermeture.

A gauche : le clapet de l’aiguille est cassé A droite : talon cassé

A gauche : le clapet de l’aiguille est cassé
A droite : talon cassé

Bien heureusement, il existe encore quelques NOS - New Old Stock - pour pouvoir maintenir ces machines en activité.

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Aiguilles Jauge 5 (plus la jauge est grande, plus les aiguilles sont fines) pour une Dubied type NHF2

Aiguilles Jauge 5 (plus la jauge est grande, plus les aiguilles sont fines) pour une Dubied type NHF2

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Machine à tricoter manuelle - Coppo

 
 

Side Project sur Les Indispensables Paris : restaurer et utiliser deux machines à tricoter industrielles et manuelles.

Suite de notre premier épisode consacré à la machine Dubied.

COPPO - Torino

Notre deuxième machine est italienne. Il s’agit d’une Coppo Super-Coptal qui date des années 1960. La première fois qu’on a entendu parler de cette marque, c’était dans un atelier d’une célèbre entreprise italienne spécialisée dans le knitwear basée en Lombardie.
Ci-dessous les photos prises à l’époque.

MISSONI (2).JPEG
MISSONI.JPEG

Jauge d’une machine à tricoter

Notre Coppo est une jauge 3. Elle est parfaite pour les grosses pièces, les fils utilisés ont un titrage assez faible. En d’autres termes, cette machine utilise des fils dont le diamètre est gros. Un gros pull d’hiver réalisé à l’aide de cette machine s’apparente à un pull tricoté à la main.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à chaque machine correspond une jauge précise. Pour pouvoir réaliser le plus large choix de maille possible (pull fin, épais, medium…) il est donc nécessaire de s’équiper de beaucoup de machines. Aujourd’hui avec l’apparition de machines multi-jauges, la problématique a quelque peu évolué.

Sur la photo ci-dessous on comprend mieux la notion de jauge. Il s’agit simplement du nombre d’aiguilles sur une même distance.
Sur la jauge 3, les espaces entre les aiguilles sont grands. Sur la jauge 5 ils sont plus resserrés. Et ainsi de suite. Sur une jauge 16 par exemple ils seraient vraiment très minces.

Jauge 5 à gauche | Jauge 3 à droite

Jauge 5 à gauche | Jauge 3 à droite

Cette Coppo nécessite également d’être restaurée. Elle n’a pas servie pendant des années et est rouillée sur une partie non négligeable des deux fontures. Avec un peu d’huile de coude et des brosses en laiton, on devrait pouvoir en enlever une bonne partie.

Zoom sur le chariot

Zoom sur le chariot

Quand les aiguilles “travaillent”, elles montent pour pouvoir “accrocher” le fil et former une maille en redescendant

Quand les aiguilles “travaillent”, elles montent pour pouvoir “accrocher” le fil et former une maille en redescendant

Le travail de nettoyage et de restauration passe également par la remise en état du chariot. Cet élément central d’une machine à tricoter met en action les aiguilles pour les faire travailler.
Sur l’envers on distingue ce qu’on appelle les cames. Ces pièces métalliques sont des guides pour les aiguilles. Suivant la position des cames, les aiguilles peuvent être amené à travailler ou non. C’est grâce à cela que l’on peut créer différents points de tricot - en fonction de la positon des cames.

coppo chariot.JPEG
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Pour finir, une vue éclatée du manuel d’époque de la machine.

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Suite au prochain épisode.