Quelles sont les 3 façons de fabriquer un pull ?

 

En regardant la dernière vidéo* de l’artiste Cassandre Lafon pour Neighbour et Arpenteur, nous avons eu l’idée de rappeler quelles étaient les façons les plus courantes d’assembler un pull lorsque celui-ci n’est pas tricoté en 3D. Les marques le précisent parfois dans leur descriptions produits, il peut donc être utile de savoir à quoi elles font référence.

Cette courte vidéo se déroule en partie dans l’une des usines françaises de tricot avec laquelle Arpenteur collabore pour réaliser un incontournable de leur collection, le Plano, un pull épais en laine mérinos aux proportions décontractées et confortables. Réalisé en maille perlée, il comprends également des manches raglan. Le type de pièce intemporelle, robuste et fiable.

Le pull Plano est réalisé en fully-fashioned, c’est à dire que les manches et le corps sont tricotés dans des panneaux en forme puis assemblés par la suite. Et justement, dans la vidéo on se rend bien compte qu’une partie du pull est remaillée, opération longue et minutieuse.

Les 3 façons les plus courantes d’assembler un pulls sont :

  • utiliser une remailleuse (linkers)

  • utiliser une machine “cup seamer”

  • utiliser une surjeteuse raseuse (overlocker)

Le remailleuses (linkers) et l’assemblage avec une “cup seamer” sont couramment utilisées lorsque le pull est réalisé en fully-fashionned.
À l’inverse, les surjeteuses raseuses (overlockers) sont principalement utilisées pour le coupé-cousu.

Le pull Plano de Arpenteur est fabriqué en fully-fashionned. Il n’est donc pas surprenant de découvrir que pull est principalement monté grâce à des remailleuses et fini grâce à des mahcines “cup seamer”.

Remaillage

Le remaillage est une opération longue, minutieuse et très précise. Elle demande des années d’apprentissage et est réalisée sur des machines électriques circulaires. Ce type de technique est l’opération de montage d’un tricot la plus coûteuse mais aussi la plus précise. Elle permet de réaliser un pull avec des mesures très précises.

Elle est aussi plus soignée et offre plus d’élasticité que les autres méthodes.
En résumé, c’est le top.

Elle est très souvent utilisée pour le montage des manches (têtes de manches) et des cols mais aussi des côtés du devant et des manches.

Remailleuse en action
Capture écran, Arpenteur x Neighbour

Assemblage maille à maille
Capture écran, Arpenteur x Neighbour

Assemblage maille à maille, le fil en blanc (contrastant) est retiré une fois l’opération de remaillage réalisée
Capture écran, Arpenteur x Neighbour

Assemblage avec une cup seaming machine

Ce type de montage est plus rapide que le remaillage et moins précis. Il consiste à passer deux bords entre deux guides en forme de roue, un peu comme dans une station de lavage automobile, afin de réaliser un point de couture pour lier les deux côtés.
Pour utiliser cette machine, les bords des tissus ne doivent pas être francs, et c’est pourquoi cette machine est particulièrement adaptée au fully-fashionned et non au coupé-cousu.

Cette technique est très souvent utilisée pour réaliser les côtés des pulls et des manches. C’est le cas ici, où l’ont voit que le poignet est fini avec cette méthode.

Capture écran, Arpenteur x Neighbour

Assemblage avec une surjeteuse-raseuse

Dans le haut de gamme, cette technique est principalement utilisée pour réaliser des pièces en jersey. Elle peut néanmoins être aussi utilisée pour assembler des pièces en maille, notamment si l’atelier de tricotage est spécialisé dans le coupé-cousu comme c’est le cas chez Le Minor - qui possède par ailleurs également les compétences pour remailler.


Images shopneighbour.com

*La vidéo en question :

Pulls Shaggy Dog - J.Press

 
 

HISTOIRE

J. Press est une marque pour homme fondée en 1902 sur le campus de l'Université de Yale par Jacobi Press, jeune immigré juif Letton arrivé aux Etats-Unis en 1896. Après avoir rejoint initialement son oncle tailleur dans le Connecticut, il rachète Goldbaum & Press, un atelier de couture, et fonde J.Press. Des magasins seront rapidement ouverts à New-York et sur les principaux campus des universités américaines de la Ivy League.
Jacobi Press aura deux fils, Irving et Paul. Ils travailleront tous deux chez J.Press, le premier en tant que styliste/directeur créatif et le second comme directeur financier. En 1974, la famille Press vend les droits de licence de J. Press pour le marché japonais à Kashiyama, ce qui en fait la première marque américaine à obtenir une licence au Japon. J.Press sera finalement revendue à Onward Kashiyama en 1986. Au moment de la vente, Irving et Paul ont tous les deux déjà plus de 70 ans.
Pour la petite histoire, J.Press a été parmi les premiers à importer des manteaux Burberry à partir de la fin des années 1920, des chapeaux fabriqués par Locke d'Angleterre, des parkas Barbour et même des vestes Brioni au début des années 60. Il s'agissait de costumes faits en Italie mais coupés selon les directives de J. Press.

J.Press est, avec Brooks Brother, probablement la plus belle représentante du style preppy américain. C’est aussi J.Press, qui, à la fin des années 1950 dépose et popularise* le Shaggy Dog, un pull à col rond en laine Shetland légèrement brossé sur l’extérieur. D’où la mention “REAL SHETLAND SWEATERS” sur les publicités de l’époque. Une référence à l’utilisation exclusive de laine Shetland.
Restituons le contexte de cette création. La guerre est finie, l’économie mondiale repart, les fabricants de tricots cherchent de nouveaux marchés. Dans le même temps, J.Press veut concurrencer le célèbre pull Shetland de Brooks Brothers. C’est à ce moment que, Irving Press a l’idée de brosser les pulls Shetland jusqu’à un certain point ; jusqu’à ce qu’ils ressemblent et procurent la sensation d’un “shaggy dog”, autrement dit un chien muni d’un pelage fourni, de poils hérissés. L’expression sera reprise et déposée. Le pull est toujours fabriqué à la main (via des machines manuelles) en Écosse dans un petit atelier familial.

Ah sure now, brush’em until she feels like a Shaggy Dog
— Le tricoteur de chez Drumohr dans les années 1950
 
Moins de 15$ à l’époque pour acquérir un pull J.Press Shaggy Dog  Image jpressonline.com

Moins de 15$ à l’époque pour acquérir un pull J.Press Shaggy Dog - à comparer au coût de la vie à cette date
Image jpressonline.com

Pulls hand-frame knitted i.e tricotés sur des machines manuelles telle que la Dubied que nous possédons Image jpressonline.com

Pulls hand-frame knitted i.e tricotés sur des machines manuelles telle que la Dubied que nous possédons
Image jpressonline.com

 

*Le pull Shaggy Dog sera porté par bon nombre de Stars comme Gary Grant ou JFK.

SUR LA QUESTION DE SA PRODUCTION

Une question passionne les internautes depuis plus de 10 ans : quel atelier fabrique les pulls Shaggy Dog de J.Press ?
Au-delà de la curiosité, cette question cache sans doute l’idée d’acheter le même pull mais moins cher, sous une autre marque produite par le même atelier. Pas sûr de s’y retrouver en terme de créativité, de coupe, du choix des fils, des couleurs ou des finitions.
Ce qu’on peut dire par contre, c’est qu’historiquement les pulls Shaggy Dog ont été conçus et produits en partenariat avec Drumohr, un atelier de maille écossais établi par la famille Robertson en 1770 qui est devenu au fil des ans l’une des références mondiales dans le tricot. La marque Drumohr existe toujours mais l’atelier de production est à présent situé en Italie.
Les pulls Shaggy Dog de chez J.Press sont quant à eux toujours produits en Écosse avec de la laine Shetland, vraisemblablement tricotés par Laurence Odie Knitwear dont a déjà parlé ici. C’est également l’un des quelques ateliers écossais qui tricote encore sur des machines manuelles.

Richard E.Press, ancien CEO de J.Press et FR Tripler, est aussi le fils de Paul Press. Capture écran Twitter 2013 - Décembre 2020

Richard E.Press, ancien CEO de J.Press et FR Tripler, est aussi le fils de Paul Press.
Capture écran Twitter 2013 - Décembre 2020

Capture écran Forum Borasification - Décembre 2020

Capture écran Forum Borasification - Décembre 2020

Pulls J.Press des années 60 - On notera la mention Made in Scotland by Druhmor Image Pinterest - Source indéterminée

Pulls J.Press des années 60 - On notera la mention Made in Scotland by Druhmor
Image Pinterest - Source indéterminée


Mise à jour Avril 2021 : Un de nos lecteurs nous a indiqué via Instagram que les pulls Shetland Woollen Co. et J.Press portaient la même étiquette “LOKL Made in Shetland SCOTLAND”.
LOKL fait - à n’en pas douter - référence à Laurence Odie Knitwear Ltd.

Les deux pulls présentent la même construction et un brossage similaire.

Pull Shetland Woollen Co à gauche et J.Press à droite  Image @valentin__hbt

Pull Shetland Woollen Co à gauche et J.Press à droite
Image @valentin__hbt

Pull Shetland Woollen Co en haut (beige) et J.Press en bas (gris anthracite) Image @valentin__hbt

Pull Shetland Woollen Co en haut (beige) et J.Press en bas (gris anthracite)
Image @valentin__hbt

Mise à jour janvier 2022
Sur cette photo prise en 2019 lors d’une visite de l’atelier Laurence Odie Knitwear par un photographe, on voit les étiquettes avec lequel Laurence Odie travaille ou a travaillé. Vous reconnaîtrez immédiatement le label J.Press Shaggy Dog sur la droite de l’image. On reconnaît par ailleurs également A.P.C, Bonpoint, Shetland Woollen Co., Boggi, Burberry’s, United Arrows, Holland & Holland, Aspesi, Bergdorf Goodman, Marcel Lassance ou encore Inverallan.

 

COLLECTION 2020

J.Press est sans doute la marque qui propose le plus de couleurs différentes pour ses Shaggy Dog. En 1959, au début de son lancement, le pull Shaggy Dog était disponible en 8 couleurs. Soixante ans après, c’est plus de 30 couleurs - on a compté - qui sont en ligne sur le site jpressonline.com. Des noms de coloris qui donneraient presque envie de les manger.

  • Bubble Gum Pink

  • Kelly Green

  • Chocolate Brown

  • Purple

A ses débuts le coloris Ivory faisait parti des meilleurs ventes - appelé Light Natural, il représentait jusqu’à 60% des ventes.

A noter également que les pulls sont disponibles en 2 coupes selon le modèle : Classic fit et Trim fit.
Pour finir, les pulls sont tricotés dans une laine Shetland 2 ply (2 fils).

Où les trouver en Europe ?

La marque est relativement peu distribuée en Europe.
Vous pouvez cependant regarder du côté de chez Nitty Gritty Store ou Mr Porter.

Montage de manche “set-in” Image nittygrittystore.com

Montage de manche “set-in”
Image nittygrittystore.com

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Ci-dessous une sélection de pulls vendus sur le site officiel de la marque.
Des frais de douane peuvent cependant s’appliquer si vous achetez depuis l’Europe.

Image jpressonline.com

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Le printemps est là - Sortez vos chemises en jersey

 

Vous l'avez sans doute remarqué, le printemps commence à bien s’installer. On s'est donc dit qu'il serait utile de partager une petite sélection - non affiliée - de chemises en jersey. 

Pour rappel, le jersey est une forme de tricot, et non de tissage qui ferait appel à un fil de chaine et un fil trame. (comme le jean par exemple)

Le résultat ? Un vêtement plus souple et élastique qu'une chemise en tissu (chambray, popeline de coton...). Vous aurez le confort d'un polo avec le visuel d'une chemise.

ASPESI (ici)

 

ZANONE (ici)

EIDOS NAPOLI (ICI)

APC : Le cardigan-chemise en laine et soie

Si les logos ne vous dérange pas, Ralph Lauren sort également chaque année une version en coton oxford. Ce modèle-ci par exemple.