COLHAY’S – Le cardigan grosse maille fabriqué en Ecosse

COLHAY’S

Le cardigan grosse maille fabriqué en Ecosse

 

Texte : Marcos E.
Photos : Thomas M.
Note : nous avons demandé à Cohlay’s de nous envoyer la pièce que vous aller découvrir dans cet article

4 octobre 1853, la guerre de Crimée éclate et déchire l’Europe. Les forces belligérantes turques, françaises et anglaises s’unissent contre l’expansionnisme russe. Considérée comme la véritable première « guerre moderne » de l’Histoire, elle permit l’utilisation massive de nouvelles technologies telles que les bateaux à vapeur, le télégraphe, les fusils à canon rayé et surtout la photographie. De cette guerre naissent les premiers photographes de guerre – ancêtres des reporters de guerre – grâce à Roger Fenton et James Robertson. Embarqué dans sa photographic van, Fenton entreprend un voyage périlleux en 1855 en direction de la Crimée. Assisté par son cuisinier et assistant, Marcus Sparling, ils sillonnent les champs de batailles en roulotte photographique faisant office de chambre noire ambulante chargés en plaques de verres pour le développement des photos. Si la guerre annihile, elle crée aussi des nouveautés. Sur le champ de bataille, une opposition vestimentaire a lieu. James Thomas Brudenell, lieutenant-général de l’Empire britannique et 7ème Earl de Cardigan, a pour idée de vêtir ses soldats d’une pièce chaude en maille dérivée de la sous-veste militaire lors de l’assaut victorieux de la bataille de Balaklava le 25 octobre 1854. Lord Cardigan vient d’inventer le cardigan.

James Thomas Brudenell, le 7ème Earl de Cardigan, connu sous le nom de Lord Cardigan (1797-1868)

De cet héritage militaire il ne subsiste pas grand-chose – sinon la possibilité de la décliner dans une matière technique – le cardigan est une pièce tellement ancrée dans les habitudes stylistiques modernes, qu’elle en est devenue indispensable dans la cohérence de certaines tenues. C’est ainsi que les marques d’aujourd’hui proposent leur version du cardigan. 

Nous vous proposons de découvrir la version de la marque COLHAY’S, un cardigan grosse maille confectionné en Ecosse dans la plus pure tradition britannique.

Interview du fondateur, Ronnie Chiu

Pour comprendre une marque – qui plus est une marque jeune comme Colhay’s, née en 2019 – nous pensons qu’il est toujours intéressant de se tourner vers celui qui l’a fondé. C’est ainsi que nous avons posé quelques questions à Ronnie. Sa vision du vêtement est précise et classique, inspirez-vous !

 1. Colhay's est-il né de la frustration de ne pas trouver des vêtements en laine que vous recherchiez ? 

D'une certaine manière, oui, mais l'inspiration derrière Colhay's est plus profonde que cela. Mon père a travaillé toute sa vie dans l'industrie de la mode, d'abord dans le prêt-à-porter masculin dans les années 1970, puis il a créé sa propre entreprise de bijoux et d'accessoires de mode. En grandissant, je lui rendais visite sur son lieu de travail et je me souviens avoir vu des piles de magazines de mode sur son grand bureau en chêne, et des milliers d'échantillons accrochés aux murs et éparpillés dans sa salle d'exposition. Par conséquent, dès mon plus jeune âge, mon père a eu une grande influence sur mon style ; c'était un père "cool" qui s'habillait de manière impeccable ; un de ces pères qui avait toujours quelque chose à dire sur la tenue que je portais et qui hochait la tête pour l'approuver ou fronçait les sourcils pour la désapprouver ! Je me souviens qu'on allait faire du shopping ensemble et qu'il me donnait toutes sortes de conseils de style, comme on peut s'y attendre d'un père qui travaille dans la mode. C'est donc de lui que viennent mon amour et mon intérêt pour les vêtements, et il n'est pas surprenant que je me sois orienté vers la mode masculine. La plus grande marque qu'il m'a laissée est peut-être sa conviction qu'il faut investir dans des vêtements de la plus haute qualité et en prendre soin pendant longtemps, car ils prendront ensuite soin de vous. 

En particulier, il croyait fermement que les vêtements fabriqués en Grande-Bretagne étaient de la meilleure qualité et valaient la peine d’avoir investi dedans, car il a grandi dans le Hong Kong colonial britannique. Il m'a transmis deux pulls fabriqués en Écosse qu'il avait achetés avec son premier salaire dans les années 1970, en parfait état après plus de 40 ans d'usure et de lavage à la main. J'ai été tellement impressionné par la qualité de ces pulls que je me suis mis en quête de la même qualité que celle dont mon père parlait si affectueusement, mais j'ai eu du mal à trouver ce même niveau de qualité qui, en même temps, était conçu pour flatter la personne qui le portait - si la qualité était là, le style ne l'était pas, et vice versa. J'ai fini par trouver la ville d'Écosse où les pulls de mon père étaient fabriqués toutes ces années auparavant. Certains des fabricants restants, bien que beaucoup plus petits, produisent toujours avec la même qualité que lorsqu'ils fabriquaient les pulls de mon père il y a tant d'années. En fait, l'un des directeurs de l'usine a tout de suite reconnu l'étiquette du pull de mon père et a plaisanté en disant qu'il avait probablement participé à la fabrication de ce pull lorsqu'il était jeune, il y a 40 ans !

C'est ainsi qu'est né Colhay's - l'idée est de combiner la qualité d'un héritage (des vêtements qui durent toute une vie) avec une esthétique et un design qui flattent la personne qui les porte. Contemporain, oui, mais il s'agit en fait de créer des vêtements qui durent des décennies, tout en veillant à ce que la personne qui les porte soit belle pour l'ère moderne ! 

Par conséquent, je passe beaucoup de temps à concevoir et à redessiner les plus petits détails - la finesse de la taille ou des ourlets côtelés, la façon dont le col doit se placer sur un vêtement. Je passe également beaucoup de temps sur les couleurs et les motifs - pour trouver un équilibre entre l'élégance et le style du porteur, afin qu'il n'attire pas les regards indiscrets !

Par exemple, notre pull cricket en laine d'agneau superfine est doté d'un col en V délibérément plus profond, et est également réalisé dans des rayures très foncées de couleur bordeaux, olive, marine et crème. Je pense que ces détails de conception flattent beaucoup plus la personne qui le porte, et donnent au vêtement un aspect plus moderne et pertinent, par rapport aux pulls de cricket très traditionnels aux couleurs beaucoup plus vives, et aux cols V plus serrés et plus petits. Chacun des produits de notre gamme suit la même philosophie.

 

2. Ces deux dernières années, nous avons assisté à un retour fracassant du cardigan. De quelle manière avez-vous essayé de changer ou de composer avec l'image " vieillotte " que ce vêtement a pour certaines personnes ?

Bonne question ! Le cardigan est un vêtement génial - il dégage cette sensation de nonchalance. Il est extrêmement confortable et va avec n'importe quelle tenue. Il n'est donc pas surprenant que le cardigan soit l'un de nos styles préférés. Comme je l'ai mentionné plus haut, pour tout produit, nous voulons nous assurer que le vêtement flatte la personne qui le porte, et certains éléments de design permettent de donner à la pièce un aspect plus moderne, afin d'ébranler l'image "vieillotte". Par exemple, pour notre tout nouveau cardigan en cachemire à col châle, nous avons accentué la forme en V du col châle en abaissant le point de boutonnage pour qu'il se situe juste au niveau du nombril. Cela exagère la forme en V inversé de l'épaule à la taille (comme une veste de tailleur), et élargit les épaules tout en affinant la taille. Le col châle, lorsqu'il est rabattu, reproduit également le "revers" que l'on obtient sur une veste cintrée en toile de haute qualité :

 

L'autre chose que nous aimons faire, c'est montrer aux gens comment ces vêtements peuvent être intégrés dans une tenue contemporaine, par exemple, le cardigan à col châle peut être superposé à une veste en jean vintage patinée :

 

J'ajouterais que nous avons une section entière sur notre site internet intitulée Style Journal où nous avons réalisé un certain nombre de journaux photo pour donner aux gens des conseils sur la façon de styliser nos vêtements - certaines des combinaisons ne sont peut-être pas si évidentes, mais elles sont superbes selon nous.

3. D'où tirez-vous votre inspiration ? 

Nous nous inspirons de nombreux vêtements historiques, dont beaucoup ont été créés à l'origine pour des raisons fonctionnelles. La plupart des pièces en laine avaient autrefois une fonction qui exigeait qu'elles soient à la fois robustes, confortables et durables. Souvent, lorsque les pièces sont redessinées à plusieurs reprises, la fonctionnalité peut être perdue au profit de l'esthétique - la plupart du temps, nous essayons de ramener cette fonctionnalité, mais en apportant quelques modifications au design pour la rendre plus contemporaine.

La chemise henley en mérinos en est un bon exemple. Nous avons repris la forme traditionnelle de la chemise henley originale avec ses manches courtes plus longues, sa silhouette ajustée pour un look sport et l'ouverture à trois boutons sur le devant. Cependant, nous avons fait en sorte que l'ouverture du col V soit plus profonde, contrairement à l'ouverture plus arrondie de la chemise henley traditionnelle, afin de rendre l'ensemble plus moderne.

 

À gauche : chemise henley en mérinos extra fin de Colhay avec col V profond.

À droite : chemise henley traditionnelle à col arrondi (telle que portée par la légende de l'aviron britannique Jack Beresford)

 

Nous avons écrit un article avec quelques autres exemples que vous pouvez consulter ici. :

4. Quel est votre vêtement en laine préféré pour l'hiver ?

Pour moi, le cardigan à col châle en laine d'agneau superfine est difficile à battre. C'est le vêtement le plus épais et le plus lourd de notre gamme, avec un poids d'environ 1,2 kilogramme, et pourtant, il est super doux sur la peau, car il est fabriqué avec de la laine d'agneau superfine (la laine d'agneau la plus douce au monde, avec des fibres d'un diamètre d'environ 18,5 microns), et lavé dans de l'eau écossaise pour plus de douceur. Habituellement, avec les vêtements en laine, s'ils sont épais, ils sont généralement rugueux ; s'ils sont doux, ils sont généralement fins et fragiles. Avec ce cardigan à col châle en laine d'agneau superfine, vous obtenez le meilleur des deux: épais mais doux. J'adore son côté douillet et confortable, idéal à porter à l'intérieur comme à l'extérieur, et il est si facile à assembler - je préfère personnellement une combinaison double denim avec le col châle écru, comme ceci : 

 
 

 Merci Ronnie !

 

Comment portons-nous le cardigan Colhay’s ?

Ce cardigan col châle est en 100% laine superfine d’agneau de la manufacture Todd & Duncan’s Lamaine, filateur écossais mythique fondé en 1867 et spécialisé dans le cachemire. Sans surprise le cardigan est fabriqué à Hawick, haut lieu de la maille écossaise. C'est d’ailleurs à Hawick que sera développé le concept de «twin-set» dans les années 30 par Otto Weisz, designer en chef de Pringle.

Notre cardigan écru est épais à la main extra-moelleuse, tricoté en 6-fils en jauge 3, il pèse 1,2 kg, un beau bébé ! 

Nous apprécions particulièrement le col généreux et enveloppant. La pièce est épaisse – nous ne le redirons jamais assez – mais non écrasante. Le cardigan Colhay’s est rassurant. 

 
 

Les boutons en corne proviennent d’Italie, deux poches latérales vous permettent de réchauffer vos mains, des manches raglan complètent l’ensemble. Vous connaissez notre amour pour les manches raglan désormais, ce détail est particulièrement apprécié car il permet une liberté de mouvement sans égal tout en flattant une carrure. Parfaite pièce intermédiaire, ce cardigan contient une emmanchure plus haute conférant à l’ensemble une coupe plus contemporaine sans pour autant compromettre l’allure de son porteur.

Nous aimons l’ampleur mais nous conseillons tout de même d’opter pour sa taille habituelle. Ici Mathieu porte une taille M, Colhay’s taille normalement.

Nous affectionnons l’écru pour sa luminosité mais Colhay’s propose ce cardigan dans d’autres couleurs également telles que gris, camel, marron foncé ou encore olive.

 

Un cardigan historique à la réinterprétation contemporaine

Pourquoi opter pour ce cardigan col châle de Colhay’s ? Car Ronnie est un passionné qui a véritablement investi du temps à élaborer une coupe classique et contemporaine à la fois. Mais aussi parce que les détails présents dans cette pièce pour du prêt-à-porter sont quasiment introuvables ailleurs et surtout pour cette laine superfine absolument incroyable de douceur.

Nous sommes de nature assez frileuse, quoi de mieux que de s’envelopper dans une laine moelleuse pour y passer l’hiver avec style ?

 Le cardigan Colhay’s figure comme un indispensable.

 
 
 

Prince de Galles - Rayure verte

 
 

Le Prince de Galles (Glen Plaid) est un incontournable de l'hiver qui mérite toute sa place dans une garde-robe. Son nom est dérivé de Glen Urquhart en Écosse, où la comtesse de Seafield a fait développer ce dessin pour équiper ses gardes-chasse au début du 19e siècle, le tartan étant alors réservé à quelques familles écossaises, les clans.

Le motif est devenu vraiment populaire quand Édouard VIII, alors prince de Galles, a visité le domaine de Seafield pour chasser et s’est épris de ce tissu. Il s’est par la suite fait créer un motif marron et crème - c’est de là que le Glen Plaid tire son autre nom, le Prince de Galles (Prince of Wales check en anglais) même s’il est originellement écossais et non gallois.

Alors que les carreaux Prince de Galles sont généralement devenus plus petits et plus fins au fil du temps, le terme Glen Plaid a aujourd'hui tendance à désigner des motifs plus grands, conformément au motif écossais d'origine.

Ces dernières années, un motif que l’on pouvait notamment trouver chez le tisserand anglais Abraham Moon, était devenu particulièrement populaire. Un Prince de Galles marron à rayures bordeaux.

Imperméable réversible de chez l'Impermeabile

Mais pour cet automne un autre motif Prince de Galle retient notre attention. Cette fois-ci la rayure n’est plus bordeaux mais verte.

Trois exemples ci-dessous :

  • L’un dans un tissu laine et cachemire anglais de 400 g/m² pour un blazer de chez Berg & Berg

  • Le second est un tweed 100% laine utilisé pour un blazer de chez Drakes

  • Dernier exemple chez Boglioli : un tissu 95 % laine, 5 % cachemire

Qu’en pensez-vous ?

 

Le monde du silence des agneaux, Shetland

 
 

Note : Bosie ont gentiment accepté de nous envoyer le bonnet que vous allez découvrir dans cet article

Texte : Romain @Lastrolab
Photos : Thomas M.


Avec ma condition capillaire, les bonnets (et couvre-chefs en général) ne sont pas qu’une simple coquetterie mais une nécessité pour affronter les éléments. Aussi étais-je ravi d’essayer ce bonnet en laine Shetland par Bosie.

Vous l’aurez constaté, ce bonnet est loin d’être d’une couleur anodine puisqu’il est rouge… A mon sens, deux écueils sont à éviter quand on porte un bonnet rouge.

Le premier piège est la tentation d’assortir la couleur de ses chaussettes (n’en déplaise aux cardinaux qui nous lisent). Bien évidemment, chacun fait ce qui lui plaît (chœurs : « plaît, plaît »), et je n’irai pas jusqu’à qualifier l’accord de mauvais goût. Il a même pu m’arriver d’y céder. Mais la figure de style me semble un peu attendue, d’autant plus quand la couleur est vive.

Le second écueil, bien plus difficile à éviter, est l’association avec un célèbre explorateur océanographique (un certain commandant). En toute honnêteté, je vois mal comment échapper à une ou deux remarques par jour. Vous pourrez toujours limiter la casse en évitant les vêtements à connotation trop marine (exit les cabans, les pulls bretons…) ou exploratrice (rangez aussi les doudounes à capuche fourrée et les parkas en gore-tex), mais le risque zéro n’existera jamais.

De mon côté, j’ai choisi de jouer la sécurité en portant un hoodie d’université américaine (acheté sur le campus svp) et une parka fishtail m65 (achetée sur Vinted, c’est moins impressionnant), dont la capuche est restée au placard.

Comme tous les pulls de Bosie, et comme tout Shetland qui se respecte, le bonnet est en laine filée et tricotée en Ecosse. La laine, rendue délicieusement shaggy après deux brossages, est douce et chaude. La construction « fully fashioned » ne présente aucune couture puisque la maille est entièrement tricotée, avec une côte plus large sur le revers du bonnet.

A 35 livres sterling, il faudra se lever tôt pour trouver mieux ailleurs. Et qui se lève tôt, SE COUSTEAU ! *lâche le micro*  

 

La Guerre Des Moutons - Le mérinos à la conquête du monde, 1786-2021

 

Une exposition aux Archives nationales intitulé La Guerre Des Moutons - Le mérinos à la conquête du monde, 1786-2021 retrace l’histoire du mouton mérinos en France. Ce mouton qui produit une laine d’excellente qualité, est alors présent au XVIIIème siècle en Espagne mais interdit d’exportation par le roi d'Espagne.

La France est en retard mais finalement les liens familiaux qui unissent Louis XVI à Charles III d’Espagne permettent de débloquer la situation. L’histoire du mérinos français peut commencer.

Un catalogue de l’exposition est édité à cette occasion.
Ci-dessous la 4ème de couverture.

À travers l'histoire de la Bergerie nationale de Rambouillet et de son troupeau de moutons mérinos à la laine surfine offerts par le roi d'Espagne à la France à la veille de la Révolution, c'est une guerre de plus de deux cents ans qui nous est contée. Vitrine de l'excellence française, lieu de formation des meilleurs bergers du pays, l'Institution traverse les siècles en étant mêlée à tous les grands enjeux de l'histoire, tout en préservant dans ses murs le trésor vivant d'un troupeau reproduit sans aucun croisement extérieur jusqu'à nos jours. Mobilisés par Napoléon pour contrecarrer l'Industrie de la laine britannique, présents dans toutes les expositions internationales du XIXe siècle, exportés sur tous les continents, aujourd'hui Invités à éduquer les jeunes générations aux enjeux de la biodiversité, les mérinos de Rambouillet sont les acteurs d'une histoire sans pareille.

Riche d'une Iconographie exceptionnelle (gravures, aquarelles, photographies, tableaux d'échantillons de laine, etc.), La Guerre des moutons entraîne le lecteur dans un récit qui croise les enjeux de l'élevage, de l'Industrie, du commerce, de la science et de la diplomatie, fruit d'une recherche Inédite qui associe historiens et spécialistes des sciences de l'animal et qui nous dit l'intimité Insoupçonnée des relations entre l'histoire de France et celle d'une race choisie pour être le miroir de son génie modernisateur.

Communiqué de presse des Archives Nationales

À travers l’histoire de la Bergerie nationale de Rambouillet et de son troupeau de moutons mérinos à la laine surfine, c’est une guerre de plus de deux cents ans qui nous est contée.
Tout commence en 1786, avec le voyage vers Rambouillet du troupeau offert par le roi d’Espagne à Louis XVI, dans un contexte d’âpres rivalités commerciales. Dès lors, la bergerie de Rambouillet se veut la vitrine de l’excellence française, lieu de formation des meilleurs bergers du pays. L’institution traverse les xixe et xxe siècles en étant mêlée à tous les grands enjeux de l’histoire, tout en préservant dans ses murs le trésor vivant d’un troupeau reproduit sans aucun croisement extérieur jusqu’à nos jours.
Mobilisés par Napoléon Ier pour contrecarrer l’industrie de la laine britannique, présents dans toutes les expositions internationales du xixe siècle, exportés sur tous les continents, aujourd’hui invités à éduquer les jeunes générations aux enjeux de la biodiversité, les mérinos de Rambouillet sont les acteurs d’une histoire sans pareille.
Riche d’archives inédites et d’une iconographie exceptionnelle (gravures, aquarelles, photographies, tableaux d’échantillons de laine, etc.), l’exposition La Guerre des moutons entraîne le visiteur dans un récit qui croise les enjeux de l’élevage, de l’industrie, du commerce, de la science et de la diplomatie, fruit d’une longue recherche qui associe historiens et spécialistes des sciences de l’animal.
Elle nous dit l’intimité insoupçonnée des relations entre l’histoire de France et celle d’une race choisie pour être le miroir de son génie modernisateur

Photographies de mérinos et de bergers à Rambouillet, tirées des plaques de verre du fonds de la Bergerie nationale, première moitié du xxe siècle.
20160285/746-748. © Arch. nat.

Plaque de verre de la série ovinométrique représentant un bélier mérinos sous toise.
20160285/754. © Arch. nat.

Portrait de Raymond Laurans, à la Bergerie [1962].
20190362/NC. © Arch. nat.

Aux Archives nationales, hôtel de Soubise, Paris du 15 décembre 2021 au 18 avril 2022.

Accès à l’intégralité du dossier de presse - 23 pages

Pull Guernesey - Le Tricoteur

 
 

Note : nous avons demandé à Le Tricoteur de nous envoyer le pull que vous allez découvrir dans cet article

Il y a quelques mois nous avons écrit un article consacré au pull Guernesey, un pull marin originaire de l'île de Guernesey, où il a été développé il y a plus de 400 ans.

Traditionnellement tricoté manuellement, le pull Guernsey original est composé de laine peignée (worsted wool) britannique (filée depuis le Moyen Âge par des familles des îles anglo-normandes) non traitée, la lanoline naturelle du mouton permettant au pull de mieux résister aux intempéries et à l’usure. L’inconvénient majeur de ce type de laine : une odeur plus ou moins bestiale. Très utilisé dans la Royal Navy, il était idéal pour pouvoir affronter des coups de vent de force 10 sur l’Atlantique.

Il existe plusieurs modèles de pulls Guernesey : Whitby, Filey, Staithes, Channel Islands, Scarborough…Mais le plus simple et le plus connu est sans doute le Channel Island Guernsey. On le reconnaît grâce à ses deux colonnes en point mousse sur la poitrine, son col côtelé en forme de bateau, le point 2x2 qui ressemble à une corde au niveau des emmanchures, la présence de goussets, les bords côtes des poignets très longs et serrés pour éviter que l’eau ne pénètre et les manches légèrement plus courtes pour la même raison.

C’est ce pull que nous avons eu la chance d’essayer grâce à la marque Le Tricoteur.

HISTOIRE

Tout comme l’île de Jersey, l’île de Guernesey est proche des côtes normandes. Ces deux îles sont des territoires autonomes, possessions de la Couronne Britannique mais ne font pas pour autant parties du Royaume-Uni.  Capture écran - Google Maps - Données Cartographiques @2021 Google

Tout comme l’île de Jersey, l’île de Guernesey est proche des côtes normandes. Ces deux îles sont des territoires autonomes, possessions de la Couronne Britannique mais ne font pas pour autant parties du Royaume-Uni.
Capture écran -
Google Maps - Données Cartographiques @2021 Google

Le Tricoteur est une marque fondée en 1964 à St Peter Port, la capitale de l’île de Guernesey. Sur la carte Google ci-dessus, on se rend bien compte de la proximité de l’île Guernesey avec la France. Comptez 2h en ferry depuis Saint-Malo.

Lidée de l’entreprise est venu à Robert Macdougall lors d'un voyage aux États-Unis pendant ses études. Il constate que son pull guernesey tricoté à la main est très admirée par ses hôtes américains. A son retour il achète une machine à tricoter manuelle.
Les débuts sont modestes mais prometteurs. L’entreprise compte alors un employé qui s’occupe de la seule machine à tricoter mécanique et de six tricoteurs manuels qui travaillaient à domicile. Elle se développera avec les années.

À la fin des années 70, il y avait environ 400 tricoteurs manuels et Le Tricoteur produisait plus de 100 000 vêtements par an. Avec le double impact d'une récession mondiale et la concurrence des pulls synthétiques fabriqués en série, Robert Macdougall vendra l'entreprise en 1984.

Illustration d’une machine à tricoter manuelle dans les années 70 chez Le Tricoteur Image letricoteur.co

Illustration d’une machine à tricoter manuelle dans les années 70 chez Le Tricoteur
Image letricoteur.co

36 ans plus tard, Rachel Lainé rachète l’entreprise et souhaite continuer la production du pull Guernesey original.

 

FABRICATION

Le Tricoteur se concentre sur 1 seul type de pull : le Guernsey traditionnel - même si une variante zippée est également proposée.
Question fabrication, la marque utilise les mêmes procédés que les meilleurs ateliers de production de pulls. Aussi, tous leurs pull Guernsey sont fully fashionned (tricotage en forme) et “ramaillés” à la main.

Opération dite de remaillage manuel - un abus de langage parce que cela nécessite une machine. Il s’agit néanmoins d’une opération longue et complexe. Image letricoteur.co

Opération dite de remaillage manuel - un abus de langage parce que cela nécessite une machine. Il s’agit néanmoins d’une opération longue et complexe.
Image letricoteur.co

Remaillage manuel “maille à maille” Image letricoteur.co

Remaillage manuel “maille à maille”
Image letricoteur.co

Le tricotage des pulls est toujours réalisé sur des machines veilles de plusieurs décennies. Certaines machines ont spécialement été achetées pour réaliser les “goussets” que l’on retrouve sous les aisselles et qui améliorent le confort.

Image letricoteur.co

Image letricoteur.co

Image letricoteur.co

Image letricoteur.co

Les déchets (de fils) ne sont bien évidemment pas jetés. Ils sont utilisés pour fabriqués des bonnets, des “dobbos” (bonnets plus court) ou encore des écharpes.

Dobbo rose fluo Le Tricoteur Image letricoteur.co

Dobbo rose fluo Le Tricoteur
Image letricoteur.co

Bonnet rayé  Le Tricoteur Image letricoteur.co

Bonnet rayé Le Tricoteur
Image letricoteur.co

 

NOTRE AVIS SUR LE PULL LE TRICOTEUR

LAINE ANGLAISE NON TRAITÉE

Première impression un fois la carton ouvert : le pull pèse son poids. On sent toute de suite qu’une bonne quantité de laine est nécessaire pour la réalisation d’un pull. Autre constatation immédiate, la laine est visiblement non traitée. Sa main est très sec, plate et rustique. Un toucher similaire que l’on avait déjà senti en utilisant des fils de chez Fonty, l’une des plus anciennes filatures française en activité. Le pull dégage également une légère odeur de lanoline mais celle-ci s'estompe avec le temps.

On conseillerait donc de porter systématiquement ce pull avec un t-shirt ou un sous-vêtement. On ne vous cache pas que c’est donc avec une certaine appréhension que nous avons enfilé pour la première fois ce pull Le Tricoteur. Et pourtant, au quotidien le pull s’avère très confortable, il tient chaud et surtout il ne gratte pas (trop). Si l’on fait un parallèle, c’est un peu comme porter un jean brut 100% coton lorsque l’on est habitué à leurs homologues mélangés à de l'élasthanne. Question pulls, on est habitué à rechercher un toucher cachemire. Même quand il s’agit de laine. Mais ce pull nous démontre qu’il est tout à fait possible de porter au quotidien quelque chose de plus rustique et moins traité.

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COUPE

Comme tout bon pull Guernsey, il n’y a ni devant ni derrière. Non, aucune étiquette située au niveau du cou qui puisse vous influencer. Oui, le pull Le Tricoteur se porte indifférent dans un sens comme dans l’autre même si ils conseillent - dans la mesure du possible - d’alterner les côtés pour éviter une usure anormale.

Marcos (1,70m) porte ici une taille 40. Tout comme le choix de la matière, la coupe est également fidèle aux pulls traditionnels. En conséquence, le pull est relativement long (pour couvrir et protéger la taille) et les coutures aux épaules sont déportées. Mais c’est précisément cette identité visuelle - avec les point de tricots - qui rend ce pull unique.

On distingue une colonne en point mousse ainsi que des côtes 2x2 qui représente les cordes des bateaux

On distingue une colonne en point mousse ainsi que des côtes 2x2 qui représente les cordes des bateaux

Aperçu également d’un gousset au niveau du col - similaire à ceux présents sous les aisselles

Aperçu également d’un gousset au niveau du col - similaire à ceux présents sous les aisselles

Entretien

Le Tricoteur conseille de ne laver leurs pulls qu’à la main ce que nous avons pour le moment suivi à la lettre. Les frottements en machines sont à éviter absolument.
Il n’est de toute façon pas nécessaire de laver vos pulls systématiquement après chaque port. Bien au contraire. Laissez-les simplement s’aérer. Ils ne sont pas en contact direct de la peau et la laine retient peu les odeurs.

Accès au site Le Tricoteur.

 

Bonnet Angora homme ou femme - Où en trouver ?

 
 

Nous avons écrit il y a quelques semaines un article sur la laine mohair produite par la chèvre Angora.
Cette fois-ci nous allons nous concentrer sur les bonnets en laine Angora, une fibre produite par les lapins Angora.

Histoire

Tout comme les chèvres Angora qui produisent du mohair, le lapin Angora est originaire de la Turquie et plus précisément de la région d'Ankara - province d’Angora - qui donne son nom à ce lapin. Introduits pour la première fois en France en 1723 par un marin britannique à Bordeaux, les lapins Angora sont rapidement devenus très prisés de la noblesse française. La mode Angora s'est rapidement répandue dans toute l'aristocratie européenne et c'est ce qui explique l'existence de différentes variétés de lapins Angora en fonction des pays, du type italien au type anglais, danois, allemand et français. À cette époque, les lapins Angora n'étaient pas encore majoritairement utilisés pour la production de laine. Ils servaient surtout d'animaux de compagnie, souvent pour les enfants, qui étaient ravis par leurs pelages volumineux et doux.
Aujourd'hui, la France est le plus gros producteur Européen mais reste très loin derrière la Chine, première productrice mondiale de laine Angora ((90% de la production mondiale). Les élevages industriels de grande taille restent cependant assez rares en Chine. Les lapins Angora sont plutôt élevés par de petits fermiers en tant qu’activité complémentaire.
La fibre Angora est aujourd’hui utilisée dans la production de sous-vêtements, de tricots et d’accessoires tel que les chapeaux.

Caractéristiques de la laine Angora

Cette matière est jusqu’à trois fois plus chaude que la laine de mouton. L’angora est également très douce car très fine. Les fibres qui proviennent du sous-poil du lapin Angora font, en effet, entre 10 et 15 microns d’épaisseur et de 7 à 13 cm de long. Soit bien mieux que la plupart des laines de moutons et même de cachemire.

Chaque lapin ne produit en revanche qu’au maximum 400 grammes de laine Angora par an. A cela s’ajoute le fait que les fibres Angora sont très légères, fragiles, et présentent une faible élasticité. La production d'Angora est donc à la fois longue et coûteuse. Pour toutes ces raisons, l'Angora est souvent mélangé à d’autres matières telles que la laine.

En résumé, quelles sont les caractéristiques de la laine angora ?

  • Légère : Les fibres angora sont creuses, ce qui les rend très légères tout en emmagasinant bien la chaleur.

  • Chaude : L’Angora est plus chaude que la laine de mouton en raison de ses fibres creuses.

  • Feutre facilement : L'Angora peut très facilement feutrée pour en faire des chapeaux.

  • Manque d’élasticité : L'Angora est généralement mélangée avec des fibres plus élastiques.



ETHIQUE

Les méthodes de production peuvent cependant soulever bon nombre de questions éthiques. Les pratiques des élevages chinois ont souvent été montrés du doigt pour leurs méthodes barbares de production de laine Angora au coût le plus bas possible. Les lapins Angora y sont généralement gardés dans de petites cages sales, mal nourris et tondus brutalement très près de la peau ne manquant pas de provoquer des infections.
Ce n’est heureusement pas le cas de tous les ateliers. C’est pour cette raison qu’en 2014, Naturfasern, une société allemande spécialisée dans l'approvisionnement en fibres naturelles pour l'industrie textile, et spécialiste de premier plan de l'Angora, a créé le label “Caregora™”. La première fibre Angora certifiée précise Naturfasern.
Pour cela, elle s'appuie à la fois sur des normes européennes (Directive 98/58 / CE de la Communauté européenne sur les soins et le bien-être des animaux) mais aussi briatniques (Le code du bien-être animal promu par le DEFRA - British Department for Environment, Food and Rural Affairs).

Où trouver des bonnets en laine Angora ?

Un seul nom à retenir : Robert Mackie

Fondé en 1845, Robert Mackie of Scotland est un fabricant écossais d'accessoires haut de gamme situé à Stewarton dans le comté de Ayrshire en Écosse. Robert Mackie est très connu pour ses bonnets en mélange 75% laine d'agneau - parfois, “Geelong*”, plus fine et luxueuse - et 25% laine Angora labelisé Caregora™.

Où sont-ils distribués ?

Robert Mackie produit à la fois en marque blanche pour d’autres marques ainsi que pour sa marque en propre.
Concernant la marque de Robert Mackie, vous pouvez regarder chez Royal Cheese, l’un des premiers distributeurs parisien de ce fabricant écossais. De nombreux coloris sont disponibles : orange, rouge, bleu, vert, rose, écru…

Autre possibilité sur Citadium, certains modèles sont actuellement soldés à 17,40€. C’est par ici.

Bonnet gris anthracite Robert Mackie 75% laine 25% Angora Image citadium.com

Bonnet gris anthracite Robert Mackie 75% laine 25% Angora
Image citadium.com

Bonnet bleu marine Robert Mackie 75% laine 25% Angora Image citadium.com

Bonnet bleu marine Robert Mackie 75% laine 25% Angora
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Enfin, on vous conseille également de jeter un oeil sur le site de Chrome-Store.
Vous pourrez trouver des bonnets Robert Mackie aux tricotages différents du classique Rib 1x1 - côte 1x1 en français.

Bonnet gris Robert Mackie 75% laine 25% Angora Image chrome-store.com

Bonnet gris Robert Mackie 75% laine 25% Angora
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Bonnet bleu nuit Robert Mackie 75% laine 25% Angora Image chrome-store.com

Bonnet bleu nuit Robert Mackie 75% laine 25% Angora
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Autre exemple, ci-dessous un bonnet Drake’s London d’il y a quelques saisons.
Composition 75% Super Geelong 25% Angora. Fabriqué en Ecosse.

Bonnet bleu électrique 75% Super Geelong 25% Angora Image drakes.com

Bonnet bleu électrique 75% Super Geelong 25% Angora
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Bonnet vert 75% Super Geelong 25% Angora Image drakes.com

Bonnet vert 75% Super Geelong 25% Angora
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Détail - bonnet bleu électrique 75% Super Geelong 25% Angora Image drakes.com

Détail - bonnet bleu électrique 75% Super Geelong 25% Angora
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Bonnet vert 75% Super Geelong 25% Angora Image drakes.com

Bonnet vert 75% Super Geelong 25% Angora
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*Le terme «Geelong» désigne une ville australienne où ce fil était traditionnellement produit à partir de la première tonte des moutons. De nos jours, si l’origine géographique a perdu de son sens, la finesse et la douceur de cette laine demeurent.

 

Z.Hinchliffe yarn

 
 
Image Z. Hinchliffe & Sons

Image Z. Hinchliffe & Sons

Z Hinchliffe & Sons fait partie des grands filateurs britanniques au même titre que Todd & Duncan et JC Rennie & Co. La filature travaille avec les plus belles marques (de maille) : Johnstons of Elgin, Peter Scott, Hawick Cashmere, Barrie, William Lockie, Robert Mackie…mais aussi Gucci ou Prada. Si vous achetez un pull en laine de chez William Lockie, il y a fort à parier que sa laine provienne de chez Z Hinchliffe & Son.

Histoire

Z Hinchliffe & Sons Ltd a été fondé en 1766 à Denby Daleet dans le West Yorkshire en Angleterre. L’entreprise se consacre à ses débuts à plusieurs activités dont l'agriculture, la fabrication de tissus et l'extraction du charbon. Ce n'est qu'en 1860 que Zaccheus Hinchliffe prend la décision de lancer une filature de laine peignée et cardée. Au début de 1980, Z Hinchliffe & Sons cesse sa filature peignée mais conserve et développe la filature cardée.
L’entreprise est toujours dirigée par la famille Hinchliffe près de 200 ans plus tard. Une succession qui a facilité la transmission du savoir-faire à travers les générations.

Collections

Z Hinchliffe & Son travaille essentiellement des fibres naturelles tel que le cachemire, la laine, le poil de chameau ou l’angora. Depuis l’été 2020, le filateur a également ajouté à son catalogue une laine 100% britannique de titrage 2 / 11nm. A titre de comparaison, la laine classique de la marque, en 100% Mérinos Lambswool (en provenance d’Australie), est en titrage 2/17nm. Beaucoup plus fine donc que la laine britannique plus rustique, mais néanmoins sélectionnée pour sa main douce.

Z Hinchliffe & Son est également reconnue pour son cachemire, principalement le 2/28 en 100% cachemire et disponible en 160 couleurs.

Image Z. Hinchliffe & Sons

Image Z. Hinchliffe & Sons

Image Z. Hinchliffe & Sons

Image Z. Hinchliffe & Sons

 

Harley of Scotland

 
 
Texte : Mathieu @BestShopsInTown
Photos : Mathieu @BestShopsInTown - hors photo d’illustration : Habilleur.fr

A chaque début d’automne-hiver, une envie me vient en boucle, ressortir mes pulls de couleurs vives aux fils très doux, les fameux pulls Shetland brossés. Cette année, de nouveaux compagnons sont venus enrichir mon vestiaire. Et comme toujours, mes préférés viennent d’Écosse. 

Harvey of Scotland - UNE REFERENCE DANS LA PRODUCTION DE Pulls Shetland 

Ces pulls iconiques sont l’une des spécialités écossaise. Pour cette saison, mon choix s'est surtout orienté vers une couleur en particulier : le violet. Qu’il soit brossés ou non, j’aime le rendu et le confort de ces pulls. La couleur étant ma priorité, je me suis tourné rapidement sur le coloris Améthyste de la marque Harley of Scotland, une référence dans la production de ce type de pulls
Fondée en 1929 par Peter Harley Buchan, l’arrière-grand-père des propriétaires actuels, Harley of Scotland possède toujours un atelier de production de maille dans la région de l'Aberdeenshire. Initialement, Harley of Scotland fabriquait des chaussettes pour les pêcheurs locaux. Ce n’est pas un hasard puisque Peter Harley Buchan était lui même un pêcheur. Mais inspiré au cours de ses voyages dans les Orcades et les Shetland par les pulls Fair Isle des pêcheurs, il décide de se lancer dans l’aventure du tricot. Il commence par des chaussettes, exceptionnellement chaudes et résistantes. Le succès aidant, il achète un ancien entrepôt de pêche pour y construire son usine. Tout est à l’époque fabriqué à la main. Un processus long et gourmand en main-d'œuvre.
Aujourd’hui la plupart des opérations sont réalisées à l’aide de machines. Grâce au tricotage intégral (aussi appelé seamless), Harley of Scotland est capable de tricoter un pull en presque trente minutes sur ses machines allemandes Stoll. L’entreprise maîtrise également le tricotage fullyfashion qui consiste à tricoter les différentes parties pull (manches, devant, derrière…) sur des machines rectilignes puis à les remailler ensemble grâce à des machines spécifiques et des employés qualifiés - jusqu’à plus d’un an pour être totalement opérationnel.
Les pulls Harley sont principalement fabriqués avec des fils écossais et italiens. Pour les modèles classiques en laine Shetland, Harley utilise le “Supersoft Shetland” de chez J.C Rennie, filé à quelques kilomètres de l’atelier. La marque travaille également d’autres qualités tel que le cachemire écossais. 

REVIEW

Ce qui me plait quand je porte ces pulls c’est le confort et la liberté de mouvement qu’ils procurent. Le fait qu’ils soient tricotés sans coutures y est certainement pour quelque chose.  Après avoir parcouru quelques sites, j’ai finalement trouvé mon bonheur chez St Germain à Annecy. Outre le violet, j’ai également pris le modèle écru, qui est plus simple à intégrer dans différentes tenues.  

Les pulls taillent normalement, cependant faites attention lors du lavage, pas d’essorage, et à 30° maximum. 

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Mazamet l'Industrielle : l'histoire de l'industrie lainière du sud de la France

 

Mazamet l'industrielle : Un demi-siècle d'exploration urbaine est un livre de Rémy Cazals, publié en Août 2020, sur l’histoire du bassin lainier de Mazamet. L’auteur retrace comment Mazamet est devenue la capitale mondiale du délainage dans les années 50 jusqu’à la récession et la crise à partir des années 80.
S’appuyant sur les précédents ouvrages Cinq siècles de travail de la laine : Mazamet, 1500-2000, Les révolutions industrielles à Mazamet 1750-1900 ou encore Avec les ouvriers de Mazamet dans la grève et l’action quotidienne 1900-1914, cette édition est complétée de chapitres sur l’actualité récente de la région. Rémy Cazals revient ainsi sur l’histoire de JTF Tournier (Jules Tournier), de François Girbaud, de l’ennoblisseur Plo, la Holding HPA Group…mais aussi sur la reconversion des anciens sites textiles.

Ce livre est l’un des plus complets et accessible qui existe sur l’histoire lainière de Mazamet. Il aborde à la fois des aspects économiques, techniques et sociaux. Le texte est illustré d’une centaine d’images, documents et cartes qui facilitent sa lecture et sa compréhension.

Disponible ici.

 
 
Pelage manuel

Pelage manuel

L’atelier de tissage Jules Tournier

L’atelier de tissage Jules Tournier

L’étuvage des peaux

L’étuvage des peaux

Tannerie mégisserie Alran S.A.S ⎜L'Atelier de maroquinerie Sun Belt

Tannerie mégisserie Alran S.A.S ⎜L'Atelier de maroquinerie Sun Belt

 

Anglo-Italian

 
 

Déjà trois ans depuis notre dernière visite chez Anglo-Italian, une marque londonienne co-fondée par Jake Grantham et Alex Pirounis.
Les collections de Anglo-Italian se sont depuis bien étoffées, avec l’apparition d’une ligne sport et de pièces plus décontractées. Les sur-chemises déclinées en plusieurs matières font parties de leurs bestsellers. Elles sont toutes confectionnées en Italie, et on aime particulièrement celles en laine ou encore celle en laine et cachemire de chez Joshua Ellis .

Prix : entre 250 et 300£

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surchemise cachemire
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Anglo-Italian a également lancé son offre knitwear. Elle est constituée à la fois de mailles faites en Italie mais aussi en Écosse, comme leurs pulls Shaggy Dog en laine shetland.

Les pulls ci-dessous ont été tricotés en Italie. Les deux cardigans à zip ont légèrement été raccourcis pour pouvoir être facilement portés avec les pantalons taille haute de la marque.
Composés de 70% laine et 30% cachemire, ils seront agréables à porter.

Prix : entre 175 et 350£

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Waffle knit - Maille gauffrée

Waffle knit - Maille gauffrée

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Veste en Tweed 3 poches, confectionnée en Italie avec son propre tissu, le AIT-027.
Poids du tissu : 510/530g | Composition: 100% Laine

Prix : 435£

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Robert Mackie of Scotland

 

Fondé en 1845, Robert Mackie of Scotland est un fabricant écossais d'accessoires haut de gamme situé à Stewarton dans le comté de Ayrshire en Écosse.
L'histoire de la fabrication de bonnets (Bonnet au sens du bonnet “Balmoral” écossais) à Stewarton remonte à la fin du 16ème siècle. Tricotés entièrement à la main, vous pouvez retrouver des exemples de ces premiers bonnets au Musée de Stewarton.
La révolution industrielle bouleversera la donne et bientôt tous les bonnets seront fabriqués à l’aide de machines. Robert Mackie & sons fait partie de l’un de ses fabricants d'origine. C’est également aujourd’hui le seul fabricant écossais dans le monde des deux bonnets traditionnels écossais, le Glengarry et le Balmoral, soit les premiers couvre-chefs des régiments de l’armée écossaise. Aujourd’hui encore la marque fournit la plupart des joueurs de cornemuses écossais.

Glengarry Photo : Robert Mackie

Glengarry
Photo : Robert Mackie

Balmoral Photo : Robert Mackie

Balmoral
Photo : Robert Mackie

Les bonnets Balmoral, Glengarry et Beret Tams durent toute une vie s’ils sont bien entretenus. Nettoyage à sec uniquement.

PRODUCTION

Hormis le fil, Robert Mackie réalise toutes les étapes de production dans son usine de Stewarton. Au cours de ses 175 ans d’existence, Robert Mackie a acquis une solide expérience dans le tricotage. Elle travaille uniquement des fibres naturelles, très souvent de la laine de type Donegal, Geelong, Mérinos ou Shetland.

MATIERES

Robert Mackie source sa matière première principalement chez des filateurs européens. Leur fil le plus courant est un 2/17s (numéro métrique exprimant sa finesse) en 100% laine d'agneau de chez Z Hinchliffe, un filateur britannique avec lequel travaille de nombreux ateliers écossais dont William Lockie. Robert Mackie précise également qu’ils travaillent avec d’autres filateurs tel que Knoll (spécialiste de laine shetland, la référence étant leur gamme Supersoft Shetland), Lanecardte, Papi Fabio, Schoeller, Sesia, Shepley ou encore le filateur italien Zegna Baruffa.

PARC MACHINE

S’ils sont principalement connus pour leurs bonnets, Robert Mackie fabrique également des chapeaux, des écharpes et des gants. L’atelier d’une soixantaine de personnes est donc équipé à la fois pour produire des bonnets mais aussi d’autres accessoires.
On retrouve :

  • GANTS : Machines électroniques Shima Seiki

  • BONNETS et ECHARPES : Machines rectilignes à double fontures de chez STOLL, jauge 3.5 à 12

  • ECHARPES : machines circulaires jauge 6

  • ECHARPES : machine chaîne jauge 7

  • BERETS : Romatex béret machines

Sans oublier les remailleuses, les formes en bois pour les chapeaux, les tables de repassage pour fixer la matière, les machines à laver…ou encore une “pom-pom” machine pour créer les pompons des bonnets.

Remaillage manuel Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

Remaillage manuel
Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

On aperçoit les machines circulaires Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

On aperçoit les machines circulaires
Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

Machine de formage des gants Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

Machine de formage des gants
Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

Réalisation d’un chapeau Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

Réalisation d’un chapeau
Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

Bobines de fil Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

Bobines de fil
Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

Dans l’atelier de Robert Mackie - Les machines électroniques STOLL  Capture d’écran, novembre 2020 - Robert Mackie of Scotland par Zero Waste Scotland

Dans l’atelier de Robert Mackie - Les machines électroniques STOLL
Capture d’écran, novembre 2020 - Robert Mackie of Scotland par Zero Waste Scotland

Bobines de fil Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

Bobines de fil
Photo Reuben Paris pour Robert Mackie

Exemple de machine à créer les pompons de bonnets  Capture écran novembre 2020 - Pom pom making machine

Exemple de machine à créer les pompons de bonnets
Capture écran novembre 2020 - Pom pom making machine

 

COLLECTIONS

Les bonnets sont très bien distribués en France. Le liste des stockists est disponible ici.

En ligne on retrouve une très bonne sélection sur le site de Royal Cheese.
Les écharpes sont plus difficiles à trouver mais encore une fois Royal Cheese en distribue une sélection.

75% Laine 25% Angora Photo Royalcheese.com

75% Laine 25% Angora
Photo Royalcheese.com

100% Laine Photo Royalcheese.com

100% Laine
Photo Royalcheese.com

Donegal Hat - 100% Laine Photo Royalcheese.com

Donegal Hat - 100% Laine
Photo Royalcheese.com

75% Laine 25% Angora Photo Royalcheese.com

75% Laine 25% Angora
Photo Royalcheese.com

100% Laine Photo Royalcheese.com

100% Laine
Photo Royalcheese.com

Donegal Hat - 100% Laine Photo Royalcheese.com

Donegal Hat - 100% Laine
Photo Royalcheese.com

Outre sa marque en propre, Robert Mackie travaille également avec bon nombre de marques internationales. On pourrait citer Norse Project, Canada Gosse, Margaret Howell, Drake’s London ou Agnès B.

Bonnet Marta Brushed réalisé par Robert Mackie  Capture d’écran 2020 - www.norseprojects.com

Bonnet Marta Brushed réalisé par Robert Mackie
Capture d’écran 2020 - www.norseprojects.com


Dans notre radar - novembre 2020

 
 

Nanamica
Composition: 55% Mohair - 30% Nylon - 15% Wool
280.00€

ICI

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Gitman Vintage
Composition: 100% Cotton
210.00€

ICI

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L'Exception Paris x Maison Lener Cordier par Rémi de Laquintane
Composition : 54% Laine, 17% Alpaga, 17% Mohair, 12% Polyamide
650€
Made in France

ICI

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VESTE MURAKAMY WINTER EN SHETLAND
100% laine vierge
€660

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STEAMERY
BLACK CIRRUS NO.2 STEAMER
€129.00

ICI

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Sato Seni : Bois de Boulogne, 991, Masaki, Clothoir, Fuga Fuga, M.&Kyoko 佐藤繊維株式会社

Vous connaissez sans doute déjà Sato Seni pour leurs fils produits sur des machines anciennes. Des fils assez caractéristiques, qui présentent un aspect brut, irrégulier ou fantaisiste.
L’entreprise a été fondée en 1932 à Yamagata par l’arrière-arrière grand-père de Masaki Sato, le P.D.G actuel. À cette époque Sato Seni avait également son propre élevage de moutons. Chaque génération de la famille Sato a apporté sa pierre à l’édifice :

  • Le grand-père de Mr.Sato a industrialisé la filature

  • Son père quant à lui a créé un atelier de tricotage pour créer des vêtements finis (pulls, cardigans…) : ils disposent d’un parc de plus de 130 machines Shima Seiki

Les fameuses 130 machines Shima Seiki (dans un lieu très propre)

Les fameuses 130 machines Shima Seiki (dans un lieu très propre)

  • Masaki Sato - après avoir travaillé dans un premier temps pour une entreprise de confection à Tokyo - a de son côté il décidé d’orienter l’entreprise vers l’utilisation de matières luxueuse (mohair, alpaca…) pour faire face aux produits chinois moins chers et produits en grandes quantités qui envahissaient petit à petit le marché japonais. Il a eu ce déclic en visitant des usines européennes, italiennes principalement, surpris de voir que ces derniers avaient modifiés leurs machines pour créer des fils uniques. En rentrant au Japon il poursuivra lui aussi cette idée

Dans l’usine de production de fils de Sato Seni

Dans l’usine de production de fils de Sato Seni

C’est donc surtout à parti du virage opéré par Masaki Sato que l’entreprise prendra une nouvelle dimension internationale et notamment auprès des acteurs du Luxe. Pour y parvenir et se démarquer des concurrents ayants toutes les mêmes machines, il perfectionnera ses anciennes machines de production (plus faciles à modifier que les nouvelles) de fils qui permettent d’avoir un rendu différent de celles équipées des dernières technologies. Une différence qui permet de sortir du lot et d’attirer l’oeil des designers. Ceux de Nina Ricci dans un premier temps puis de toutes les marques de Luxe. C’est d’ailleurs surtout après que Chanel a passé sa première commande en 2008 que les autres marques ont suivi.
A noter cependant que les clients directs de Sato Seni restes majoritairement japonais : Itochu Corporation, Nippon Steel & Sumikin Bussan Corporation, Mitsubishi Corporation Fashion, Mitsui Bussan I-Fashion…

Sato Seni innove et sera ainsi parmi les premiers filateurs à développer un fil de mohair très fin (environ 23 micron, ce qui est très fin pour du mohair). Celui-ci sera utilisé pour tricoter un cardigan Nina Ricci qui sera porté par Michelle Obama.

Cardigan similaire en lin de la marque 991

Cardigan similaire en lin de la marque 991

Le cardigan Nina Ricci en mohair portée par Michelle Obama

Le cardigan Nina Ricci en mohair portée par Michelle Obama

L’entreprise (le groupe - restaurant compris) comprend environ 200 employés et génère environ 16 millions d’euros de CA.

Article datant de 2015 - Lien en cliquant sur l’image

Article datant de 2015 - Lien en cliquant sur l’image

Traduction brute Google - du Japonais au Français - d’un article écrit sur le site de Sato Seni. Il évoque les difficultés qu’on pu rencontrer dans un premier temps les usines de production de maille avec les fils Sato Seni. Des fils particuliers et qui peuvent dérouter les techniciens qui doivent les utiliser sur les machines à tricoter.

"En effet, lorsque vous vous rendez en Europe pour vendre des fils, vous êtes généralement une "marque". Sato Seni vend des fils spéciaux à un certain nombre de grandes marques, telles que les Maison de Luxe, qui sont présentées à Paris. De manière générale, aller en Europe pour la vente de fils, c'est proposer des fils aux tricoteurs qui travaillent dans de telles "Maisons". Dans les grandes maisons, il y a des designers dédiés pour chaque article, comme la maille , les sacs et les chaussures. […]

Faisons une proposition au créateur de la Maison de Luxe, et félicitations, disons que le "fil" de Sato Seni a été sélectionné. Si c'est le cas, la prochaine étape est de savoir ce que fera le chef de produit maille de cette marque. 

“Tricotez mon pull en utilisant ce fil en Sato."

Le fil Sato Seni est parfois fabriqué de façon très spéciale.  C'est la raison pour laquelle les plus grandes maisons du monde utilisent des fils Sato Seni.m Mais si les usines responsables de la fabrication de la marque ne comprennent pas ce "fil", des problèmes peuvent survenir.[….]

"Je ne peux pas tricoter avec un tel fil, c'est un fil défectueux, Mamma Meer!"

Ce n'est pas permis. Si vous laissez l'artisan italien de maille dire : "Mamma Meer!" Si une usine a une mauvaise impression du "fil Sato, elle peut même se propager aux marques. Il est triste de ne pas pouvoir utiliser confortablement le "fil" que vous avez acheté. […]

Voici pourquoi nous visitons des usines.

Ceci est un bref reportage du "Knit Factory Tour en Italie et à Monaco" où le président s'est rendu.”

Fil Sato Seni : on y distingue une texture particulière - Yarn Magma

Fil Sato Seni : on y distingue une texture particulière - Yarn Magma

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Fils Sato Seni : on y distingue une texture particulière, un fil “boutonné”

Fils Sato Seni : on y distingue une texture particulière, un fil “boutonné”

When new machines are developed for our industry, the aim is on efficiency and lowering costs, rather than improving the quality and craftsmanship
— Masaki Sato, Hihlighting Japan, 2012
Companies that fail are those with people who keep saying they can’t do this and can’t do that,” Mr Sato adds. “Companies that succeed are those that persist in figuring out how to do what they want to do. What is important is for the manager to have that approach.”
— Masaki Sato, Financial Time, 2013

La visite de l’usine Sato Seni est très bien décrite dans ces 3 articles : ici.

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What’s interesting is that when you know about the material or the machinery, you get a lot of ideas. Ideas where your inspirations are not based on the final product, but the materials that you start with. If you have knowledge about the features and properties of the materials, it allows you to think about what kind of work you may be able to create with it.” He said that many designers in the world create their product ”thinking from the material
— Masaki Sato, Nihonmono
When I visited a global fiber exhibition “Pitti Filati”, I also visited silk-raising farmers and factory. This experience was a turning point in my life. I witnessed the farmers’ unusual pride in their job and products and saw many interesting fiber that I had not seen before. They all said proudly, “We are producing a basis for world fashion here.” It was really a shocking experience for me because I manufactured fiber simply as apparel manufacturers requested. I asked myself, “What have I been doing?” In their factories, they used the same spinning machines as I used, but they modified their machines in various ways to manufacture their own fiber. I thought that if they could do it, I also could do it.
— Masaki Sato

Masaki Sato - Chevelure péroxydée et t-shirt Margiela Vous pouvez le suivre sur Instagram : boxermasa

Masaki Sato - Chevelure péroxydée et t-shirt Margiela
Vous pouvez le suivre sur Instagram : boxermasa

A Paris pour le Tranoî -Arrêt sur le marché de la Bastille

A Paris pour le Tranoî -Arrêt sur le marché de la Bastille

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BOIS DE BOULOGNE, FUGA Masaki, Clothoir, Fuga Fuga, M.&Kyoko

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Le point commun entre Bois de Boulogne, FUGA Masaki, Clothoir, Fuga Fuga, M.&Kyoko : il s’agit des marques femme de Sato Seni.

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Mais c’est une autre marque du groupe qui a attiré notre attention : Tetricot.
Tetricot
est un mot qui est une contraction du mot “mains” en japonais ( te ) et tricot en français ( tricot );

Elle a été créée pour venir en aide aux femmes de la côte de Sanriku à la suite du tremblement de terre de 2011.
Tous les produits sont tricotés à la main.

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Tricotage avec des bâtons en bambou - le plastique ne glisse pas aussi bien

Tricotage avec des bâtons en bambou - le plastique ne glisse pas aussi bien

Des sacs ont même été récemment lancés

Des sacs ont même été récemment lancés

Ici Masaki Sato en pleine discution - Lien vers l’article originel en cliquant sur la photo

Ici Masaki Sato en pleine discution - Lien vers l’article originel en cliquant sur la photo

 

GEA : la boutique multimarque de Sato Seni

GEA est le magasin multimarque de Sato Seni. Il est à la fois en ligne et dispose d’une boutique physique à proximité de l’usine à Yamagata.
En plus des marques en propres de Sato Seni (991, Fuga Fuga…) de très belles marques internationales sont distribuées.
Pour la partie menswear, on peut citer : Margiela, Comoli, Canada Goose, Acne, Auralee…

Le display de GEA fait la part belle à ce qui a fait le succès de Sato Seni : ses machines vintages

Le display de GEA fait la part belle à ce qui a fait le succès de Sato Seni : ses machines vintages

La liste de toutes les marques homme vendues sur GEA

La liste de toutes les marques homme vendues sur GEA

991 : la marque Homme de Sato Seni

991 est la marque homme de Sato Seni. Crée en 2015, elle a été pour la première fois été présentée au Pitti Uomo en 2016. Elle est fabriquée à partir des machines Shima Seiki de l’entreprises, et notamment les tous derniers modèles qui permettent de tricoter en wholegarment, c’est-à-dire sans coutures.
On retrouve donc essentiellement des vêtements en maille, du pantalon au t-shirt en passant par les vestes ou même les grosses pièces d’extérieur (comme le duffle coat ci-dessous). Les matières sont évidement tricotées à partir des fils Sato Seni. A chaque ligne de vêtements est associé un fil spécifique de la filature.

Sur le long terme Masaki Sato souhaite créer des produits uniques en partant de fils innovants. L’idée est de construire une marque forte et d’ouvrir des boutiques à l’international, dont en Europe.

En attendant, 991 est majoritairement distribuée au Japon (Beams, United Arrows…) et sporadiquement aux USA (Barneys…)

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Zoom sur la texture du lin

Zoom sur la texture du lin

100% Lin

100% Lin

Les revendeurs de 991

Les revendeurs de 991

Un cardigan/veste en point milano

Un cardigan/veste en point milano

Différentes matières : 100% laine vs mélanges Laine/lin

Différentes matières : 100% laine vs mélanges Laine/lin

Blazer/cardigan en maille - fil en laine/lin Auberfine (très célèbre dans leurs gammes)

Blazer/cardigan en maille - fil en laine/lin Auberfine (très célèbre dans leurs gammes)

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Pantalon en maille 100% laine

Pantalon en maille 100% laine

Duffle Coat en maille

Duffle Coat en maille

T-shirt en laine mérinos

T-shirt en laine mérinos

Cardigan en Baby Camel

Cardigan en Baby Camel

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Gants produits sur les machines Shima Seiki WholeGarment

Gants produits sur les machines Shima Seiki WholeGarment

On doit quand même dire qu’on est pas très fan du logo en métal - mais ça reste un détail

On doit quand même dire qu’on est pas très fan du logo en métal - mais ça reste un détail

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Dernier point : l’entreprise possède également un restaurant à proximité de son usine.
Au menu : des bons produits italiens.

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HARRIS TWEED - Un tissu fabriqué à domicile aussi technique que le Gore-Tex

 
 


[Article non sponsorisé]

On vous recommande (chaudement) le visionnage de ce reportage sur le légendaire Harris Tweed.

Ce qu’on a retenu en quelques mots :

  • Il y a 3 entreprises qui gèrent la production et la distribution de Harris Tweed en Ecosse : Harris Tweed Scotland, The Carloway Mill et Harris Tweed Hebrides

  • 70% du Harris Tweed est produit par le Harris Tweed Hebrides - elle rassemble plus de 150 tisserands

  • The Carloway Mill est la plus petite des 3 entreprises de production de Harris Tweed

  • Un tisserand produit en moyenne 20 mètres de Tweed par jour

  • Le tisserand est rémunéré en moyenne 200€ pour 70 M de tissu (environ 15 heures de tissage)

  • Le Harris Tweed respecte certaines conditions : fabriqué uniquement à partir de laine vierge, teint et filé dans les îles Hébrides extérieur, et doit être tissé à domicile !

  • Le Tweed est presque aussi technique que le Gore-Tex : les graisses de la laine rend le Tweed déperlant tout en restant relativement respirant

  • Le Harris Tweed bénéficie d’une appellation protégée depuis 1910

  • Les tisserands travaillent sur des métiers à tisser à pédales (de la marque HATTERSLEY LOOM par exemple - peut coûter plus de 25000€)

  • Fabriqué initialement à partir de laines rêches des moutons à tête noir (Scottish Blackface) - le Harris Tweed est à présent principalement fabriqué à partir de la laine des moutons Cheviot (laine plus douce)

  • Mark Hogarth est le directeur artistique de Harris Tweed Hebrides

  • Le tisserand le plus respecté des Hébrides : Donald John MacKay (qui a son article dédié dans le Financial Time)

Lieux intéressants mentionnés :

  • La boutique Harris Tweed Stornoway de Ronnie McKenzie

  • Stewart Christie & Co Ltd : une des plus ancienne maison de couture d’Edimbourg - veille de plus de 300 ans (!). Il y est possible de se faire confectionner un costume sur-mesure dans les règles de l’art. (i.e avec entoilage intégral)

Attention, vous n’avez plus que quelques semaines pour le visionner.

Exemples d’utilisations dans le Prêt-à-Porter :

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Mac A.P.C en Harris Tweed - Image Norse Store

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Vous noterez que la parmenture se prolonge au niveau de la poche intérieur - un bon signe sur le soin apporté à la de confection de la pièce

Vous noterez que la parmenture se prolonge au niveau de la poche intérieur - un bon signe sur le soin apporté à la de confection de la pièce

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Veste en Harris Tweed Aspesi - Saison AH19P

Veste en Harris Tweed Aspesi - Saison AH19P

Photos issues du très bon site Norse Store - que l’on vous conseille au passage

Photos issues du très bon site Norse Store - que l’on vous conseille au passage

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Polo Coat féminin

Polo Coat féminin

Surchemise

Surchemise

Bomber en Harris Tweed

Bomber en Harris Tweed

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Une M43

Une M43

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Sac JW Anderson

Sac JW Anderson

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Collaboration Union Made Goods (qui a malheureusement fermé depuis) x Crescent Down Works

Collaboration Union Made Goods (qui a malheureusement fermé depuis) x Crescent Down Works

Même ASOS utilise du Harris Tweed pour certaines de ses pièces

Même ASOS utilise du Harris Tweed pour certaines de ses pièces

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Toasties - Semelles en laine

 
 

[Article non sponsorisé]

Vous avez souvent froid aux pieds ? Pourquoi ne pas essayer ces semelles en peau lainée de chez Toasties ?

On a pas encore pu les essayer, mais pour les avoir vu en vrai, elles nous semble de bonne facture. Réalisée avec une semelle en liège, il suffit théoriquement de découper le bout de la semelle suivant les pointillés pour obtenir votre taille. Un jeu d’enfant !
Côté fabrication, il s’agit de peau véritables et de vrai liège. Le tout est assemblé au Portugal.

Un concept qu’on aime beaucoup !


www.toasties-paris.com

 

Surchemises - C'est la panancée cette année

 
 

[Article non sponsorisé]
On en avait déjà un parlé dans cet article. On en voit partout. Chaque marque sort son modèle. On a décidé de regrouper les modèles les plus emblématiques. Et aussi un peu nos modèles préférés.

 

GUIDE ULTIME DES SURCHEMISES

 

ASPESI

Une des marques qui excelle dans la production de sur-chemise est sans aucun doute Aspesi. Cette marque spécialisée dans le chemiserie depuis ses débuts, continue de renouveler ce basique en jouant sur les matières ou les doublures (synthétique, laine, duvet...).

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Aspesi_Alvaro-6599.jpg

 

Disponible ici.
Prix : 250-350€ selon les boutiques

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Disponible ici

Pour terminer, une collaboration entre Aspesi et MrPorter. Celle-ci est en Harris Tweed. Malheursement celle-ci est out of stock.

aspesi mrporter

 

INIS MEAIN

Inis Meain est plus connue pour ses pulls marins que pour ses chemises. Mais on doit avouer que celle-ci est vraiment réussi. Le mélange des matières donne un très beau rendu.

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Disponible ici.
Prix : 245€

 

G INGLESE

G.Inglese est surtout connu pour ses chemises formelles fabriquées à la main dans les Pouilles, en Italie du Sud. Mais ce modèle en laine de la maison Bottoli peut facilement se porter avec un jean et des sneaker.  

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sur chemise g inglese

Disponible ici
Prix : 390€

NORSE PROJECT

Norse Project est une marque Danoise qui fabrique de bons basiques et à des prix relativement accessibles. On vous l'accord, cette pièce ressemble plus à une veste qu'à une chemise. Mais peu importe. Le tissu en nylon vous apportera une bonne proctection contre la pluie. Elle est également doublée avec un tissu ripstop et un isolant en ouate Primaloft. Petit détail qui est un très bon signe : les zip viennent de chez Riri, le top de la fermeture éclair.

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Disponible ici

MAHARISHI

Une marque que l'on a vraiment découvert grâce au blog Bonne Gueule. Celle-ci est notamment connue pour son travail sur le camouflage.

Disponibles ici

 

ARCTERYX VEILANCE

Marque canadienne spécialisée dans les vêtements outdoor (randonnée, montagne...). Elle a par ailleurs déclinée une offre haut de gamme citadine très tournée vers les matériaux techniques les plus isolants et les plus légers.

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Disponibles ici et ici

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Disponible ici

Zoom sur une doublure en Polartech d'une veste de cyclisme Rapha - le même type de matière qui est utilisée par Arcteryx Veilance

Zoom sur une doublure en Polartech d'une veste de cyclisme Rapha - le même type de matière qui est utilisée par Arcteryx Veilance

 

OUR LEGACY

Les sur-chemises en cuir suédé : un de leur classique que vous serez sûr de retrouver année après année.

Disponibles ici , ici et ici.

APC

Pour ceux qui recherchent des surchemises épaisses laine, A.P.C en propose quelques modèles par an.

Disponibles ici

 

PRIVATE WHITE VC

Sur-chemises en coton déperlant. Vraiment parfaites pour l'été. Idem pour leur version hiver en laine.

Disponibles ici.

DRAKE'S LONDON

 Sur-chemises en coton.

Disponibles ici.

FILSON

Sur-chemises en coton wax ou en laine vierge épaisse.

Visibles ici.

VETEMENT

Petite extravagance pour terminer avec cette chemise de la marque vêtement du fondateur Demna Gvasalia. Un modèle est finalement assez "portable", hormis le fait qu'il soit quelque peu oversize en réalité. (ce qu'on ne distingue pas forcément sur la photo)

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Disponible ici 
Prix : 2380€

Crescent Down Works

Last but not least, CrescentDownWorks est une marque spécialisée dans les vêtement doublés en duvet. Malheursement elles sont difficiles à trouver en France. Même via Internet.

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Interview de Romain Biette, fondateur d'Ardentes Clipei

 

Cette semaine on est allé à la rencontre de Romain Biette,
un jeune tailleur français qui a fondé sa propre entreprise à Paris.

Romain biette ardentes clipei

Bonjour Romain, peux-tu te présenter en une phrase ?

Romain Biette, 26 ans, tailleur et fondateur d’Ardentes Clipei.

Quel est ton parcours ? Ta formation ?

Je suis né à et j’ai grandi à Paris. Un pur produit de l’ouest parisien. Tous les parisiens te le diront : chaque rive, chaque quartier a un peu ses particularités. Ce qui fait que j’ai grandi dans un environnement où il n’était pas anormal que les gens soient en costume. Par exemple mon père, qui est avocat, l'est très souvent. Il n’est pas spécialement passionné par le vêtement mais il a une élégance assez brute, assez naturelle. C’est quelque chose que j’ai su apprécier assez tôt et qui m’a donné envie de porter de le porter. J’étais également dans un lycée disons un peu sévère où l’on m’avait imposé de le porter. C’était ma vraie première expérience, j'avais 14 ans.

A partir de 15 ans, j'ai commencé à bosser l’été. Je dépensais tout dans les fringues. Je me souviens que j’avais fait la bêtise d’acheter des chaussures chez Gucci. C’était en 2006, après Tom Ford. Leur collection était très stylée…Je possède d’ailleurs encore un manteau. Mais les chaussures je les ai jetées. Je me suis dit c’est bizarre, on m’avait vendu la qualité mais ce n’est pas ça la qualité. Qu’est ce qu’il y a au-dessus ? Si ce n’est pas l’industrie du luxe, qu’est ce que c’est ? J'ai d'ailleurs compris à ce moment là que c'était plus devenu une industrie que du luxe. Ce n'est que plus tard que je découvrirais l'artisanat, via des blogs comme Parisian Gentleman (PG). Je ne me suis jamais réellement plongé dans Bonne Gueule ou dans les forums, je suis clairement un produit de PG, qui m'a ouvert les yeux concernant la grande mesure. Avant pour moi le plus beau costume du monde, c'était un Ralph Lauren Purple Label ! 

romain biette chaussure ardentes clipei paris

Et c’est aussi à cette époque que j’ai vu le trailer de O’mast. Je me suis dit mais « qu’est ce que c’est que ce truc de malade. » J'ai du le voir 500 fois. Ça m’a donné envie d’aller à Naples et à Hong Kong (d'où viennent les producteurs du documentaire, les fameux Mark Cho et Alan See de The Armoury). Et j’y suis allé ! A Hong Kong, j’ai vraiment senti quelque chose que l’on ne retrouve pas en France…Il n'y pas autant de barrières, tout va beaucoup plus vite, c'est le paradis des entrepreneurs ! A mon retour, je me suis donc dit « c’est bon j’arrête mes études de droit ». Et c’est comme ça que j’ai suivi la formation de l’AFT pour devenir tailleur. Elle a durée 2 ans. C’est la dernière formation de tailleur en France, créée en 2005 par le maitre tailleur et président de la fédération des maitres tailleurs de France André Guilson. Un peu tout seul il faut dire, car l'Etat s'est totalement désintéressé de la transmission du métier aux générations futures. 

 

 
Je me souviens que j’avais fait la bêtise d’acheter des chaussures chez Gucci. C’était en 2006, après Tom Ford. Leur collection était très stylée…Je possède d’ailleurs encore un manteau. Mais les chaussures, je les ai jetées.
— Romain Biette
romain biette tailleur costume ardentes clipei paris

Au début ça a été dur car tu vois qu'en réalité les choses sont loin de ce qui est écrit dans les blogs… La grande mesure a beaucoup souffert en cette seconde moitié du XXème siècle. 40 000 tailleurs il y a 50 ans et moins de 1000 établis aujourd’hui. Ils se sont pris l'industrialisation dans la figure, l'abandon progressif du costume et de toute forme de formalité, la hausse du coût du travail, les délocalisations, les changements d'habitude de consommation... Et puis après 68 et l'idée du bac pour tous, les métiers manuel c'était mal vu ! La génération de nos parents manque donc à l'appel, aujourd'hui en tailleur tu ne trouveras que des gens de 70 ans ou de 25. 

 
[...] j’ai vu le trailer de O’mast. Je me suis dit mais qu’est ce que c’est que ce truc de malade. J’ai du le voir 500 fois.
— Romain Biette
romain biette tailleur costume ardentes clipei paris
romain biette tailleur costume ardentes clipei paris
romain biette tailleur costume ardentes clipei paris

 

Travailles-tu tout seul ?

Oui. Je suis associé pour la grande mesure avec le maitre tailleur Didier Groult installé à Rouen sous le nom André Marcel Tailleur. Nous travaillons à quatre mains sur mes clients, même si lui est plus là pour apporter l'expérience nécessaire pour avoir un tombé parfait que pour faire le vêtement en lui même. L'objectif est que ce soit mon travail, avec ma patte personnelle ! J'aimerais reprendre à terme son atelier et garder la production de la grande mesure en Normandie. Je pense que la vie est beaucoup plus agréable avec une petite maison et un coin de verdure où se vider la tête le soir plutôt que de vivre dans une barre en banlieue parisienne ! L'artisanat est avant tout un projet humain, et je pense que tout le monde doit être gagnant : le client, le tailleur, le personnel. Sinon tout ça n'a pas de sens. 

Qu’est ce qui fait ta marque de fabrique ?

Je suis un concentré des trois grandes écoles sartoriales: 

  • Italienne pour l'importance de la ligne, des couleurs chaudes, des motifs, une structure légère qui permet à la personne d'être aussi à l'aise en costume qu'en t-shirt et jean !

  • Anglaise, principalement pour les tissus, que je trouve plus solides de manière générale. Je suis un très grand fan de tweed et de Donegal

  • Française parce que j'ai appris à me soucier de tout dans les moindres détails... Un costume français réussi, c'est avant tout une couture droite, un point fin et régulier, un repassage impeccable.

Un rappel sur la provenance du nom de ta marque ?

Je me sens français avant tout, mais ce qui vient après est le fait que je me sente européen. De plus je fabrique tout en Europe: tissus anglais et italien, demi mesure fabriquée en Italie ou en Pologne, ou encore la grande mesure qui est fabriquée en France. J'ai donc voulu utiliser la langue européenne: le Latin. Ardentes Clipei signifie "boucliers étincelants" et renvoi à l'idée que le costume est une protection, pensé de telle manière qu'il vous rend plus beau et plus fort !

De quoi est composée ton offre ?

Je propose aujourd'hui trois niveaux de fabrication: une demi-mesure polonaise, une demi-mesure italienne, et de la grande mesure française. 

Plein de détails se retrouveront quelque soit l'offre, comme la milanaise par exemple (boutonnière réalisée à la main sur le revers). 

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Ma principale source d'inspiration est la beauté. Après pour parler de sources plus directes, j'aime particulièrement  le Cinéma, la Photographie et l'Architecture. 

romain biette tailleur costume ardentes clipei paris gants pecari
 

Tes modèles en matière d'élégance ?

Dans ceux qui ne sont plus de ce monde, Jean Gabin, Lino Ventura, Yves Montand. Sinon Alain Delon qui combine la beauté, le style et l'élégance ou Ralph Lauren parce qu'il est un modèle de réussite. Sinon dans le métier et plus jeunes, j'aime beaucoup les tailleurs Andrea Luparelli et Mariej Zaremba ! 

 

Je vais te poser la même question que j’ai posée à Maxime Toren : le sur-mesure (grande mesure j’entends) est-il vraiment le Saint Graal ?

La difficulté c’était : qu’est ce qui fait l’intérêt de la grande mesure ? Hugo Jacomet à répondu : patronage unique.  Ça c’est le postulat de Parisian Gentleman, que je respecte. Mais je ne suis pas totalement d'accord, car beaucoup de tailleurs utilisent des gabarits pour aller plus vite, et tu en as même qui vont jusqu'à altérer un patronage standard, comme en demi mesure! Pour moi la différence se fait plus sur le fait que la demi mesure, il y a la prise de mesures, avec la fabrication d'un costume qui arrivera fini selon les mesures prises. Quand le client est simple à habiller et que le preneur de mesures est bon, ça tombera parfaitement, sinon il y aura quelques petites retouches à faire. La grande mesure, c'est une prise de mesure, un premier essayage qui permet de prendre en compte plein de détails physiques directement sur le col (on pourra ainsi enlever facilement un pli nuque, ouvrir une emmanchure parce que le client a les épaules un peu en avant etc...), un second essayage avec le col et les manches bâties, ce qui permet de pouvoir régler au millimètre ces deux parties du costume qui sont les plus complexes à altérer le costume fini. Tout ça pour arriver à la fin à un vêtement qui tombera comme une seconde peau... Et puis il y a l'expérience, qui est unique ! 

En conclusion, la grande mesure est comme un grand restaurant ou une voiture de collection, il est malheureusement réservé à peu de personnes mais c'est un moment d'existence privilégié qui vaut largement l'argent qu'il coûte ! Chez moi à partir de 4000€ pour 70 heures de travail. 

 

Un détail que tu apprécies ?

Une belle manche, c'est la chose la plus complexe à réaliser et c'est réellement comme ça que je détermine si un costume est réussi ou non ! 

Plus jeune, je ne jurais que par l'épaule napolitaine, car j'étais totalement hypnotisé par le style italien qui se reconnait à 100 m. J'ai mis beaucoup plus longtemps à comprendre ce qui faisait la richesse du style français: une belle épaule, avec juste ce qu'il faut de cigarette, pas un pli, et une manche qui tombe parfaitement, c'est magnifique !! Et c'est deux fois plus complexe à réaliser qu'une épaule napolitaine, où la fronce (qui laisse apparaître quelques plis) est considérée comme un style alors qu'en France, elle est considérée comme une imperfection. 

J’ai vu que tu as rencontré Nicolas Radano et Maximilian Mogg. Pourrais-tu nous dire quelques mots à ce sujet ? Est-ce que des collaborations sont à prévoir ?

J’ai fait deux trunkshows chez Maximilian Mogg à Berlin. L’objectif est recevoir également des trunkshows et des events dans mon atelier parisien afin de promouvoir des gens dont j’apprécie le travail. Comme par exemple Guillaume Lancelot qui fait de la maroquinerie haut de gamme.

Pour finir, un livre ou un restaurant à nous conseiller ?

Bel Ami de Maupassant. Ce que j’aime c’est la détermination du personnage, cette capacité à dépasser son milieu social et à se faire une place de choix au sein de la société. Et puis Maupassant décrit à merveille la fin du XIXème siècle qui est une période qui me passionne !

romain biette tailleur costume ardentes clipei paris
romain biette tailleur costume ardentes clipei paris

Merci à Romain d'avoir pris le temps de répondre à nos questions.

 

De l'intérêt des surchemises

 

Beaucoup de choses on été écrites sur les chemises. Elles suscitent un réel engouement. Mais les sur-chemises sont tout aussi intéressantes.
Plutôt que de faire un long article, je me suis dit qu'il serait cette fois-ci plus parlant de vous montrer des exemples. Pour toutes les saisons. Car elles remplacent facilement une veste ou un blouson. Et c'est bien ce qui fait leur intérêt.